C’est un euphémisme : Me Abdoulaye Wade a eu un impact exceptionnel sur l’histoire de son pays. A 95 ans, il porte les habits de personnage adulé, mais son discours porte-t-il encore auprès de ses sympathisants, qui l’ont salué dans la rue après son retour ? Dans une autre vie, il aurait été suivi par une foule déchaînée et acquise à sa cause. Cela a créé la «jeunesse malsaine», houspillée par Diouf en ‘‘88’’. Celle-là même, qui remplissait le Parc à Mazout, le Boulevard du centenaire, pour chahuter le régime socialise. Me Wade était le parrain de toute cette jeunesse désabusée, victime d’années blanche (88) ou invalide (93), de diplômés chômeurs.
En 2019, Me Abdoulaye Wade a voulu dupliquer ces méthodes éculées pour contester le déroulement de la Présidentielle. La nouvelle fait d’autant plus de bruit qu’il n’est pas candidat à la présidence de la République. Seulement voilà : Il a voulu renouer avec la nature des liens du passé détruits par la modernité et l’évolution de notre système démocratique. Il a oublié que la foi aux grandes espérances politiques, qui enflammait les contestations publiques de l’époque, est révolue. Portée par un autre contexte, cette «insurrection des consciences», qui appelait chacun à «faire sa part» de son temps dans la rue, a été «neutralisée» par deux alternances exemplaires. Qui montrent la vitalité de la démocratie sénégalaise, qui se nourrit souvent de peurs instillées par la classe politique.
En vérité, l’attitude du personnage et le contenu de son discours reflètent et révèlent un combat personnel : désabusé par la défaite de 2012, rétif au rationalisme politique actuel, Me Wade livre son baroud d’honneur tout en sachant qu’une autre voie est aménagée.
Il faut l’admettre définitivement : Aujourd’hui, Me Wade est une pâle caricature du fringant et controversé opposant qu’il fut, celle d’un provocateur relativement inspiré, d’un démocrate engagé et d’un ex-président attaché aux valeurs républicaines.
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