L’enquête de la Police judiciaire confirme que le théologien est arrivé en fin de matinée à Lyon le 2 octobre 2009, contrairement à ce qu’il avait indiqué, accréditant ainsi le témoignage de «Christelle» qui l’accuse de l’avoir violée ce jour-là.
Tariq Ramadan, mis en examen et incarcéré pour deux viols depuis le début février et sous le coup de deux autres plaintes dont l’une aux Etats-Unis, vient de perdre un alibi déterminant. Menée par la 2e division de la Police judiciaire de Paris, l’enquête a confirmé, comme l’avait révélé Libération le 23 février, et contrairement à ce qu’il assurait, que le théologien suisse était bien arrivé en fin de matinée le 9 octobre 2009 à Lyon, accréditant le témoignage de «Christelle» qui l’accuse de l’avoir violée cet après-midi à l’hôtel Hilton. Interrogé à Lyon le 8 mars, Yassine Djemal, militant de l’Union des jeunes musulmans (Ujm), a confirmé, selon le Journal du Dimanche, être allé chercher Tariq Ramadan en fin de matinée à l’aéroport de Lyon, et l’avoir déposé un peu après midi à l’hôtel Hilton.
«Un élément technique est venu accréditer ce témoignage, explique à Libération Me Eric Morain, l’avocat de «Christelle». La compagnie British airways a fait savoir que Tariq Ramadan ne se trouvait pas à bord du vol arrivant à 18h 35 ce jour-là, contrairement à ce qu’il avait lui-même déclaré.» Pour Me Emmanuel Marsigny, l’avocat de Tariq Ramadan, «c’est un non sujet. Quand on interroge quelqu’un sur son agenda d’il y a neuf ans, il peut y avoir des oublis, a-t-il déclaré à l’Agence France-presse. Cela ne change rien au fait que cette femme («Christelle», Ndlr) raconte des choses invraisemblables sur le fond».
Depuis une dizaine de jours, la défense du théologien se fait nettement plus offensive depuis que Me Marsigny a pris le relais de son médiatique confrère Yassine Bouzrou. Celui-ci assurait la défense de Tariq Ramadan depuis le dépôt des deux premières plaintes fin octobre dernier. Yassine Bouzrou, selon des sources proches du dossier, aurait été victime d’une sorte de putsch mené par des personnalités influentes dans l’entourage du théologien, et très critiques (et de plus en plus publiquement) à l’égard de sa stratégie.
Dans l’attente d’une contre-expertise médicale pour déterminer si le théologien souffre bien d’une sclérose en plaques comme il l’affirme, l’affaire Ramadan a pris une forte tournure politique. Son comité de soutien clame que la justice française ne lui assure pas un traitement équitable, laissant entendre que le prédicateur musulman serait victime de ses prises de position passées.
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