L’accusé Saliou Ndiaye s’est inscrit en faux contre les accusations portées à son encontre. Cependant, il est profondément accablé par les messages découverts dans ses comptes et son ordinateur.

A l’instar des autres accusés, Saliou Ndiaye alias Baye Zale n’a pas reconnu les faits objets de sa comparution devant la Chambre criminelle. Pourtant, ce polygame, marié à 2 épouses et père de 3 enfants, ne saurait être exempt de tout reproche. En fait, l’exploitation de son ordinateur montre qu’il était en relation avec d’autres personnes comme Abdallah Babou dit Anas, Omar Diaby alias Omar Omsen. Mieux, il résulte de l’exploitation de ses comptes qu’il consulte fréquemment les sites de l’Etat islamique. Il a été aussi trouvé, selon le Parquet, ce message dans son compte Skype : «Salam Hakim ! Est-ce que le frère de Rosso vous a dit quelque chose à propos du travail que vous cherchiez. Je suis passé là-bas, on a discuté du marché mais il m’a dit qu’il y a des clients qui vont venir pour te rencontrer avec tous les autres clients de Richard Toll, de Kaolack et de Dakar.» D’après le procureur, ce message était relatif au projet de voyage pour la Syrie. Mais, l’accusé nie l’avoir écrit.
Toujours à propos du projet de voyage pour la Syrie, le parquetier, Aly Ciré Ndiaye, lui rappelle qu’un Sénégalais vivant en Arabie Saoudite et répondant au nom de Mohamed Diop devait venir au Sénégal avec de l’argent qui devait servir de frais aux candidats pour le voyage en Syrie. A en croire toujours Aly Ciré Ndiaye, quand Massoud lui a dit qu’il était en Syrie aux cotés des combattants, il lui a répondu : «Al hamdoulilah, on est fier de vous.» Et Massoud disait qu’il était là-bas et qu’il était dans le groupe où il y a de grosses machines. «Al hamdouillah, on ne manque de rien. Allah s’occupe de nous et on n’attend que vous», poursuivait-il, selon le procureur.
Mais, selon les propres déclarations du prévenu à la barre, ce dernier reconnaît avoir muri l’idée de voyager en Afghanistan. Et c’est le nommé Abdallah Babou, un boucher, qui avait promis de l’aider à réaliser ce rêve par voie terrestre. «Je voulais aller, en 2012, en Afghanistan pour poursuivre mes études coraniques et acquérir de l’expérience. On m’avait dit qu’on appliquait dans ce pays la Charia.» Et devant le juge d’instruction, Saliou Ndiaye a dit qu’il voulait se rendre en Afghanistan pour prêter main forte à des frères musulmans qui subissent des attaques, mais l’imam Ndao l’en a dissuadé.
Pour justifier son voyage en Syrie, Saliou Ndiaye rappelle qu’en 2013 avec l’éclatement de la guerre en Syrie, la Ligue arabe avait fait une déclaration pour demander aux musulmans d’apporter de l’aide à ce pays. Car ce qui s’y passait était inhumain. C’est ce qui a motivé, dit-il, son intention de se rendre dans ce pays non pour combattre, mais pour apporter de l’aide aux victimes. «Je n’avais pas l’intention d’aller combattre, mais je voulais les aider», a-t-il précisé à l’attention de la Chambre criminelle. Et c’est ainsi, poursuit-il, que le Franco-Sénégalais, Omar Diaby, a promis de l’aider en finançant son voyage et en assurant aussi son hébergement. Et à deux reprises, informe-t-il, il a tenté d’obtenir un visa pour la Turquie afin de se rendre en Syrie sans succès. Avant de préciser qu’il souhaite se rendre en Syrie comme casque blanc afin d’aider les victimes. Il aurait même dit à Moussa Massoud qu’il souhaitait la victoire des jihadistes contre l’Etat syrien, parce que ces derniers n’avaient pas de moyens pour faire face. D’ailleurs, selon le procureur, il apparaît dans une vidéo, trouvée dans son ordinateur, qu’il félicitait l’exécution des Syriens par les jihadistes.

L’accusé prône la Charia
L’accusé Saliou Ndiaye est pour l’application de la Charia au Sénégal. «Je prône la Charia parce que la majeure partie des Sénégalais sont musulmans», a-t-il dit. A la question du procureur de savoir que ferait-il des minorités, l’accusé rétorque : «Les minorités auront les mêmes droits que les musulmans. La seule différence c’est que les non-musulmans auront à payer des impôts parce que leur sécurité sera assurée.» Malheureusement, ici il vit de manière théorique la Charia. Et c’est pourquoi, il voulait aller dans un autre pays pour la vivre de manière pratique.
Saliou Ndiaye ajoute que sa doctrine islamique repose sur Ahloul Sunna (Les gens de la Sunna). Les dirigeants de cette doctrine au Sénégal, dit-il, sont imam Alioune Ndao, Dr Ahmet Lô et Cheikh Assane Ka. Il dit aussi connaitre Ben Laden qu’il a eu à vanter les mérites.  «J’ai regardé une vidéo de Ben Laden intitulée La face cachée de Ben Laden. Il avait changé le monde en 50 ans», lance-t-il en avouant connaitre Rama Ba et Abibatou chez imam Ndao et que ces dernières voulaient rejoindre leurs époux en Syrie.