Les pertes post-récoltes font perdre chaque année des quantités importantes de productions. Pour inverser la tendance, le Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal émergent (Bos/Pse) a mis en place un Projet d’agropoles intégrés dont le premier sera implanté à Adéane, en Casamance. Dans le cadre de la mise en œuvre du projet, le Dg du Bos était hier en visite à l’Institut de technologie alimentaire (Ita).

Malgré les performances enregistrées ces dernières années dans le secteur agricole avec des productions record dans plusieurs types de spéculations, le problème des pertes post-récoltes demeure. Pas étonnant si l’on sait que le pourcentage de transformation des produits agricoles est de 13,2% là où un pays comme l’Afrique du Sud affiche un pourcentage de 97,3%. Conséquence, un Sénégalais dépense en moyenne 76,8 dollars en produits agroalimentaires importés contre 27,9 dollars pour un Sud-africain. Le Projet des agropoles intégrés a été conçu pour résoudre ce paradoxe. «L’agropole est un agrégateur qui permet d’aller vers la transformation agroindustrielle, mais en prenant en compte l’amont de la filière jusqu’au marché, en réglant la question fondamentale des pertes post-récoltes» explique M. Wade.
Dans le cadre de la mise en œuvre, le directeur général du Bureau opérationnel du Plan Sénégal émergent (Bos/Pse) a rendu visite hier à l’Institut de technologie alimentaire (Ita). «Il est prévu un atelier de travail appelé Lab et il s’agira de mettre tout le monde ensemble, public, privé, institutions de recherches. Et dans le cadre de la préparation de cet atelier, il est important de faire des rencontres de sensibilisation», explique M. Ibrahima Wade, directeur du Bos. «Le gros défi auquel l’économie sénégalaise fait face et va faire face dans les années à venir, c’est comment partir de cette production primaire vers une transformation agro-industrielle, comment faire en sorte de réduire la dépendance alimentaire aux importations, comment faire pour mieux valoriser les productions locales», poursuit-il.
Pour une grande part, les technologies développées par l’Ita sont une réponse. Mais comme le regrettent à la fois le président du Conseil d’administration, Momar Aly Ndiaye, et le directeur de l’Ita, Mamadou Amadou Seck, le principal obstacle à l’utilisation de ces technologies dans le domaine industriel reste le manque de visibilité des initiatives de transfert des technologies conçues par les chercheurs de l’Ita vers le domaine industriel. Le directeur de la Recherche et développement de l’Ita, le Dr Momar Talla Guèye, souligne que l’institut est également confronté à un problème de financement de la recherche. L’insuffisance des ressources budgétaires devant les fortes dépenses d’investissement et pour l’approvisionnement en matières premières plombe le développement de l’institut qui est à la source de la mise en marché du vinaigre de mangue en Casamance, du «bissap» instantané ou encore des champignons comestibles, entre autres.

50% de la production transformés
Le premier des agropoles est prévu dans la région sud, à Adéane précisément. Il sera concentré sur la mangue et l’anacarde, dont les productions tournent respectivement autour de 64 et 72 mille tonnes. Dans un premier temps, l’objectif est d’arriver à un taux de transformation de 50% pour la mangue et 100% pour l’anacarde. «Aujourd’hui, nous sommes à un moment important pour la structuration de l’agropole. En rencontrant la recherche appliquée, en identifiant toutes les opportunités, il sera possible, quand on va démarrer le Lab le 26 juin, de mieux discuter avec le secteur privé et de lui parler d’opportunités business», souligne M. Wade. Si l’agropole devrait être fonctionnel en 2020, déjà l’on sait que beaucoup de financements prévus par des partenaires dans la région vont être réorientés vers sa réalisation. La Banque mondiale s’est ainsi inscrite dans cette dynamique en réorientant quelque 20 millions de dollars prévus dans le cadre du Projet de pôle prioritaire de développement de la Casamance (Ppdc). De même, les budgets prévus en termes de réalisation de routes, de pistes de production ou de lignes électriques seront réalisés au profit de l’agropole sud.

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