La ville sainte acquise à la cause de Idy : Macky toujours à la peine à Touba
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Les premières tendances de la Présidentielle hier dans la ville sainte de Touba ne sont pas favorables au Président sortant. Malgré tous les investissements qu’il a faits dans la capitale du mouridisme et ses nombreuses incursions dans la cité de Bamba, Macky Sall peine toujours à séduire les populations de Touba.
La ville sainte de Touba n’est pas tombée dans l’escarcelle de la coalition Benno bokk yaakaar (Bby). Le candidat de la majorité, le Président sortant Macky Sall, n’est pas sorti vainqueur dans l’essentiel des centres de vote ouverts dans le périmètre communal de la capitale du mouridisme. Le candidat de la coalition «Idy2019» lui dame le pion en le surclassant. Des résultats et une performance de l’ex-Pm de Wade, qui peuvent s’avérer surprenants, vu les nombreux et importants investissements faits dans divers domaines pour la ville qui fait vibrer la communauté mouride. La cité de Bamba a été plus que choyée sous le règne du premier mandat du Président Macky Sall. Tout cela dans la continuité ou le sillage de la politique de réalisation d’ouvrages de première main de son prédécesseur, Me Abdoulye Wade. Qu’est-ce qui n’a pas accroché les populations de Touba, chez les tenants du pouvoir, au point de les amener à sanctionner négativement le candidat de Bby ? Est-ce l’image du Président Macky Sall qui ne séduit pas ? La stratégie électorale de la majorité n’a-t-elle pas été à la hauteur des attentes des électeurs pour le scrutin d’hier ?
L’absence du Président Wade dans cette compétition semblait laisser croire que l’élection n’y serait pas trop éprouvante pour le patron de la mouvance présidentielle. Le Président sortant s’y est même rendu avant de procéder à l’ouverture de sa campagne électorale. Son Premier ministre et coordonnateur du pôle programme du candidat Macky Sall, Mahammed Boun Abdallah Dionne, est revenu sur place, jeudi dernier, à la veille de la clôture de la campagne électorale avant d’être raccompagné par les huées de certains partisans de Idrissa Seck. Mais toutes ces démarches et initiatives du camp présidentiel ne se sont pas traduites dans les urnes hier en faveur du candidat à sa propre réélection, Macky Sall.
Les populations de la ville sainte de Touba ont plus sanctionné le candidat de Bby que se prononcer en faveur du candidat de «Idy2019». Même si le travail souterrain du candidat Idrissa Seck a plus ou moins produit ses effets.
Boun, Idy et Sonko, les pyromanes en campagne
Les différents états-majors n’ont pas voulu attendre les instances habilitées à proclamer les résultats, avant de donner leurs estimations. Face à l’avalanche des chiffres qui les donnaient à la traîne derrière le candidat Macky Sall, Idrissa Seck et Ousmane Sonko ont décidé de faire une sortie commune face à la presse, pour affirmer que, selon les chiffres en leur possession, il n’était pas possible d’éviter un second tour de la présidentielle.
Néanmoins, ce qui a le plus attiré l’attention, ce sont les menaces proférées contre des organes de presse, notamment du Groupe Gfm et des médias français. Sans recul ni retenue, sur la base de rumeurs circulant sur Internet, les dirigeants de deux principales coalitions opposées à Macky Sall, ont «mis en garde la presse française» dont selon eux, certains organes avaient annoncé la victoire de Macky Sall au premier tour. Ils ont poussé le bouton plus loin, en accusant les organes de Gfm de fabriquer des faux chiffres qui donneraient le président sortant vainqueur au premier tour. C’est pourtant le candidat Ousmane Sonko qui, le samedi 16 février dernier à Kédougou, portait la contradiction à son nouvel ami Me Wade, en affirmant qu’il n’était pas facile de truquer des élections au Sénégal.
Et c’est pourtant le même travail qui leur est reproché aujourd’hui, que les journalistes de la Rfm ont toujours réalisé à chaque élection, depuis 2007, et qui date de l’époque où certains parmi eux étaient à Walf Fm. Ce travail qui a à ce jour, permis d’assurer la transparence des scrutins dans ce pays, et d’éviter toutes les tentatives de fraude. Adulés quand ils donnent des résultats qui arrangent les politiciens, les journalistes sont voués aux gémonies quand leurs comptes rendus ne répondent pas aux attentes de certains.
Dans le registre des apprentis-sorciers, on peut noter également la sortie du Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne. Comme en réaction à la sortie des deux challengers de son chef Macky Sall, M. Dionne a affirmé au siège de son partie, à Mermoz, que son candidat remportait l’élection au premier tour, à 57% sans donner la base qui lui permettait d’avancer ces propos, ni laisser à la Commission de recensement ou au Conseil constitutionnel le loisir de déclarer les résultats définitifs.
Et bien entendu, comme pour la sortie de Seck et Sonko, celle de M. Dionne a fait l’objet d’une forte réprobation. Et poussé certains à se demander si les populations sénégalaises, qui ont voté dans le calme et la discipline, avaient vraiment les dirigeants politiques qu’elles méritaient.
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