Le Sénégal se met à l’école des pays connus pour leur grande expérience en matière de gouvernance dans le secteur du pétrole et du gaz. A l’image des Pays-Bas qui ont réussi leur exploitation gazière, notre pays engage des concertations avec toutes les parties prenantes pour partager des expériences et des bonnes pratiques afin de faire face aux risques liés à l’exploitation de ces ressources.
Le Sénégal ne voudrait pas rater le virage de l’exploitation du pétrole et du gaz. La 3ème conférence nationale sur le développement durable, ouverte à Dakar hier, réfléchit sur une exploitation durable et saine de ces ressources. Des ressources qui augurent de «belles perspectives» pour notre pays, mais qui présentent également des défis en matière de gouvernance, d’impacts environnementaux et sociaux. Les Pays-Bas, parrain de cette édition, et considérés par le Sénégal comme une école en matière de gouvernance dans le secteur gazier, donnent la recette. L’ambassadeur, Théo Perters, propose au Sénégal le développement d’un cadre législatif de protection environnementale qui, selon lui, s’accompagnerait de «mesures fiscales» avec une «organisation institutionnelle» et une coordination entre les structures gouvernementales qui fonctionnent bien. Il ajoute à ce cadre régulateur ce qu’il appelle la formulation de politiques qui va permettre aux secteurs privés d’investir sereinement tout en protégeant les autres intérêts. Mais tout cela doit passer par un dialogue de toutes les parties prenantes. «Il est primordial de commencer par un processus de concertation transparente et inclusive en identifiant tous les intérêts pertinents par rapport au développement du secteur pétro-gazier», insiste-t-il.
Pour le ministre de l’Environnement et du développement durable, Mame Thierno Dieng, cette conférence en est le signal. En plus, note-t-il, le ministère va jouer son rôle d’alerte et de conscientisation, car «l’exploitation des ressources pétro-gazières n’est pas que des bénéfices, il y a des risques liés à l’environnement marin, notamment la pêche».
Faut-il le rappeler, le Sénégal est un pays dont la première source de protéine est le poisson. D’ailleurs, les populations de Cayar, sentant la menace sur leurs activités de pêche, avaient fait une sortie pour exprimer leurs inquiétudes par rapport à l’exploitation de ce gaz au large de la localité.
A cet effet, Théo Perters prévient encore le Sénégal ; l’exploitation de pétrole et de gaz peut provoquer une forte croissance dans ce secteur. «Il faut que nous soyons honnêtes sur ça», dit-il. «Une appréciation de la devise, une inflation et des taux d’intérêt élevés en sont les conséquences directes et cela peut entraîner la perte de la compétitivité dans les autres secteurs d’activités, des exportations qui deviennent moins favorables que les importations avec comme résultat pernicieux la hausse du chômage. Nous l’avons vécu à un moment avec l’exploitation de notre gaz», témoigne l’ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal.
Autant de mises en garde et d’expériences partagées qui seront élaborées sous forme de recommandations à l’issue de cette conférence de trois jours pour éviter à notre pays des erreurs qui se produisent un peu partout à travers le monde et qui ont entraîné des conséquences regrettables comme dans le Golfe du Mexique avec des raz-de-marée.
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