TRIBUNAL – Pour avoir tenté d’escroquer 10 millions à Cheikh Amar : Cheikh Mbacké Gadiaga et Alioune Thiam risquent 3 ans

Cheikh Gadiaga et Alioune Thiam, risquent 3 ans ferme de prison. Ils sont poursuivis pour associations de malfaiteurs, faux et usage de faux, extorsion de fonds et usurpation de fonction, au préjudice de Cheikh Amar, patron de Tracto services équipement (Tse). L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au 10 janvier prochain.
L’ex-homme de confiance du milliardaire Cheikh Amar, Cheikh Gadiaga et Aliou Thiam, ont comparu hier devant le juge des Flagrants délits. Les prévenus, qui sont tous des habitués du prétoire pour des faits similaires, répondaient des chefs d’association de malfaiteurs, faux et usage de faux, extorsion de fonds et usurpation de fonction. Les faits remontent au 26 décembre dernier. Après son retour d‘un voyage de la France, Cheikh Amar a été approché par Cheikh Gadiaga, en compagnie de son complice, Alioune Thiam. Il a présenté ce dernier au patron Tse comme étant un élément des renseignements généraux (Rg) qui détient un dossier compromettant à l’endroit de son fils. C’est ainsi que le faux Rg a sorti un faux procès-verbal de la gendarmerie pour lui dire qu’un de ses fils est impliqué dans un accident mortel. Il a réclamé à Cheikh Amar 10 millions pour étouffer l’affaire. Un rendez-vous est retenu dans un hôtel de la place. Mais comme il est souvent victime de ce genre de deal, Cheikh Amar a vite senti un mauvais coup. Et pour ne pas tomber dans le panneau comme dans l’affaire Mimi Touré, le milliardaire a pris ses devants en alertant la gendarmerie. Mais pour prendre les prévenus en flagrant délits le patron de (Tse) a joué le jeu en remettant la somme de 10 millions réclamée par les escrocs. A peine, ont-ils fini d’encaisser les sous, les gendarmes sont entrés en action pour procéder à leur arrestation.
A la barre du Tribunal des flagrants délits, les mis en cause ont nié les faits en se renvoyant la balle. Pour sa défense, Cheikh Gadiaga soutient : «Je n’ai fait que jouer le rôle d’intermédiaire entre Alioune et Cheikh Amar. Je ne suis pour rien dans cette affaire. Je n’ai pas vu ni touché l’argent de Cheikh», se défend-t-il. Avant de préciser : «Il m’a remis le document le 25 décembre, et m’a dit qu’il est un Rg et détient un dossier où le fils de Cheikh Amar a fait un accident mortel et qu’il connait la famille de la victime et celui qui pilote ledit dossier. Et que si Cheikh Amar lui remet la somme de 10 millions de francs, il pourrait éteindre définitivement cette affaire. Mais, je n’ai jamais réclamé de l’argent.»
Dans sa relation des faits, Alioune Thiam déclare : «Cheikh Amar m’a envoyé comme étant un intermédiaire pour régler l’affaire de son enfant qui datait de 2013 à l’amiable. De ce fait, je devais intervenir auprès de la communauté léboue où habite la famille de la victime. Je reconnais avoir parlé avec Cheikh Amar et ça n’a pas duré 5 secondes au téléphone. Ainsi, c’est lui-même qui a mis les 10 millions dans mon sac», a-t-il expliqué en arguant devant le juge que son niveau intellectuel ne lui permet pas de disposer d’un tel dossier. Mieux, il ajoute qu’il n’a jamais réclamé de l’argent à M. Amar. «C’est Cheikh Amar qui a mis les 10 millions dans mon sac», a-t-il dit en soulignant que c’est pour son intervention auprès de la famille de la victime.
Amar réclame le franc symbolique
Selon Me Khassimou Touré, Cheikh Gadiaga est le principal cerveau de cette affaire. Etant très proche de son client, qui lui confiait certaines missions et lui versait un salaire mensuel, le prévenu, dit-il, ne cesse de lui faire des coups bas et de lui poser des peaux de banane. Il en veut pour preuve l’affaire Mimi Touré portant sur la somme de 30 millions. Selon l’avocat, c’est Gadiaga qui s’est trouvé le procès-verbal d’enquête qu’il a falsifié en mettant du blanco pour ajouter le nom de Cheikh Amar. Alors qu’il sait que ce dossier n’a jamais existé. Pour lui, les faits ne souffrent d’aucune contestation. Estimant que Gadiaga et son compère n’ont comme spécialité que la recherche du gain facile, il a demandé leur condamnation et réclamé le franc symbolique.
Dans son réquisitoire, le procureur a demandé de disqualifier les faits d’extorsion de fonds reprochés à Cheikh Gadiaga en complicité de ce chef de le relaxer aussi de celui de faux et usage de faux. ll a requis 3 ans ferme pour le délit d’association de malfaiteurs. Une peine que la défense a trouvée injuste. Selon Me Djiby Thiam, on ne peut pas mettre tout le monde dans un même sac. Il n’a pas été prouvé que c’est Gadiaga qui a fomenté le complot. Mieux, souligne-t-il, il n’y a pas de perte de confiance entre Amar et Gadiaga. D’ailleurs, il a «seulement porté plainte contre Aliou Thiam, a-t-il rappelé. Ce n’est pas lui qui a pris l’argent mais Alioune Thiam». Il a plaidé la relaxe pure et simple de son client. La défense de Aliou Thiam, qui accuse Gadiaga d’être l’instigateur de ce deal, pense que son client est une victime. Toutefois, il reconnait que la responsabilité pénale du sieur Thiam est engagée parce qu’il a joué un rôle qu’il ne devait pas jouer. Il a sollicité la clémence du tribunal, qui rendra son verdict le 10 janvier.
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