Interpellé sur la suite du dossier de Cheikh Diop, (l’homme qui a tenté de s’immoler par le feu devant le Palais avant de succomber à ses blessures), Me Assane Dioma Ndiaye a fait savoir que «la démocratie moderne est sous-tendue par la redevabilité». D’après l’avocat, «c’est l’Etat qui doit s’astreindre à cette obligation de redevabilité». Et Me Ndiaye d’ajouter : «L’Etat est un sujet de droit, si l’Etat ne se soumet pas au droit, c’est l’arbitraire, la tyrannie, la dictature. S’il cause un tort à quelqu’un, il doit réparer.» Pour Me Assane Dioma Ndiaye, «au-delà du drame, cet acte de Cheikh Diop doit avoir une portée miraculeuse pour notre société». Il espère que «l’Etat veillera à assumer ses responsabilités». L’avocat a par ailleurs rappelé que depuis deux ans, Cheikh Diop courait après une indemnisation après avoir reçu «une injection à la maison d’arrêt de Rebeuss» qui lui a coûté l’amputation de son bras. Selon Me Ndiaye, «le médecin qui a établi le rapport et qui a procédé à l’amputation le 23 septembre, soit 3 semaines après la piqûre, a établi que le début de la gangrène remonterait à 3 semaines, ce qui correspond à la date de la piqûre». Ce qui fait dire à l’avocat que «du point de vue de la causalité de la piqûre et de l’amputation, il n’y avait aucun doute qu’une piqûre soit à l’origine d’une gangrène et que cela entraine une amputation alors qu’il était entre les mains de l’Etat», a-t-il fait savoir.
Se prononçant sur les problèmes d’indemnisation, le Bâtonnier de l’Ordre des avocats a dénoncé les longues procédures que doivent suivre les victimes. Selon Me Mbaye Guèye, «d’habitude les victimes ne demandent pas des dédommagements parce que les gens veulent mettre une croix sur ce qu’ils ont vécu et passer à autre chose parce qu’ils ont eu assez des longues procédures». Pour lui, l’indemnisation d’une personne qu’on a détenue 5 ans avant de le juger et qu’on a ensuite acquittée ne devrait pas faire l’objet d’une procé­dure.  Selon Me Guèye, «l’Etat devait avoir un barème pour dire si on emprisonne quelqu’un durant 5 ans, et qu’il s’en sort avec un acquittement, l’Etat lui doit tant». «Pourquoi suivre une procédure alors qu’ils savent qu’ils ont porté préjudice ?», s’est-il interrogé.
dkane@lequotidien.sn