Diamniadio, des centaines de millions de F Cfa réduits en poussière : par arrêt Dscos, des démolitions de maisons installent le désarroi et mettent à nu un laxisme dévastateur d’une mairie fantoche.

Le 17 août 2018 restera, sans nul doute, une date fortement gravée dans la mémoire des populations locales de Diamniadio. Tôt le matin, des bulldozers, assistés par des éléments de la gendarmerie et de la Dscos, se sont lancés à Diamniadio Sud-Extension (zones des Quatre Mille et Pentium 3) pour la démolition de plusieurs dizaines de maisons et de bâtiments construits à coût de plusieurs centaines de millions de francs Cfa sur un terrain appartenant à l’Honorable député Diop Sy.
Un tel acte qualifiable de «hautement cruel» trouve son explication sur l’illégalité des constructions à l’intérieur du titre foncier n° 8460 dans lequel M. Sy dispose d’un bail de 22ha présentement hypothéqué auprès de la Bao. Le grand désarroi des victimes totalement perdues face à la réduction en poussière d’immenses investissements consentis par ces acquéreurs de terrains est d’autant plus inquiétant que ni la mairie ni ces victimes ne sont capables de sortir de papiers officiels légaux de propriété.
Ce fait d’une gravité extrême que rien n’aurait justifié dans un contexte de lutte contre la vulnérabilité des populations locales, pour laquelle le président de la République décrète l’année du «social», nécessite une certaine lucidité de notre part afin de pouvoir décortiquer les racines profondes des maux d’origines exogène et endogène de la commune.
Diamniadio bénéficie certes d’atouts indéniables liés à sa position géographique, à ses potentialités naturelles, au dynamisme de la population et à la diversité socioculturelle et surtout aux immenses investissements et infrastructures futuristes relevant du Pse1, notamment au niveau du Pôle urbain, mais aussi cette commune souffre à un degré insoupçonné que l’opinion nationale et internationale ne devra plus ignorer.
Paradoxalement, le foncier, de par la forte convoitise dont il fait l’objet, est de loin le premier facteur à problèmes.
Au niveau central ou régional, l’attribution des terres du territoire communal à des particuliers (personnes physiques et/ou morales) se fait à un rythme qui frise quasiment l’indécence au point de priver la population locale de l’accès à la terre. Le cas du titre foncier n° 8460 dont l’assiette foncière y afférente était initialement destinée, selon la mairie, à un stade municipal et des cimetières musulmans et catholiques. Ce Tf est finalement morcelé en baux au profit de divers attributaires : Mec Rail (4ha), sinistrés de Dalifort (6ha), Gie Jappo (2ha 44), Coopérative ministère Economie et finances (9ha), héritiers Amadou Lamine Fall (13ha), Mandiaye et fils (3 ha), Minam family (5ha), acquéreurs de Thiané (2ha), Coop ministère Affaires étrangères (5ha), Coopérative le Saloum (2ha), Cbao (3ha), Somsi (15ha), Ibrahima Badiane (12ha), Cacecs continental keur khadim (4ha), Zone d’activités (200ha), Pa cote investissement (75ha) et Demba Diop Sy (22ha). Les démolitions opérées par ce dernier ont produit 2 jours de tension sociale électrique jamais connue dans la commune.
Toutefois, les pratiques malsaines et la pagaille foncière de la mairie érigée en mode de gestion, avec des attributions doubles ou triples, des lotissement irréguliers etc. sont fortement pointées du doigt par les populations qui qualifient l’institution municipale de «mairie de soi-disant «géomètres« et de courtiers dont la seule commission fonctionnelle est celle chargée des questions foncières et domaniales». Loin de réels stratégies et axes de développement local, Diamniadio vit au rythme des litiges fonciers qui ont récemment occasionné des emprisonnements d’agents ou d’associés municipaux.
Sur cette affaire dite «Affaire Diop Sy», la grande question est de savoir pourquoi avoir loti un terrain, de surcroît un bail, sans autorisation préalable de l’Administration territoriale, en l’occurrence le préfet ? Pourquoi, au-delà du lotissement irrégulier, ces parcelles ont été délibérément remises (et surtout vendues à prix d’or) à des particuliers qui y ont injecté toutes les économies de leur vie ? Comment et à combien ces parcelles «irrégulières» leur sont revenues ? Une des victimes dont les propos nous ont plongés dans une profonde tristesse considère que sa vie s’effondre avec une perte de 20 millions investis dans le chantier rasé. Devant une telle gravité, l’Etat a l’obligation de procéder à l’évaluation du préjudice, de situer les responsabilités et d’assister ces citoyens dans ce drame.
Ce dossier révèle clairement deux litiges opposant d’une part la mairie et Monsieur Demba Diop Sy et consorts (détenteurs de baux) et au-delà les autorités ayant établi les baux, et d’autre part la mairie et les victimes. Ceux-ci devront, au pire des cas, recouvrer leur dû lié aux coûts d’acquisition des parcelles et/ou aux peines fournies.
Donc, sur le premier cas, la population de Diamniadio ne saurait se laisser embarquer dans un combat qui n’est le sien. Par contre, une solution définitive du foncier et le retour des terres de la commune aux ayants droit initiaux, à savoir les Diamniadiois, est une exigence citoyenne pour l’épanouissement socio-économique des populations (terres de haute aptitude culturale, espace de loisir, parcelles à usage d’habitation pour les enfants du terroir, etc.). Un audit complet du foncier est une exigence de premier ordre pour les citoyens de la commune, consécutivement aux réflexions et autres actions engagées, notamment par la jeunesse de la commune, pour porter la localité sur les rampes de l’émergence, conformément au vœu du chef de l’Etat qui a offert à Diamniadio et son hinterland de très bonnes conditions de compétitivité.
En définitive, le décollage de la commune requiert un diagnostic exhaustif et un plan cohérent de développement stratégique articulé autour des atouts et potentialités du milieu d’une part et d’une part des opportunités du contexte et de l’environnement. Ainsi, les défis de la commune portent, entre autres, sur la réduction des disparités spatiales de l’aménagement du territoire (en rapport avec le pôle urbain), le relèvement de la fonctionnalité du tissu urbain, etc. sur lesquels la mairie doit faire focus à l’aide de cahiers de charges et de fiches de poste qui, naturellement, vont assainir la gestion foncière.
Mouvement
«Taxawal Diamniadio»
– la clé du changementCoordonnateur
Dr Thierno NDOUR
1 PSE : Plan Sénégal Emergent