Le site du camp de Thiaroye doit accueillir les impactés du Train express régional (Ter). Les rappeurs de la banlieue, avec à leur tête le rappeur Matador, ont fait face à la presse pour dire non à cette décision de l’Etat. «Il y a beaucoup de conspirations entre la France et l’Etat du Sénégal. Et ce n’est pas normal qu’on puisse effacer cette partie de l’histoire. Ce sont des gens que nous ne devons pas jeter dans l’oubli. Et recaser les impactés du Ter dans le camp, non seulement cela n’honore pas Thiaroye, mais c’est faire disparaître l’histoire des tirailleurs sénégalais», soutient Matador en présence de rappeurs venus de différentes zones de la banlieue. Ces derniers promettent de porter le combat. Ils réclament par la même occasion un site de recueillement pour les anciens tirailleurs. «Aujourd’­hui, on n’arrête pas d’être toujours victime des infrastructures de l’Etat. La première, c’est l’autoroute à péage. Et aujourd’­hui, c’est le Ter. Thiaroye est toujours victime. Et d’ailleurs pour ce projet, nous en profitons pour demander à l’Etat de mener une campagne de sensibilisation, de sécuriser les populations en mettant des passerelles, mais surtout de penser aussi aux personnes vivant avec un handicap», précise-t-il.
Dans un autre registre, Matador pense qu’aujourd’hui les rappeurs n’ont plus de liberté d’expression. «Il suffit que tu parles de l’Etat et voilà, tu as des problèmes. Nous sommes en face d’un système qui veut limiter nos droits par rapport à la liberté d’expression. Et ce problème concerne tout le monde, que ça soit la presse ou les artistes. Il faut que Macky Sall sache que le rap sénégalais va continuer à rapper sur les problèmes de société», avertit Matador.

Une nouvelle compilation sur le marché
Les rappeurs de la banlieue ont profité de cette rencontre pour lancer une nouvelle compilation dénommé Hood up qui signifie «En route vers le sommet». Selon Matador, cela permet d’aider les jeunes à se promouvoir. «Nous avons constaté que nous n’avons plus de producteurs au Sénégal. Les gens n’arrivent plus à capitaliser leurs revenus. L’album compte 15 titres avec des rappeurs de Pikine et Guédiawaye. Et cette compilation va permettre aux rappeurs de démontrer leur talent. Et bientôt Thiat et moi allons sortir un album dénommé Revue de presse et c’est du béton. Nous allons parler de l’actualité politique surtout», promet le rappeur Matador.
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