Dans cette vague d’hommages spontanés et unanimes rendus à Bruno Diatta, chef du Protocole de la présidence de la République, décédé vendredi dernier, nous apporterons notre modeste contribution en soulignant cette passion de la République et la rigueur dans l’exercice de ses fonctions. C’est effectivement un symbole ou un modèle d’homme d’Etat qui avait un sens élevé de ses responsabilités et l’art de garder les secrets que lui imposait sa position dans les hauts lieux des décisions orientant les fonctionnements de l’Etat et ses différents démembrements.
En effet, j’ai rapproché cet homme discret et effacé lors de la conférence des intellectuels, organisée à Dakar en 2004, dans le cadre l’Union africaine. De même, nous nous sommes retrouvés pendant un voyage du Président Wade en France où il était invité pour donner une conférence sur le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). J’y étais en qualité de représentant du recteur de l’Université Gaston Berger de l’époque, Professeur Diawar Sarr. Cette opportunité m’avait permis d’échanger longuement avec lui, d’autant que je savais, par mon séjour de six mois à l’Institut d’études politiques de Toulouse aux termes de la coopération interuniversitaire, qu’il en était sorti. Nous avons donc en commun cette formation en sciences politiques sur laquelle nous portions nos réflexions stimulantes pour son renforcement dans nos cursus universitaires.
Il était d’ailleurs convenu et noté le principe d’une conférence qu’il donnerait à nos étudiants en sciences politiques, se rapportant au contour du protocole et de la diplomatie. Mais malheureusement, son agenda trop chargé n’aurait pas permis la réalisation de ce projet à Saint-Louis.
Cette personnalité unique dans son genre, par son attachement aux principes, aux règles fondant la déontologie de son métier, est au cœur du dispositif organisationnel de l’activité présidentielle. C’est la raison pour laquelle on aperçoit sa silhouette à chaque fois que nous recevons un hôte de marque dans le pays. Toutefois, le Protocole ne se limite pas seulement à indiquer le chemin aux visiteurs de la République, il est intégré dans la diplomatie en termes de conception, de négociation et d’action, relativement aux relations internes et externes du pays pour sa visibilité et sa dynamique au niveau de l’espace régional, continental et international. De ce point de vue, la diplomatie est souvent confondue à la politique étrangère, pour désigner la manière dont les principaux acteurs, à savoir les Etats, agissent et interagissent sur la scène internationale.
On constate aussi une velléité à réduire cette activité en une pure technique de conduite des relations interétatiques par le truchement de représentations accréditées. Cela dit, M. Bruno Diatta peut servir d’inspiration à ceux qui ont tendance à étaler les secrets d’Etat sur la place publique, moyennant des strapontins politiques et d’autres qui usent des dictaphones pour enregistrer des conversations qu’ils comptent utiliser comme arme politique contre d’éventuels adversaires.
En tout cas, le Sénégal vient de perdre une référence dont le comportement républicain peut servir de cas d’école pour les générations montantes de hauts fonctionnaires et d’hommes politiques.
Moussa DIAW
enseignant-chercheur en science politique,
Ugb, Saint-Louis – diawmoussafr@yahoo.fr