Si le procureur n’instruit pas l’affaire des 94 milliards, Ousmane Sonko promet avec la Société civile de mettre en place un jury populaire pour élucider cette question de détournement présumé. Le candidat à la Présidentielle indique déjà que «Mamour Diallo et ses complices ont encaissé 46 milliards».

Ce n’était ni un rassemblement à l’improviste ni une marche interdite mais le préfet de Dakar plateau a cru bon de s’inviter au meeting de Ousmane Sonko, samedi après-midi, à la Place de Nation. 20h18, la nuit s’est emparée de l’ex-Place de l’Obélisque et l’attention religieuse de certains partisans de la coalition «Sonko 2019» est soudainement détournée par la sirène de la police qui rappelle que l’heure de la fin du rassemblement a sonné. Le temps que le leader de Pastef accélère son discours et décrète la fin du meeting durant lequel il a apporté quelques éclaircissements aux accusations contre lui. D’abord, Ousmane Sonko a invité sa femme à le rejoindre sur scène. Visage rondelet couvert par un voile rouge, Mme Sonko hisse, avec un petit sourire, haut la main de son mari.
Devant ses partisans mobilisés sur le parvis, Sonko est revenu sur l’affaire des 94 milliards présumés détournés dans le dossier du titre foncier 1451/R de Rufisque. Et c’est pour pointer de nouveau du doigt le directeur des Domaines. «Mamour Diallo et ses complices se sont partagés 46 sur les 94 milliards. Le procureur Bassirou Guèye qui s’était acharné sur Khalifa Sall doit ouvrir ce dossier. Il se croit procureur de Macky Sall mais il est procureur de la République. S’il mérite son statut, qu’il ouvre ce dossier parce que je l’ai saisi depuis le mois de mai 2018. Je lui dirai dans quelles banques les transferts d’argent se sont faits, quelle banque a payé les 46 milliards…», a déclaré le candidat à la Présidentielle du 24 février.

«Je ne connais pas la peur»
Le leader de Pastef a encore appelé la Société civile à se saisir de ce dossier. «Si le procureur ne veut pas instruire ce dossier, nous allons, avec la Société civile, mettre en place un jury populaire», dit-il. M. Sonko n’a cependant pas nié sa collaboration avec la famille propriétaire du titre foncier en question. Raison pour laquelle, il est accusé d’avoir négocié 12 milliards de commission. «La famille propriétaire du titre foncier est venue me voir 6 mois après mes plaintes. Ils m’ont demandé d’assurer leur défense parce que je les ai aidés à identifier leur voleur. Je l’ai fait et je n’ai violé aucune loi», précise-t-il. Sur l’autre affaire, ses connivences supposées avec Tullow Oil et Oxfam, il n’est pas allé très loin et a déclaré : «Je ne connais pas la peur. Je ne suis pas cet opposant qui fait le tour des foyers religieux pour demander que le régime ne l’envoie pas en prison. Mes coups ont été rudes et le sont plus encore depuis le 29 août 2016, jour de ma radiation (sic) de la fonction publique.»
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