Il n’est pas exclu que François Fillon se retire de la course à la Présidence française, s’il est mis en examen dans le cadre de l’affaire d’emplois fictifs mettant en cause son épouse, Penelope. Le candidat de la droite l’a annoncé hier du journal de Tf1.

François Fillon a fermement démenti jeudi que son épouse Penelope ait bénéficié d’emplois fictifs, une «accusation abjecte», assurant qu’il ne renoncerait à la présidentielle que s’il était mis en examen. «La seule chose qui m’empêcherait d’être candidat c’est si mon honneur était atteint, si j’étais mis en examen», a-t-il précisé, comme il l’a «toujours dit». «Ma femme travaille pour moi depuis toujours, elle a corrigé mes discours, m’a représenté dans les manifestations, elle me faisait la synthèse de la presse», a justifié François Fillon sur Tf1. «Son travail est réel, et je m’en expliquerai devant la justice», a avancé le can­didat Les Répu­blicains à la Présiden­tielle, avant d’avancer qu’il allait porter plainte contre les journaux ayant lancé ces accusations.
A quelques minutes de l’intervention de François Fillon dans le Jt de Tf1, un nouveau témoignage venait jeter le trouble sur la légalité de la rémunération de l’épouse du candidat. Au micro de Rtl, l’ex-directeur de la Revue des deux mondes, Michel Crépu, a déclaré jeudi n’avoir jamais eu connaissance d’une mission de «réflexion stratégique» confiée à Penelope Fillon en 2012-2013 ; hypothèse, selon lui, «totalement extravagante» et «pas plausible». A la suite des révélations du Canard Enchaîné, le Parquet financier a ouvert une enquête sur la réalité de plusieurs emplois de Penelope Fillon, dont un emploi rémunéré à la Revue des deux mondes entre mai 2012 et décembre 2013, lorsque Michel Crépu dirigeait la revue.
Le propriétaire de la revue, Marc Ladreit de Lacharrière, ami de François Fillon, a affirmé dans Le Monde daté de vendredi qu’il avait confié à l’épouse de François Fillon une «réflexion stratégique informelle». «Ce qui me semble totalement extravagant est la possibilité qu’il y ait eu une sorte de cabinet fantôme» à la revue, a répondu Michel Crépu sur Rtl. «Je n’arrive pas à le concevoir dans sa réalité propre», a-t-il ajouté. Il a précisé qu’il serait auditionné vendredi sur cette affaire par les enquêteurs du Parquet financier. «Cette réflexion stratégique a peut-être eu lieu, je n’ai aucune preuve qu’elle n’ait pas eu lieu. Mais la logique aurait voulu que je sois prévenu, car la Revue des deux mondes, c’est deux personnes et demie», a poursuivi son ancien directeur.
Interrogé sur la plausibilité d’une telle mission confiée à l’épouse de François Fillon, il a répondu catégoriquement : «Non, la réponse est non. Marc Ladreit de Lacharrière m’avait téléphoné […] et demandé si je voulais bien prendre des notes de Penelope Fillon qui avait un peu de temps et s’ennuyait un peu. J’ai dit à Marc : Oui, pourquoi pas. J’ai reçu deux notes, signées d’un pseudo. Je ne peux même pas dire qu’elle est l’auteur de ces notes», a-t-il poursuivi. Le salaire de Penelope Fillon à la Revue des deux mondes a été, selon Le Canard, de 5 000 euros par mois. Michel Crépu précise qu’il était rémunéré pour son poste de directeur 6 500 euros par mois. Depuis 2014, Michel Crépu est parti diriger la Nouvelle revue française (Nrf) chez Gallimard, et assure être parti en «très bons termes» avec Marc Ladreit de Lacharrière.

Remise de documents au Parquet
L’avocat de François Fillon, Me Antonin Levy, a remis des documents jeudi en début d’après-midi au pôle financier à Paris. Ils sont censés attester de la réalité du travail fourni par Penelope Fillon.
lepoint.fr