Ils sont finalement revenus à de meilleurs sentiments après un clash épistolaire. Madické Niang et Wade tentent de recoller les morceaux cassés depuis le Qatar. Ce sera une sorte de «Protocole de Doha». Si et seulement si les deux s’accordent sur la question de la candidature de Karim Wade ou d’un plan B.

Madické Niang et Abdoulaye Wade, c’est maître et son maître. L’idylle a duré trop longtemps pour finir aussi brutalement. La promotion du Saint-louisien a été le «new deal» pour remettre le Pds dans un état meilleur après les nombreux départs. En effet, avec Oumar Sarr qui perdait la main face à des récalcitrants qui ne voulaient plus voir sa tête et le voir à la tête du parti, Wade n’avait pas d’autre choix que de placer le «pion» Niang. Les sorties sporadiques et silencieuses, puis officielles de rebelles contre Oumar Sarr ainsi que ses scores étriqués à Dagana l’ont délégitimé. Et c’est ainsi que Wade a tiré Madické Niang pour en faire un président du groupe parlementaire Liberté et démocratie. Sous cette casquette, il a les coudées franches. Ou presque. Il n’a pourtant pas été élu, mais nommé par le maître qui attendait de lui soumission et reconnaissance. C’est tout de même un autre cran pour émerger du lot des «plans B(éables)». Lui-même n’a jamais pensé à une candidature de substitution comme l’a rappelé Me El Hadj Amadou Sall à l’émission «Objection» de dimanche dernier sur Sud Fm. Mais il y a de ces parcelles de pouvoir qui nourrissent des envies. Des ambitions.
Madické Niang s’est comme rendu compte de ses responsabilités politiques pour penser prendre ses responsabilités. Et mettre Wade devant ses responsabilités. Il compte sur «ses» députés, notamment ceux de Mbacké dont certains ont signé la fameuse lettre adressée à Wade et qui l’invitaient à penser à un Plan B. Ils sont au moins 4 élus de la Coalition gagnante/Wattu senegaal à être sur la même ligne. En plus de Madické Niang lui-même, il y a l’un des frères Bara Doly, l’autre étant membre de Bokk gis gis, et Moustapha Diop, tous les deux élus du département de Mbacké et Sokhna Astou Mbacké (nationale). «C’est juste un avis. Quand on a un avis sur quelque chose, on doit le dire avant qu’il ne soit trop tard», avait expliqué Serigne Cheikh Mbacké.

Wade étouffe le syndrome Fada
La volte-face wadienne n’est donc pas forcément de l’humilité. Et il n’a pas fait qu’éteindre le feu qui se répandait dans son parti. Il y a bien du calcul politique, car il ne se permettrait pas de souffrir d’une autre division au sein de son groupe parlementaire où chacun des deux prendrait «ses» députés. Il a ainsi étouffé une rébellion. Et au-delà, Mbacké, grâce à Touba, a été le seulement département de plus de deux sièges (5) au niveau national qu’il a raflé aux dernières Législatives. Une «échappée solitaire» de Madické Niang aurait réduit les voix du Pds. Et ce ne serait que pain béni pour Macky Sall. Au moment où Idrissa Seck se positionne dans la capitale mouride comme un troisième larron.
Propulsé président du groupe parlementaire Liberté et démocratie au détriment de Oumar Sarr, Madické Niang a crû à son étoile qui, bien évidemment, peine à briller comme il le souhaitait. C’est tout de même une belle parade pour contrôler quelques-uns des députés de la Coalition gagnante/Wattu senegaal. Disons du Pds ! Et là, il pourrait bien être inspiré par le coup de Modou Diagne Fada qui, président du groupe des Libéraux et démocrates, avait tenté de se démarquer de Wade avec ses camarades réformistes. La guerre avait été sans merci puisqu’il s’en était suivie une bataille pour le contrôle du groupe à la fin de la 12ème Législature. Sans compter la bataille juridique entre les deux camps, celui des conservateurs conduit par Oumar Sarr et celui des réformateurs cornaqué par le président du Conseil départemental de Kébémer. La majorité en avait profité et avait pris parti pour Fada. Même si, plus tard, le leader de Ldr/Yeesal, qui a rejoint la mouvance présidentielle, avait lâché du lest pour laisser Aïda Mbodj diriger le groupe. Sans doute, Wade a vu venir cette scission, au-delà de celle qui diviserait son parti sur la candidature de Karim Wade.

En attendant l’autre «Protocole de Doha»
Wade a vite senti que ce café du «coup de poignard dans le dos» était si salé qu’il fallait finalement y mettre du sucre. Après cet accent journalistique qui s’est manifesté par un «Je l’ai fait au stade de mes informations provenant de plusieurs sources», il a dû se résoudre à inviter son éternel hôte de Fann Résidence qu’ils devraient tous les deux «enterr(er) ce qui ne doit plus être dans (leurs) relations qu’un regrettable incident qui se situe maintenant derrière (eux)». Ô ruse ! C’est que rien dans ce duel ne peut rendre service au secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds). Le monde libéral et politique en général attend ce que lui réserve l’autre «Protocole de Doha» avec les négociations en cours entre Wade et Niang depuis le Qatar. Une chose est sûre : Le maître reste maître du jeu.
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