La tension sociale et économique qui secoue le pays, avec la série de grèves notées dans plusieurs secteurs de la vie nationale, est la source de colère du Khalife général de Ndiassane. Recevant, ce mardi, une délégation du mouvement «J’aime le Sénégal» (Jas), dans le cadre de ses activités de sensibilisation des guides religieux sur la situation sociale du pays, Mame Bouh Mamadou Kounta demande à l’Etat d’assumer ses responsabilités. Par

Le Khalife général de Ndiassane est irrité par la tension sociale et économique qui sévit dans ce pays. En recevant chez lui une délégation du mouvement «J’aime le Sénégal» (Jas), Mame Bouh Mamadou Kounta a invité l’Etat à assumer «pleinement les responsabilités qui lui sont offertes au nom du Peuple, au lieu d’utiliser la force du pouvoir pour faire ce qu’il veut». Le guide religieux se veut clair : «Seul le pouvoir de Dieu est éternel, tous les autres sont éphémères et tout le monde doit s’approprier cette vérité absolue pour bien regarder les actes qu’il pose.» Et selon le Khalife de la famille Kountiyou, l’un des actes urgents que l’Etat doit poser, c’est de décrisper l’espace scolaire. Car, à son avis, «pour qu’un pays soit émergent, il faut d’abord et avant tout une éducation de bonne qualité». Ainsi et de demander «les différentes parties à mettre en avant les intérêts du Peuple sénégalais». A l’Etat, particulièrement, le marabout lui demandera d’ «assumer ses responsabilités afin de permettre au système éducatif de continuer à fonctionner». Ceci en «assurant l’essentiel afin de créer de très bonnes conditions d’études». Aux syndicats d’enseignants et aux élèves, le religieux a sollicité «de reprendre le chemin des classes». S’agissant de la crise économique, avec notamment les paysans qui peinent toujours à vendre leur arachide, le Khalife général de Ndiassane, Mame Bouh Mamadou Kounta, s’offusque : «L’Etat doit prendre ses responsabilités par rapport à ce problème.» Car à son avis, «chaque fois que le gouvernement a besoin des agriculteurs, ces derniers se sont mobilisés pour le satisfaire». Pour dire, selon lui, «il faut régler ce problème de manière urgente pour leur permettre d’écouler leurs productions. Parce que ce sont des pères de famille qui ont des charges et qui doivent bénéficier des retombées de leur travail après des mois de sacrifice». Et de s’étrangler : «C’est inadmissible qu’un ministre croise les bras sous la climatisation, profitant des plaisirs du pouvoir, devant les problèmes des Sénégalais.»
Au-delà, le guide de la communauté khadriya a salué le rôle des guides religieux au Sénégal, qui s’impliquent toujours pour régler les problèmes sociaux du pays. Et, selon lui, c’est un atout que le Sénégal doit préserver. Toutes raisons qui motivent son espoir de voir ces problèmes résolus pour que la paix règne au Sénégal. Pour sa part, le président du mouvement «J’aime le Sénégal» (Jas), Moulaye Camara, revenant sur sa visite à Ndiassane qui s’inscrit dans le cadre d’une tournée pour sensibiliser les guides religieux sur la situation sociale du pays, indique : «Il était nécessaire de s’entretenir avec le guide religieux sur cette situation chaotique à quelques mois des élections.» Car, selon lui, «le front social est en forte ébullition avec une menace qui pèse sur l’année scolaire tandis que les paysans arrivent difficilement à vendre leurs récoltes. De même que les jeunes qui ne trouvent pas de l’emploi». Et de renseigner : «Pas moins de 55 mille jeunes ont versé dans l’auto emploi à travers les motos Jakarta. Lesquels jeunes se sentent marginalisés aujourd’hui.» Il termine par saluer «les fortes recommandations du khalife de Ndias­sane  sur la crise scolaire» qui, selon le président du Jas, Moulaye Camara, «sont très importantes».
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