La tension n’est pas retombée à Diamniadio où les gens continuent de ruminer leur colère et dénoncent l’indifférence des hommes politiques de la zone, qui ne les appuient pas dans ce combat.

«Non aux beaux de complaisance» ; «A quand Diamniadio connaitra un répit des bulldozers» ; «Nous réclamons l’audit du foncier» ; «Rendez-nous nos terres». Tels ont été les slogans affichés par le collectif pour la défense des intérêts de Diamniadio lors de la marche organisée mardi. Propriétaires de maisons démolies, promoteurs, membres du Conseil municipal et autres, tous vêtus de tee-shirts blancs floqués de slogans en rouge ont tenu à manifester leur grande colè­re. Du site où les démolitions ont été opérées à la mairie, ils ont défilé dans une  longue procession pour exiger leurs terres qui subissent une forte pression exercée par des lob­bys. «Diam­niadio est victime de son aura. La commune compte 21 villages et chacun d’eux a été touché. A Diamniadio extension, on parle de Diop Sy ;  la Sn Hlm nous a pris 150 hectares, Dougar a perdu 70 hectares, à Dène et Thianthiour 200 hectares ont été expropriés, Sébi-Ponty et Ndoyène ont perdu 200 hectares, 16 hectares ont été amputés de Dougar 1», a tristement égrené Souleymane Sène, un ancien président de la Commission domaniale de la municipalité de Diamniadio. S’exprimant au terme de la marche encadrée par la gendarmerie, M. Sène a évalué à 750 hectares la surface expropriée à Diam­niadio compte non tenu «des 1600 hectares du pôle urbain et les 333 hectares de l’université du futur».  «A ce rythme, Diamniadio risque de tout perdre et nos enfants n’auront plus la possibilité d’avoir un toit», a-t-il regretté. Aliou Dème y est allé d’un ton plus fort. «C’est tout Diamniadio qui est debout. Nous n’accepterons pas qu’on retire toutes nos terres et nous résisterons au prix de nos vies. Il faut que les autorités se le tiennent pour dit», a-t-il asséné non sans avertir les responsables locaux de la mouvance présidentielle qui, selon lui, n’ont daigné lever le plus petit doigt sur le supplice que vit Diam­nia­dio. «Omar Guèye, le Coordon­nateur départemental de Benno bokk yaakaar, nous ne l’avons pas entendu sur ce problème. Qu’il ne vienne pas ici nous parler de parrainage ; ceci est aussi valable pour Sou­leymane Ndoye, le président du Conseil départemental », a fait savoir M. Dème. «Nous n’allons pas parrainer le candidat Macky Sall et si besoin en est, nous ne voterons pas pour lui en 2019 », a-t-il poursuivi sous les cris d’approbation des marcheurs ayant répondu en masse à l’appel. Les protestataires ont  par la suite remis leur mémorandum au maire de la commune, Mamadou Moulaye Guèye, qui a promis de le transmettre aux autorités. «Le pays a ses règles et vous avez pu les respecter en organisant la marche sans débordement. Je salue la démarche que vous avez initiée», a relevé M. Guèye en recevant le mémorandum.  Le 17 août, une cinquantaine de constructions avaient été démolies à Diamniadio Sud Extension sous la surveillance de la Dscos. L’opération a été arrêtée ce jour mais depuis lors rien n’a bougé. Les constructions en question étaient érigées sur un site supposé appartenir au député Diop Sy, bénéficiaire d’un bail de l’Etat sur une surface de 28 hectares.
abndiaye@lequotidien.sn