Bounkiling est secouée, ces derniers jours, par une affaire d’accusations de grossesses imputées à des enseignants. Outré par ces «affabulations», qui animent les réseaux sociaux dans la région, le proviseur du lycée de Bounkiling est monté au créneau pour rétablir la «vérité des faits».

Le proviseur du lycée de Bounkiling est outré par les infos distillées sur les réseaux sociaux, qui relaient des cas de grossesse des élèves. L’information, largement partagée sur des médias sociaux, fait état de 14 cas dont 13  lycéennes de la commune et une élève de Djiragone dans l’arrondissement de Bona, pour le seul compte de cette année scolaire. Pire, leurs enseignants sont indexés comme étant les auteurs de ces forfaits. Landing Danfa, proviseur du lycée a du mal à cacher sa colère : «Je voudrais sans aller trop dans les détails vous donner la bonne et juste info par rapport à cette méchante, dégradante  et indigne info, qui circule dans tous les canaux modernes de communication sur les grossesses au lycée de Bounkiling dont les professeurs sont  accusés d’en être les auteurs. Je ne comprends pas cette méchanceté dévorante envers les honnêtes citoyens et enseignants qui, nuit et jour, se battent pour faire briller ce lycée auquel il manque tout. Ceux qui nourrissent ce tableau, qu’ont-ils fait pour ce lycée qui ploie sous le poids des charges ?» Impuissant devant la multiplication de ces «fake news», M. Danfa s’en remet au jugement divin : «Dieu jugera les envieux et les méchants.» Tout serait parti de la publication de tracts dans l’enceinte du lycée en début de semaine. Cela est à l’origine d’une confusion générale nécessitant l’arrêt des cours et la tenue d’une réunion de crise. Ce sera suffisant pour que la nouvelle, comme une trainée de poudre, fasse le tour de la ville. Il s’en est suivi une campagne de dénigrement des enseignants sur les réseaux sociaux.

Un prof d’Eps accusé
A travers des fora de discussions sur des réseaux sociaux, on parle de «détournement de mineurs favorisé par la précarité sociale, une conscience professionnelle au rabais, l’ignorance, les pesanteurs socio-culturels et  l’impunité». Atterré par cette campagne, le proviseur du lycée de Bounkiling décide de monter au créneau pour distinguer le vrai du faux. Il explique : «Pour la première fois depuis 10 ans que je suis à la tête de cet établissement, je me suis absenté à cause du décès de deux de mes proches. A mon retour, le censeur m’a fait le compte rendu en insistant sur le fait qu’une mère est venue se plaindre parce qu’un prof d’Eps a engrossé sa fille de 20 ans qui est en classe de seconde L. Aussitôt j’ai dit au censeur que ça doit être difficile mais qu’on va gérer la situation en convoquant toutes les structures de l’école et les parents de la fille.» Ensuite ? «Le 3 juillet cette réunion élargie a été convoquée et les parents m’ont promis de revenir pour donner leur dernière décision.  C’est ce que j’attendais pour établir mon rapport à remettre à l’Ia. Malheureusement, avant la transmission de ce dossier, un groupe de jeunes s’est étendu dans la presse en traînant tous les profs dans la boue en bafouant leur dignité en les accusant de viol.» Au fond, y a-t-il une part de vérité dans cette affaire ? «Cette année il y a 3 grossesses recensées, 2 sont imputées à deux élèves et une seule révélée le 25 juin qui relève de la responsabilité d’un prof d’Eps. Pourquoi ces chiffres 13, 14, 16, 17, etc. ? A quelle fin ?», s’interroge M. Danfa. Et il connaît la réponse : «Nuire, noircir volontairement des citoyens.  Personne n’est venu vérifier la véracité des faits et on s’ouvre dans les médias dans le seul but de dénigrer. Dieu jugera. Pourquoi tout ce venin mortel sur des honnêtes profs qui ont tout fait pour ce lycée dont les résultats sont connus de tous ?» En bon «responsable», il s’érige en bouclier pour défendre ses collaborateurs. «Par la faute d’un individu, on punit tout le monde et on détruit tout. Pourquoi tous ces loups aux crocs acérés contre les honnêtes enseignants ? J’ai peur pour mes collaborateurs qui donnent tout à cette école. Voilà succinctement la bonne info. Que Dieu protège tout le monde. Je ne veux plus rien car je ne peux être dans la fête et l’honneur et qu’en même temps on ‘‘tue’’ mes collaborateurs sans défense. Je suis dégoûté par cette méchanceté venant des gens tapis dans l’ombre. Qu’ont-ils contre ces professeurs qui m’ont accompagné ? Me louer et salir tout le corps professoral et même le censeur, je ne comprends pas. Tout me dégoûte. Nos performances ne se discutent pas et pendant dix ans pas de vacances, pas de week-end et par ce fait tous mes parents pensent que je suis malade d’être toujours à l’école. Dieu jugera», dit-il.
Il faut rappeler que les dernières  statistiques sont plutôt alarmantes.  Les résultats d’une étude menée sur les cas de grossesses non désirées par le Forum des éducatrices africaines (Fawe), remis au Centre académique d’orientation scolaire et professionnelle (Caosp) et publiés par l’Inspection de l’éducation et de formation (Ief) de Sédhiou font état de 150 cas de grossesses non désirées enregistrés en milieu scolaire.

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