Le Bureau régional du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) en Afrique de l’Ouest et du Centre, en collaboration avec le Groupe des ambassadeurs africains, a procédé hier au lancement du rapport annuel de ses interventions, en 2018, dans les 23 pays de la région. Selon lui, de bons résultats ont été obtenus grâce à l’implication des responsables religieux, communautaires et traditionnels qui ont adopté le concept de dividende démographique, dont l’opérationnalisation est de plus en plus mise en œuvre.

Le rapport d’étape 2018 sur le dividende démographe en Afrique de l’Ouest et du Centre révèle d’importants progrès même si, précise Mabigué Ngom, «les progrès ne sont pas homogènes partout dans la sous-région». Le directeur régional de l’Unfpa se félicite de la dynamique lancée. «Il y a une plateforme, une conviction politique forte, car près de 51 Etats africains ont fait de la capture du dividende démographique une priorité lors de la réunion de Accra, au Ghana. Il y a aussi un outil programmatique et certains pays commencent même à mettre des ressources pour la mise en œuvre de ce programme», se réjouit-il. Il cite quelques initiatives concrètes «assez dynamiques», qui se dessinent, notamment le projet pilote «Health center», basé dans la commune de Fass à Dakar et qui sert de modèle pour les 6 pays de la sous-région. «Cette initiative d’ailleurs est mise en œuvre en Guinée et au Tchad», souligne le rapport.
Maintenant, soutient le directeur régional de l’Unfpa, le défi pour notre organisation, c’est de peaufiner, de renforcer et d’étendre ces initiatives dans des endroits où la dynamique est peu timide. Et pour ce faire, l’Unfpa demande à chaque pays d’avoir un profil d’intervention en phase avec l’état des lieux. M. Ngom souhaite également que l’engagement fort des Etats soit suivi d’instructions budgétaires additionnelles. Pour lui, le chantier du dividende démographique n’est pas un petit engagement qu’on réalise en deux ou trois années. «Il nécessite un effort fiscal conséquent, une mobilisation continue de tous les acteurs», indique-t-il.
Mais que dire de cette fracture qui existe entre la volonté affichée des Etats à vouloir maîtriser le poids démographique et les communautés qui soutiennent des thèses souvent contradictoires ? Pour Mabigué Ngom, ce n’est pas un problème. «La question de la maîtrise du poids démographique est en train d’être appropriée par toutes les couches de la population», soutient-il. Par contre, il reconnaît qu’il faut améliorer les méthodes de communication pour faire en sorte que les populations, les couches démunies où les transformations sont attendues, puissent être au cœur de leurs prochaines actions parce que «si au niveau des communautés les plus reculées il n’y a pas eu de changements, nous n’allons pas faire de progrès». Pour cette raison, l’Unfpa a adopté une approche stratégique qui s’adosse aux réseaux de jeunes, de parlementaires, de religieux, de communicateurs traditionnels. Cette sous-organisation onusienne descend au niveau des masses pour créer une dynamique de changement. Réagissant aux propos de Emmanuel Macron qui aurait fait des commentaires sur la nécessité pour les Africains de maîtriser leur poids démographique, le directeur de l’Unfpa soutient que c’est un mauvais procès qu’on lui fait. «Ce Président en a parlé trois ans après que j’ai pris mon bâton de pèlerin. Donc pourquoi on ne me désigne pas du doigt ?», s’interroge-t-il. Pour lui, l’essentiel «c’est de changer la pyramide des âges sans laquelle l’Afrique ne peut espérer un développement».
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