Absence de consignes pour le Pds et les Khalifistes : VOIX DE DISPERSION

Babacar Gaye : «Le Pds doit soutenir Idy ou Madické»– Contrairement à Bamba Fall, Barth’ attend le «ndiguel» de Khalifa
Abdoulaye Wade et Khalifa Sall tardent à donner leur consigne de vote et courent ainsi le risque de division dans leur camp. Chez les «Khalifistes», c’est Bamba Fall qui ne se voit pas lié par un mot d’ordre de son chef. Chez les Libéraux, c’est Babacar Gaye qui invite son parti à soutenir Idy ou Madické et exclut tout boycott. Il y a forcément un risque de dispersion de leur électorat qui pourrait profiter au candidat sortant.
Khalifa Sall a-t-il décidé de soutenir un candidat ? Pour l’heure, des informations qui suintent de la coalition indiquent que le candidat recalé penche pour Idrissa Seck. Mais alors, pourquoi l’ex-maire de Dakar n’a pas officialisé sa consigne de vote comme l’ont fait Malick Gakou ou encore Amsatou Sow Sidibé ? C’est que la situation est plus compliquée que cela. Le report de voix n’est pas automatique ou mécanique. Et il y a un gros risque de voir ses soutiens se disperser d’autant plus que si certains ne se retrouveraient pas sur la ligne du leader de Rewmi, un allié aux Législatives, d’autres tenteraient de se liguer derrière Ousmane Sonko. Sous ce rapport, il y a fort à parier que les responsables «khalifistes» se dispersent, leurs électeurs aussi. Toute division ne ferait que l’affaire de Macky Sall, mais aussi les conséquences pourraient être fâcheuses pour l’avenir de leur leader. «Toute décision prise pour cette Présidentielle aura un impact sur les élections locales à venir», a déclaré le maire «khalifiste» de la Médina dans L’Observateur du mercredi 30 janvier. Et voilà au moins un qui, par sa position, prouve toute la délicatesse d’une consigne de vote. Bamba Fall poursuit : «Ce n’est pas seulement le choix de Khalifa qui compte (…). Même si Khalifa parle, ma position va tenir compte de l’intérêt de la Médina.» Et de son intérêt aussi ! Alors, quelle est la position de Barthélemy Dias qui avait mis fin à la polémique naissante sur un Plan B en cas de condamnation de Khalifa Sall ? Bamba Fall et Youssoupha Mbow avaient publiquement désigné Idrissa Seck. Et le froid s’était installé avec le maire de Mermoz-Sacré Cœur qui, même s’il n’a pas donné sa position, a semblé orienté les «Khalifistes» vers le leader de Pastef avec lequel il se baladait au Plateau. Il faut noter d’ailleurs que le silence de Dias-fils depuis l’invalidation de la candidature de Khalifa Sall est intrigant. Et même certains de ses camarades ne se l’expliquent pas. Il a dû en sortir pour mettre fin aux supputations hier dans une vidéo. Selon lui, Khalifa Sall attend le verdict de son recours devant la Cour de justice de la Cedeao pour se déterminer. Mais c’est que Barth’ ne partage pas, même s’il ne le dit pas, la position de Bamba Fall qui dit ne pas être lié par une éventuelle consigne de son mentor. «Ce que Khalifa dit, c’est ce que nous disons. Ce qu’il ne dit pas, nous ne le disons pas», a-t-il souligné non sans tirer sur Macky Sall. Ce qui est évident, c’est qu’il n’y a pas de convergence de vues sur le candidat à soutenir. Et c’est le même cas et les mêmes risques au Pds.
Pds divisé entre soutien et jusqu’au-boutisme
Chez les Libéraux, le bruit court pour un soutien à leur ex «frère» de parti. La question est sérieuse puisqu’il s’agit de l’avenir du principal parti de l’opposition dont le candidat a été également recalé par le Conseil constitutionnel. Ce n’est pas pour rien que les caciques ont vite fait d’étouffer la rumeur ou considérée comme tel sur une consigne en faveur de Idrissa Seck. Depuis mercredi, c’est une avalanche de démentis et de précisions par Mayoro Faye, Me El Hadj Amadou Sall. Et celle de Oumar Sarr est encore plus officielle, lui qui est aux côtés du secrétaire général du Pds à Versailles. «Nous n’avons pas encore abordé ce sujet. Nous sommes en discussion permanente avec Me Abdoulaye Wade et les autres responsables du parti, mais cette question n’a pas encore été évoquée. Ce sont les journalistes qui épiloguent sur cela. Nous voyons comment faire pour battre Macky Sall», a-t-il dit sur emedia.sn. C’est quand même le numéro 2 du Pds qui parle. Sauf que c’est parti pour une division au sein du Pds. Il y aura deux camps : celui des jusqu’au-boutistes et celui des partisans d’un soutien à un candidat. Babacar Gaye est le premier à avoir une position tranchée sur la question. Le porte-parole du Pds qui réunissait hier ses «frères» de Kaffrine, son fief, a publié une vidéo sur sa page Facebook pour inviter son parti à soutenir «un candidat libéral» de l’opposition, c’est-à-dire Idrissa Seck ou Madické Niang. C’est dire que les Libéraux ne sont pas sur la même ligne ni onde. Le Pds n’échappe pas au risque d’implosion si la télécommande ne zappe pas la chaîne du «ni… ni…». Ni Idy ni Madické.
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