«Le Sénégal n’arrive pas à stabiliser ses acquis démocratiques.» C’est la remarque faite par Alioune Tine. Selon l’expert indépendant des Nations unies pour les droits de l’Homme au Mali, «il y a un sentiment diffus de malaise démocratique qui gagne de plus en plus l’opinion et quelque chose d’inachevé dans le processus électoral et qui pourrait être porteur de risques». Et pour parer à ces éventualités, il a organisé hier un panel sous la bannière de Africa jom center sous le thème «Pour un processus électoral démocratique, transparent». L’objectif recherché par les organisateurs est de voir «comment relever ces défis ensemble par des débats démocratiques inclusifs». C’est dans ce sens qu’il a invité les membres de l’Administration, la société civile et les acteurs politiques à résoudre les «divergences persistantes», relatives aux tensions politiques sur le parrainage, le fichier électoral, la Cena et les surenchères de toutes natures. Alioune Tine trouve que les élections exigent la confiance aux textes, aux organes et à la régulation. Mais il se trouve que «ce processus a un horizon où il y a beaucoup de nuages». Le panel vise à dégager des recommandations avant d’aller aux élections et à instaurer le débat autour de la question des élections avec l’opinion et non pas le laisser aux acteurs politiques. M. Tine promet d’organiser d’ici les élections 5 débats institutionnels dans ce sens.
Selon Mamadou Diop Decroix, ce panel sera peut-être une occasion d’aller vers une discussion sur le processus électoral qui «pose des problèmes et des inquiétudes». «On ne peut pas comprendre que les principaux leviers qui permettent d’avoir une élection transparente soient dirigés par des personnes qui sont toutes à la retraite», fait remarquer le leader d’Aj/Pads. A l’en croire, l’accès au fichier électoral pose problème, alors que la loi donne à la Cena le droit de revoir tout le processus si l’Administration ne respecte pas la loi. «Malheureusement, elle n’a jamais rectifié l’Adminis­tration», se désole-t-il, soulignant que l’article L48 stipule que les partis politiques ont le droit de regard sur le fichier électoral. D’après lui, la Cena s’est «contentée d’attendre la fin des élections législatives pour faire un rapport pour dire qu’il y a des dysfonctionnements». Decroix a conclu par une pique à la majorité. «Au lieu de faire la traite des arachides, ils sont en train de faire la traite d’électeurs avec le parrainage en achetant des parrains», accuse-t-il.
Mor Ngom de l’Apr ne pouvait accuser le coup. «Notre pays n’a pas besoin, en matière d’élection, d’aller copier sur un autre pays, car nous avons une démocratie qui vit et qui se porte bien. Et toutes les élections ont été organisées dans de bonnes conditions. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est de dire aux citoyens d’aller récupérer leur carte», souligne-t-il.
justin@lequotidien.sn