Interrogé sur TF1, l’ex-président de la République, mis en examen mercredi, a déclaré qu’il «n’y avait aucun nouvel élément» contre lui.
Devant les juges, il s’est déjà défendu, invoquant l’absence de «preuve matérielle» et affirmant vivre «l’enfer de la calomnie», mais hier soir, Nicolas Sarkozy va prendre la parole devant les Français. L’ancien chef de l’Etat est l’invité du Journal de 20 heures de TF1. Mercredi dans la soirée, après presque deux jours de garde à vue, il a été mis en examen pour «corruption passive», «financement illégal de campagne électorale» et «recel de fonds publics libyens». D’après son contrôle judiciaire, Nicolas Sarkozy n’a pas le droit de se rendre dans quatre pays, dont la Libye, ni de rencontrer neuf protagonistes, dont deux très proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, a-t-on appris hier de source proche du dossier.
«Je veux dire la profondeur de mon indignation», a commencé Nicolas Sarkozy. «Je dois aux Français la vérité, je n’ai jamais trahi leur confiance», a-t-il déclaré. «Aucun élément nouveau n’a été produit [contre lui, Ndlr]», a expliqué l’ancien président de la République. «Je n’avais [jusqu’alors] connaissance d’aucun élément puisque je n’avais pas accès au dossier», a-t-il expliqué. Il a assuré avoir répondu aux questions des enquêteurs «sans être jamais à un moment en difficulté».
«Une bande d’assassins»
Nicolas Sarkozy s’en est pris à plusieurs reprises à Mediapart, au courant de sa garde à vue «un quart d’heure» après le début de celle-ci. «Quel est le candidat qui a jamais vu sa campagne et le financement mis au laser comme moi ?», a-t-il demandé. L’ancien chef de l’Etat a aussi visé Edwy Plenel et ses «amis peu recommandables», citant Tariq Ramadan.
«Il n’y a que la haine, la boue, la médiocrité, la calomnie», s’est emporté Nicolas Sarkozy, visiblement affecté, accusant «la bande Kadhafi, une bande d’assassins» de «[l’agonir] d’injures et de calomnies». Il est revenu sur les accusations d’ex-dignitaires du régime, qualifiés de «bande d’assassins et d’escrocs» : «Je pourfendrai cette bande, je défendrai mon honneur, je n’ai pas l’intention de céder un centimètre de terrain à cette bande.»
Sur Ziad Takieddine, l’ex-chef de l’Etat reconnaît l’avoir rencontré à deux reprises, confirmant nos informations : «Une fois en 2002 et une fois en 2003.» «Entre 2004 et aujourd’hui, je ne l’ai jamais revu», assure-t-il. Nicolas Sarkozy accuse l’homme d’affaires, un «malfaiteur», d’avoir menti à plusieurs reprises, et il se fait fort de produire les preuves qu’il faut.
«La politique, c’est fini ; mais la France, ça ne sera jamais fini», a déclaré Nicolas Sarkozy.
Dossier tentaculaire
Dans ce dossier tentaculaire, les magistrats du pôle financier s’intéressent à des flux financiers impliquant des protagonistes liés au régime de l’ancien dictateur, libyen Muammar Kadhafi. D’anciens dignitaires de Tripoli et l’intermédiaire franco-libanais, Ziad Takieddine, ont évoqué la thèse de versements au profit de la campagne de Nicolas Sarkozy. D’autres responsables de ce pays les ont démentis. L’ancien chef de l’Etat a toujours rejeté ces accusations.
Cette affaire n’est pas la seule dans laquelle Nicolas Sarkozy est mis en cause. Il a été renvoyé en correctionnelle en février 2017 par le même juge, Serge Tournaire, pour financement illégal de campagne électorale, mais cette fois pour la Présidentielle de 2012. Il a fait appel. Il est aussi menacé d’un procès dans l’affaire dite «des écoutes». Il est suspecté d’avoir tenté d’obtenir d’un magistrat à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, des informations le concernant couvertes par le secret.
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