Décidément, le candidat Macky Sall a une longueur d’avance sur ses concurrents à la Présidentielle de 2019.
En effet, le 1er décembre passé, il a encore réussi une démonstration de force qui énerve même le plus calme de ses opposants. Pour preuve, le post de ce farouche opposant au régime en place qui, sur sa page Facebook, écrit : «En voyant tout ce monde à Dakar Arena, je suis dégoûté par le Sénégalais. Macky passera inéluctablement au 1er tour.» L’on sent bien l’amertume et le dégoût dans ses propos faisant suite à un constat bien amer pour lui : la popularité du candidat Macky Sall.
Certains diront que tous ceux qui se sont déplacés à la cérémonie ne voteront pas pour Macky, car ils ont reçu de l’argent pour y être. Soit ! Cependant, il faut aussi accepter que l’intérêt pécuniaire qui les aurait rassemblés à Diamniadio puisse bien leur faire voter Macky Sall le jour j. Le candidat de Benno bokk yaakaar draine des foules et c’est une réalité qu’il ne faut pas occulter. Il a réussi toutes ses sorties, que ce soit à Dakar ou à l’intérieur du pays.
Au Sénégal, pour bien tâter le pouls de la température politique, il faut toujours se garder de le faire uniquement à travers ce qu’on lit dans les réseaux sociaux et le ressenti des populations de Dakar. Il faudra aller à l’intérieur du pays, sillonner les contrées les plus reculées pour se rendre compte que bon nombre de votants sont loin et très loin même de ce vent contestataire que d’aucuns croient entendre souffler sur le pays.
La situation politique en direction de la Présidentielle est loin de ce que beaucoup d’analystes mettent sur la table quand ils sont consultés. Il est des fois tout autre.
A Kaolack par exemple, même si Madame le maire Mariama Sarr est contestée par la majorité des citoyens de la ville, il n’en demeure pas moins qu’elle contrôle beaucoup de localités dans le département. Si on ajoute à cela les militants qui ne suivent que les consignes de vote de Diène Farba Sarr, Pape Demba Bitèye, Modou Ndiaye Rahma, Baye Ciss, Mimi Touré, Souleymane Ndéné Ndiaye…sans oublier El Hadj Malick Guèye et Macoumba Diouf de Latmingué, la victoire est bien assurée dans la région pour le Président sortant.
Dans ville de «Mbossé Coumba Jiggen», les responsables ne s’entendent pas certes et là pas du tout, mais avec la stratégie du leadership éclaté, chacun contrôle une masse critique de personnes qu’il pourra faire voter en faveur de son candidat. Ensuite, l’autre constat est que l’opposition y est très mal organisée et peine à rallier les populations à sa cause. Aucune grande manifestation, et cela depuis belle lurette, n’est à son actif.
Le Pds est disséminé dans la ville ; le Ps version Khalifa Sall (Taxawu Senegaal) y est incarné par un Djokel Gadiaga qui a des contentieux réels avec les Kaolackois, surtout dans le cadre de la gestion du foncier ; cela, depuis les différents mandats du maire feu Ablaye Diack jusqu’à celui de Mariama Sarr, en passant par ceux de I. Bèye, Khalifa Niass (l’ancien maire de la ville à ne pas confondre avec le frère de Sidy Lamine), Madieyna Diouf…
Ce qui est valable à Kaolack l’est aussi bien dans les autres régions. Dans chacune d’elles, les responsables apéristes ne s’entendent guère, mais finissent toujours par l’emporter. En versant tous dans la concurrence les uns contre les autres, ils réussissent par engranger des voix au bénéfice de leur candidat. C’est le cas au Fouta, à Fatick, à Tambacounda…
A Kédougou, certes Hadji Cissé a perdu énormément de terrain au profit de Moustapha Guirassy, mais l’Honorable Aya Ndiaye peut bien permettre de réduire les écarts si le candidat du Sud venait à l’emporter. Cette dame a investi dans l’autonomisation des femmes et dans la transformation des produits locaux, de Kédougou à Saraya, Salémata, Médina Baffé, Oubadji, Ibel…
A Ziguinchor, on peut bien s’attendre à une réelle percée de Ousmane Sonko. Cependant, le récent soutien apporté par Abdoulaye Baldé au candidat Macky Sall peut bien contribuer à faire du bien à ce dernier.
A Saint-Louis, l’île qui était bien contrôlée par Baraya qui a toujours eu pour lui le vote des habitants du quartier populaire de Guet-Ndar peut finir dans l’escarcelle de la mouvance présidentielle. Toutefois, les récents dégâts causés par la mer peuvent, s’ils ne sont pas bien gérés, impacter négativement le score du Président sortant.
On peut bien continuer à faire la situation dans chaque région afin de montrer le retard accusé par l’opposition et les réelles chances de Macky de remporter l’élection dans ces localités.
A part à Dakar, Touba et dans une moindre mesure Thiès, où la lutte risquera d’être bien âpre, nous ne voyons pas une région où l’opposition peut bien sortir vainqueur avec un large score. Le travail de fond qu’elle devait faire tarde toujours. Beaucoup d’erreurs sont commises et ce sont les mêmes que celles-là qui leur faisaient se concentrer dans des élans contestataires dans la capitale entre 2011 et 2012. Ils avaient tous fini par oublier, à part le candidat Macky, que les élections se gagnent sur le terrain et nulle part ailleurs. Pour cela, il faut se lever très tôt et accepter de souffrir pour visiter les contrées les plus reculées du pays, afin de nouer le contact avec ces personnes qui y vivent.
Maintenant, vouloir déclarer urbi et orbi que sans la participation de Karim Wade et de Khalifa Sall, il n’y aura pas d’élection au Sénégal ne semble pas être une stratégie bien soutenable, d’autant plus que personne n’a pu empêcher la tenue de leur procès et leur incarcération. Sans entrer dans le fond des éléments de la chose jugée les concernant, nous pouvons d’ores et déjà affirmer qu’ils ne seront pas de la course. En tout cas, rien et absolument rien n’y présage, surtout en prêtant bien attention aux propos des tenants du pouvoir concernant ces deux «K».
Pour revenir à l’investiture de Macky Sall, il ne serait pas saugrenu de constater toute la confiance affichée par ce dernier. Elle est la même que celle-là notée lors du lancement de la campagne de parrainage de sa candidature par sa coalition.
D’après les informations détenues, ils seront nombreux, ces candidats à la candidature qui risqueront de ne pas franchir la barrière des parrainages. Ceux-là qui disent qu’il ne dépassera pas cinq (5), le nombre de candidats en lice lors de la Présidentielle de février 2019, en savent autant ou même plus que nous. Ils ont bien raison.
Le candidat Macky Sall a fini de soustraire bon nombre de parrains sur lesquels pouvaient compter ses adversaires afin d’atteindre le seuil requis. Seule la solidarité et une planification stratégique commune pouvaient permettre à cette opposition de mettre sur la ligne de départ plusieurs candidats et ainsi morceler le score du Président sortant. C’est bien dommage pour eux s’ils n’ont pas pu comprendre cela.
Ensuite, à part Sonko qui, reconnaissons-le, est en train de faire un bon travail même si ce n’est pas encore suffisant, les autres ne cessent de reculer dans les intentions de vote en accumulant les erreurs politiques ; C’est le cas de Bougane Guèye Dany.
Comment comprendre qu’il puisse organiser son congrès d’investiture le même jour que celui du Président sortant ? Qu’est-ce qu’il y gagne étant entendu que dans le traitement des deux évènements, le sien passera forcément au second plan et risque de ne capter que l’attention de ses souteneurs déjà convaincus.
Toujours concernant le leader de Gueum sa bopp, l’on se demande où peut bien se trouver l’intérêt d’organiser une cérémonie d’investiture pour quelqu’un qui a créé son mouvement, s’en est autoproclamé président et candidat. C’est du gâchis ! La politique n’est pas un jeu où l’on avance au feeling.
Aujourd’hui, si le parrainage est considéré comme le premier tour de la Présidentielle de 2019, alors l’investiture de Macky Sall de ce 1er décembre tient lieu de prestation de serment. Ce qui expliquerait d’ailleurs la présence à cette cérémonie de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement.
Pour février 2019, il faut bien être réaliste et se dire qu’Alea jacta est.
Souleymane LY – Spécialiste en communication – julesly10@yahoo.fr
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