Poursuivis pour escroquerie au visa, faux et usage de faux dans un document administratif, Jean Marie Thomas Edouard Cherbone a été condamné à 3 mois ferme alors que son père, impliqué dans le même scandale, a pris la fuite pour échapper aux poursuites

L’Europe reste un mirage qui continue d’attirer de nombreux jeunes Africains. Attirés par l’Eldorado européen, 24 ressortissants guinéens se sont fait gruger la somme de 10,8 millions F Cfa. Ils ont ainsi porté plainte contre Jean Marie Thomas Edouard Cherbone, condamné à 3 mois ferme, et son père qui a pris la fuite pour escroquerie et faux dans un document administratif.
Les parties civiles avaient contacté le sieur Cherbone pour l’obtention de visas. Lequel leur a dit qu’il a une société minière en Guinée qui est en faillite. Mais il leur a fait croire qu’il voudrait relancer ses activités en Belgique en créant une nouvelle société. Ainsi, il aurait besoin de nouveaux emplois. Pour les besoins des dossiers et des conditions de voyage, il leur a réclamé des sommes variant entre 1 000 et 2 000 dollars. Les plaignants, qui ne pouvaient rêver meilleures opportunités pour aller faire fortune en Europe, ont vite sauté sur l’occasion. L’ancien patron d’African diamond, qui n’a pas des connaissances profondes en informatique, a sollicité les services de son fils Jean Marie Thomas Edouard Cherbone afin de leur faire des contrats de travail.
Selon les informations contenues dans le procès-verbal, son père aurait reçu des mains des candidats au voyage la somme de 8 000 dollars et lui a encaissé 10 mille dollars. Des faits qu’il a réfutés hier devant la barre du Tribunal correctionnel où il comparaissait seul après la fuite de son père qui est allé se terrer en Arabie Saoudite après avoir commis son forfait. «Je suis chef-cuisinier. Mon père m’a appelé pour me dire de lui faire des contrats de travail pour ses employés. Ils ont été envoyés à Dakar pour le dépôt de visa qui leur a été refusé. Personne ne m’a remis de l’argent», a-t-il soutenu devant le juge. Des dénégations qui contrastent fortement avec les accusations de Pauline Luwa, qui a représenté les 23 autres victimes de cette supposée arnaque. Selon cette partie civile, le père du prévenu avait promis de leur faire voyager. Certains candidats avaient manifesté le désir de se rendre en Corée, d’autres en Europe dont une dame qui voulait se rendre en Italie.
A propos des visas qui leur sont refusés, Pauline Luwa révèle que le prévenu, pour mener en bateau ceux qui voulaient se rendre en Corée, a copié sur le net un visa dont il a effacé le nom du propriétaire avant de mettre pour chaque candidat au voyage son nom. Un stratagème qui n’a pas échappé à la vigilance des autorités consulaires qui ont tout simplement rejeté les demandes formulées dans le sens de l’obtention des visas pour la Corée.
Pour l’avocat des plaignants, le prévenu veut noyer le poisson en soutenant qu’il s’est occupé seulement des contrats de travail, mais il était là au début et à la fin de cette arnaque. Il a réclamé pour chaque victime 1,7 million F Cfa pour le préjudice subi et celle de 500 mille francs pour les dommages et intérêts. Le Parquet, qui estime que les faits ne souffrent d’aucune contestation, a requis 3 mois ferme. D’après lui, les victimes sont des marchands et des étudiants. Ce qui atteste qu’ils n’étaient pas des employés comme on le prétend.
Mais du côté de la défense, on pense que la relaxe s’impose. Selon Me Moïse Dione, les faits se sont produits en Guinée. Et du moment que la remise a été effectuée dans ce pays, le délit est consommé dès la remise. C’est pourquoi il a plaidé la relaxe en demandant au Tribunal de se déclarer incompétent pour les délits commis à l’étranger. La robe noire estime aussi que son client doit être relaxé en ce sens que ce sont les parties civiles qui ont sollicité les services de son client avant de se retourner contre lui. Il pense qu’il est une victime poursuivie injustement. Au finish, il a été déclaré coupable et condamné à 3 mois ferme et à payer à chaque partie civile 1 million 700 mille francs.
justin@lequotidien.sn

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