Moustapha Diallo, plus connu sous le nom de Deetaf, a mis le 21 juillet dernier sur le marché, son premier album. Intitulé Yëg-yëg et composé de 6 titres, ce produit est pour son auteur, un moyen sensibiliser ses camarades rappeurs et les promoteurs sénégalais.

Never let you down, n’est pas le titre éponyme de l’album Yëg-yëg, mais sert à exprimer tous les sentiments de son auteur Deetaf. Sentiments envers les rappeurs et ses autres camarades qui sont dans le milieu du hip-hop. «Ce titre s’adresse surtout aux jeunes artistes qui viennent d’embrasser la musique. Parfois quand je les trouve au studio, ils me font pitié. Le chemin est long et périlleux. Je les exhorte à ne jamais baisser les bras», dit Moustapha Diallo alias Deetaf. Outre la musique, ce dernier exerce le métier de soudeur métallique (Je suis dans le froid et le climatiseur) et exhorte ses cadets rappeurs à veiller, de leur côté, à avoir un métier avant d’embrasser la musique. Issu de la banlieue, (né à Pikine et ayant grandi entre Cambérène et les Parcelles Assainies), Deetaf endosse la philosophie du «Gueum sa bopp» (Croire en soi et ne pas baisser les bras), son album en est d’ailleurs fortement imprégné. «Que ce soit dans la musique ou ailleurs, en vendant noix de coco, charbon, je dis à tous : il ne faut jamais baisser les bras dans la vie», note-t-il.
Avec un style musical alliant hip-hop et Rnb et des featurings, Deetaf fait part de ses sentiments dans Yëg-yëg. Sentiments envers à une mère perdue dès le bas âge (Rip yaye) et sentiments sur l’amour partagé ou non «Wetna», «David». «Dans la vie tout est question de sensation», souligne-t-il. Yëg-yëg est alors pour Deetaf, l’occasion d’étaler ses sentiments et cela, il le fait en seulement 6 titres. «Les artistes ont l’habitude de sortir une pléthore de titres dans un seul album alors que les Sénégalais pour la plupart, n’en connaissent qu’un seul ou deux. Ce qui fait que dans leurs autres albums, ils sont obligés de faire des remix. Nous ne voudrions pas tomber dans ce piège», indique-t-il pour expliquer son choix de faire 6 titres pour exprimer le fond de sa pensé.

Deetaf s’en prend aux promoteurs
Fortement engagé pour le moment dans la promotion de cette album, dans son quartier, les Parcelles Assainies, Deetaf n’en est pas moins soucieux du sort de la musique sénégalaise qui, espère-t-il, affleurera les plus hauts sommets de la montagne. «Mon ambition, confie-t-il, c’est que la musique sénégalaise aille loin». Mais pour cela, il est clair que les artistes et les promoteurs ont un rôle à jouer. «Nos promoteurs, qui prennent les Nigérians pour les amener au Sénégal, n’ont qu’à faire doucement», soutient l’auteur de Yëg-yëg avant de poursuivre : «Les Nigérians se sont battus pour imposer leur culture musicale dans leur pays. Pourquoi ici au Sénégal on ne fait pas pareil pour imposer nos artistes.» Deetaf trouve en effet «injuste» que les promoteurs sénégalais investissent des millions et des millions sur des artistes nigérians, à l’heure où les locaux font un excellent travail et remplissent les plus grandes salles au Sénégal. Selon Deetaf, ces promoteurs locaux nourrissent un gros complexe. «Les promoteurs sont complexés. Tu ne verras jamais un promoteur nigérian, amener un artiste Sénégalais au Nigeria et lui payer autant d’argent que le font nos promoteurs d’ici. Nos artistes font de l’excellent travail. Et les gens comme Dip, Omzo Dollars, Akhlou Brick,… remplissent les salles de spectacle. Pourquoi on ne leur paye pas de bons cachets pour qu’ils se produisent au lieu de chercher un Davido ailleurs ? » Continuant sa plaidoirie en faveur des artistes locaux, le rappeur rajoute : «On doit d’abord promouvoir nos artistes locaux, avant de tendre vers l’international.» Ceci dit, il remarque tout de même que certains rappeurs ont une part de responsabilité dans cet état de fait. «Les artistes sénégalais doivent aussi de leur côté cesser d’assurer les premières parties des artistes étrangers. Ce n’est pas raisonnable», lance-t-il.
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