RUFISQUE – Meurtre de Serigne Fallou Diop : Pas de signe d’extrême violence sur le corps de l’enfant

«Absence de signe extrême de violence, absence de fracture. Les viscères sont marqués par la décomposition ; ce qui rend non fiable la description des lésions.» C’est ce qu’a dressé hier un médecin expert en anatomie à l’Hôpital général de Grand-Yoff. «Au total, la cause directe du décès n’est pas objective», a conclu l’expert dans son analyse sur le corps du petit garçon retrouvé, selon ses termes, « dévêtu, en état de décomposition partielle avec rupture complète des phlyctènes cutanées». Un certificat transmis à la police qui va tenter à partir de ces éléments de mettre la main sur les auteurs de cet acte lâche. Le gouvernement du Sénégal a d’ailleurs incité dans cette voie. Le ministre de la Pêche Omar Guèye, venu apporter son réconfort mardi à la famille Diop, a témoigné la volonté du président de la République en ce sens. «Je suis venu rencontrer la famille pour partager la peine(…) Le chef de l’Etat a donné des instructions sur tout ce qui doit être fait afin que celui ou ceux qui ont commis cet acte ignoble soient punis. Nous sommes à côté de la famille pour leur apporter toutes les assurances pour que l’affaire soit élucidée. Le gouvernement prendra toutes ses responsabilités afin que ce phénomène contraire à nos valeurs soit banni», a fait savoir M. Guèye, précédé hier soir du ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, à la maison mortuaire. Le ministre de la Pêche n’a pas manqué d’exhorter les populations à une implication active pour une meilleure gestion de la sécurité publique. «Lorsque nous étions encore jeunes, notre chef de village nous demandait de signaler la présence de tout étranger. Il est temps de restaurer ces valeurs du fait que l’Etat ne peut pas mettre à côté de chaque sénégalais un policier ou un gendarme. Cela est impossible. C’est pourquoi je demande aux différents quartiers de s’organiser pour accompagner le gouvernement dans cette lutte contre l’insécurité», a-t-il théorisé en ce sens devant les nombreuses personnes venues témoigner de leur compassion à la famille du petit Serigne Fallou Diop.
Porté disparu le 15 mars et depuis lors activement recherché par sa famille et tous les habitants du quartier Gouye Mouride (Rufisque Est) qui espéraient retrouver le jumeau, le petit garçon, né le 26 septembre 2015, a été retrouvé mort lundi (avant-hier) dans la matinée dans le périmètre maraîcher de Lendeng jouxtant le quartier Gouye Mouride. «Serigne Fallou c’est mon Serigne Fallou. La jumelle a été laissée sur place par le ou les ravisseurs le jour de l’enlèvement. Qu’on me rende mon marabout Serigne Fallou», avait supplié vendredi Khady Ndiaye dans un appel de détresse émis depuis le siège des journalistes de Rufisque. Cet appel, suivi d’une solidarité agissante qui s’est prolongée sur la toile, n’a hélas rien pu faire pour retrouver le garçon sain et sauf. «Merci à tout le monde pour vos prières. Serigne Fallou s’en est allé, il a été retrouvé mort et mis dans un sachet dans les jardins à Gouye Mouride», a annoncé Ibrahima Diop, un proche de la famille. «C’est Serigne Fallou qui me l’avait donné, je le laisse entre ses mains», a juste noté Badou Diop, le quadragénaire de père résigné de la triste fin réservée à son petit Fallou qui a finalement été inhumé mardi dans l’après-midi au cimetière musulman de Thiawlène. Moins d’un mois plus tôt, un autre petit garçon, portant aussi ce prénom, disparaissait dans des conditions plus horribles à Touba. Il s’agit de Fallou Bâ, âgé de sept ans. Hasard ou exécution à dessein, la police est attendue pour percer le mystère et plus encore pour mettre fin à ce phénomène qui plonge le pays dans une terrible psychose.
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