Dans certaines questions sujettes à polémique, le régime de Macky Sall a été «très faible dans la communication». L’aveu est de Luc Sarr, qui précise cependant que le pouvoir n’a pas perdu la bataille de l’opinion. Le conseiller politique du chef de l’Etat est favorable par ailleurs à une baisse du nombre de parrainages pour les candidatures.

Que pensez de la déclaration faite lors du Grand Jury de la Rfm par le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, relative à l’ouverture du gouvernement à une baisse du nombre de parrainages demandé aux candidatures à la Présidentielle ?
Avec le parrainage, c’est la démocratie des signatures sur la démocratie censitaire. On s’est rendu compte qu’en augmentant la caution, on ne va pas rationaliser les candidatures. Le ministre de la Justice a développé un point de vue, une proposition mise sur la table. Le 1% du corps électoral réclamé dans le texte soumis à l’Assemblée nationale, n’est pas une décision mais un point de vue mis sur la table. En ce moment, il y a des correctifs qui sont en train d’être faits par les députés. Si on fait une proposition, c’est pour qu’elle soit discutée. Personnellement, je soutiens la position selon laquelle il faut 30 mille signatures en lieu et place des 65 mille.

Que pensez de la demande de la Société civile qui invite le gouvernement à retirer les projets de loi ?
La Société civile n’a pas dit que le principe du parrainage n’est pas juste. Elle a parlé en fonction de la situation de crise politique qui prévaut entre l’opposition et le pouvoir. Selon les membres de la Société civile, ce climat ne favorise pas un débat serein par rapport à cette question centrale. Donc, ce n’est pas une remise en cause du principe du parrainage mais le fait de le poser en ce moment. Bref, la Société civile ne s’est pas basée sur le contenu du projet. Je salue cette posture de la Société civile qui tente de raffermir les rapports entre le pouvoir et l’opposition. Cependant elle doit aller plus loin en rencontrant tous les acteurs. Le président de la République est ouvert au dialogue. Il n’est pas trop tard pour bien faire.

Khalifa Sall a été condamné à 5 ans de prison mais des responsables de l’actuel régime épinglés par des rapports ne sont toujours pas inquiétés. Est-ce qu’il n’est pas légitime de croire à la thèse de l’instrumentalisation de la justice ?
Khalifa Sall a utilisé de fausses factures que lui-même ne nie pas. Ce sont des faits graves et précis. Pourquoi on ne doit pas le traduire en justice ? Parce que c’est un opposant ou parce que d’autres personnalités du régime ne sont pas inquiétées. Ce n’est pas raisonnable. On parle beaucoup du rapport de l’Ofnac. Il faut juste souligner que l’Ofnac après enquête, doit établir un pré-rapport qu’il doit présenter aux présumés coupables. Ces deniers ont la charge de fournir les réponses appropriées. C’est le pré-rapport et les réponses des incriminés qui sont transmis à l’autorité, c’est-à-dire le président de la République. Cela n’a pas été fait. La parole de l’Ofnac n’a pas une valeur d’Evangile ou de Coran. Mais tout le monde crie sur le rapport de l’Ofnac. Et là, je dois dire que depuis 2012, nous avons péché dans la communication. On a été très faibles sur le plan de la communication dans certaines polémiques. L’opposition en a profité pour semer la confusion. Nous n’avons pas été à la hauteur pour expliquer certaines confusions. Il fallait mettre le décret qui organise l’Ofnac dans la presse. Les attaques injustement adressés à la justice viennent de politiciens qui estiment que le pouvoir ne doit jamais avoir raison sur l’opposition.

Est-ce que cette faiblesse de la communication peut vous faire perdre en 2019 ?
Nous avons perdu en grande partie la bataille de la communication mais pas la bataille de l’opinion. Je le dit parce que toutes les élections organisées depuis 2012 ont été gagnées par la coalition Benno bokk yaakaar. Malgré les campagnes de manipulation de l’opposition, les Sénégalais connaissent la vérité. C’est cela qui fera réélire le Président Sall en 2019.