Eloge funèbre du chef de l’Etat à Bruno : Une belle leçon de civisme et de patriotisme
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Voilà que la mort que nous craignons tous nous a encore surpris en nous arrachant sans état d’âme notre très cher ami et concitoyen de Saint-Louis, Bruno Louis Robert Diatta. Quand j’ai appris cette triste nouvelle, j’ai cru avoir reçu un coup de poignard incandescent dans le dos. Oui, ma douleur a été immense et profonde. En effet, j’ai toujours cultivé et gardé une amitié réelle pour Bruno et Thérèse son épouse, cette grande dame discrète, honorable et généreuse, elle aussi, native de la «vieille ville française». Notre ami commun Emile Wardini en sait quelque chose… Emile sait que Bruno ne connaissait ni la méchanceté ni la jalousie. Il aimait savourer le plaisir de rendre service à ceux qui le sollicitaient, sans rien attendre en contrepartie. Voilà pourquoi je suis fier parmi les fiers que Bruno a rendus fiers.
J’avais choisi de ne pas témoigner sur Bruno, car ses nombreux amis l’ont déjà très bien fait avant moi. Ils l’ont fait avec chaleur et générosité. Oui, je n’ai pas voulu témoigner, car j’ai très vite compris que la mort n’a pas du tout tué Bruno Diatta, ce vaillant petit-fils de Aline Sitoé Diatta. La mort a tout juste emporté le fragile corps de Bruno et les secrets d’Etat qu’il contenait. En vérité, la mort ne pourra jamais anéantir les hauts faits de patriotisme et de loyauté de Bruno. Elle n’éteindra jamais l’immensité des services que ce grand commis de la République a rendus à la Nation tout entière, toute sa carrière durant.
Je n’ai pas voulu témoigner quand j’ai écouté religieusement l’éloge funèbre du Président Macky Sall. L’oraison post mortem du gardien de la Constitution était de très haute facture avec des allures de cours magistral destiné, non pas à Bruno qui a rejoint le Seigneur Jésus au Ciel, mais surtout à ce Peuple sénégalais qu’il a la haute et lourde charge de gouverner, par la volonté de Dieu.
Dans le discours du Président Sall, j’ai retenu pour toujours les propos suivants : «… le protocole, c’est d’abord la finesse d’un code de conduite rigoureux, inscrit dans le marbre des lois non écrites et nécessaires à la vie en société. Le protocole, c’est une affaire d’éducation, un art consommé des bonnes manières, du savoir-faire et du savoir-vivre ; une invite permanente à la politesse, à l’humilité, au civisme, à la tenue et à la retenue…»
De l’éloge funèbre du président de la République, j’ai retenu et gravé dans ma mémoire de granit cette leçon de vie à travers l’exemple de notre ami Bruno : «Sa vie et son œuvre forment un livre ouvert, pour qui sait lire plus les actes que les mots, car finalement l’essentiel n’est pas dans le verbe qui périt, mais dans l’acte qui demeure. Bruno n’était pas un homme du verbe, mais de l’action.»
Enfin, dans le discours du chef de l’Etat, j’ai salué la pertinence des citations empruntées à l’éminent mystique musulman Djalal Ad Dîn Rûmi qui, toute sa vie durant, a fortement influencé le soufisme : «Elève tes mots, pas ta voix ! C’est la pluie qui fait grandir les fleurs et non le tonnerre.» Et le chef de l’Etat d’ajouter cette autre citation de Rûmi : «Elève tes mots, pas ta voix ! C’est la pluie qui fait grandir les fleurs et non le tonnerre.»
J’ai la conviction que ce discours de haute facture du Président Sall est surtout un cours magistral dont le but est d’enseigner et de rappeler à notre Peuple les grandes valeurs de civisme et de patriotisme indispensables à l’honneur, à la stabilité et à l’émergence d’une Nation comme le Sénégal. En tout cas moi, c’est ce que je retiens et souhaiterais que retiennent tous mes compatriotes qui aiment le Sénégal avec fureur.
En écrivant ces lignes, j’ai été réconforté de constater dans la presse que nos amis et grands patriotes Alioune Badara Bèye, Pierre Goudiaby Atépa et Amadou Lamine Sall ont fortement appelé nos compatriotes à s’approprier ce brillant discours qui, j’en suis sûr, restera à jamais gravé sur les tablettes éternelles de l’histoire de notre pays.
Je le répète encore, ce discours historique n’est pas destiné à Bruno «l’homme intégral», car Bruno est parti… pour toujours. Cet éloge funèbre est surtout pour nous qui attendons encore que la mort vienne nous chercher à notre tour un de ces jours. Ce brillant discours est une véritable leçon de vie, d’éthique et de déontologie pour les fonctionnaires retardataires et absentéistes, pour les citoyens impolis et indisciplinés, pour les agents de l‘Etat qui ne respectent ni la déontologie administrative ni les commandements de leurs chefs ni les usagers qui les sollicitent, pour les jeunes Sénégalais trop pressés dans la vie et qui veulent s’enrichir trop vite, sans travailler, pour les politiciens qui souvent ponctuent leurs virulents discours d’injures et de propos inélégants et discourtois, pour ceux qui confondent démocratie et anarchie ou «maa tay», pour ceux qui insultent les institutions de la République, les magistrats et les chefs religieux, pour ceux qui prennent la défense de ceux qui violent les lois et règlements de notre pays, pour ceux qui à longueur d’année prennent en otage le Peuple sénégalais à travers des grèves et débrayages intempestifs et impitoyables pour nos enfants, pour ceux qui parlent beaucoup et qui devraient se taire et écouter ceux qui savent, pour ceux qui ne sont jamais contents et qui oublient toujours de remercier Dieu le Créateur qui, de toute évidence, a offert au Sénégal d’innombrables bienfaits dont les plus récents sont le pétrole, le gaz et le zircon.
Je voudrais terminer en rappelant que cet éloge funèbre consacré à notre ami Bruno est surtout un message fort qui nous rappelle que dans notre pays le Sénégal, nous n’avons besoin ni d’un homme fort ni d’un Etat fort. Nous avons surtout besoin d‘un Peuple composé de citoyens à l’image de Bruno, un Peuple discipliné qui parle très peu, qui travaille beaucoup et qui, avec élégance, respecte les lois et règlements de la République.
C’est cela l’Authentique type de Sénégal (Ats), mais pas le Nouveau type de Sénégalais (Nts).
Que Dieu protège le Sénégal et continue de nous gratifier de ses innombrables bienfaits !
Moumar GUEYE – Écrivain Président du PEN Sénégal Grand-Croix de l’Ordre du Mérite – moumar@orange.sn