J’ai suivi sans doute comme beaucoup de Sénégalais, votre investiture par le Conseil constitutionnel dans vos nouvelles fonctions pour servir notre patrie. J’ai surtout noté votre discours mémorable à tous points de vue, par sa clarté, son éloquence, sa rigueur et sa pertinence, le tout dans une langue que nous avons plus l’habitude d’entendre c’est-à-dire un français limpide, cohérent, vivace et correct. Je dois dire que votre discours m’a rappelé ceux que le Président poète Léopold Sédar Senghor plaisait à nous abreuver. Nul autre discours ne m’a autant impressionné comme celui prononcé  le Président Senghor lors du Concours général en 1975 en vous écoutant à cette cérémonie. On eût dit que le Tout Puissant vous a doté en ce moment-ci d’un don et d’une inspiration sublimes. Mais ce qui m’a admirablement séduit, c’est que vous êtes déjà entré dans ce qui me paraît essentiel pour notre vie, notre environnement, longtemps dégradé,
pollué, malmené, détruit par l’insouciance des citoyens que nous pensons être. Car, au delà des devoirs envers notre famille, notre pays, nos préoccupations ne sont pas toujours tournées vers l’essentiel de notre vie. Assurément, je pense comme vous qu’il est urgent de nous débarrasser de notre instinct à tout mettre sur le dos de l’Etat, dès que la tâche ne nous incombe pas directement comme l’encombrement et l’inorganisation de nos cités, le ramassage de nos ordures ménagères, de même que l’entretien des édifices publics dont beaucoup de nos citoyens participent à la dégradation quand ils ne les détruisent pas à leur profit.
Je suis tenté de dire que c’est ici soit la conséquence d’une négligence coupable ou alors d’un sentiment antinational et antipatriotique que nous devons combattre et éliminer. Le Sénégal de 2019, connu pour démocratie mature, doit donner l’image d’un pays qui se développe et se construit. Nous servons d’exemple à beaucoup de pays africains aux plans politique, institutionnel, social, culturel, et surtout par une cohésion tout à fait enviable. Mais, derrière ces qualités intrinsèques d’un pays stable, se dresse un tableau sombre d’une insouciance à la qualité de vie, d’une surexploitation de nos ressources halieutiques, ligneuses, etc. Dans combien de demeures, de maisons voire de places publi­ques, trouve-ton, un endroit aménagé pour du gazon, des fleurs ou même des pots de fleurs ? Il y en a peu malheureusement. L’espace réduit de nos villes ne doit pas être une excuse pour l’absence de la nature verte, car, tout un chacun doit se convaincre que le monde change par la rareté de la végétation dont sont liées la vie, la pluie, la survivance de l’espèce humaine et animale. Les déserts du monde où toute vie est aujourd’hui impossible, étaient, on le sait, des endroits où la végétation, la faune et la flore furent exubérantes. Je forme l’espoir que nous fassions de la qualité de l’environnement, une supériorité et c’est aux citoyens que revient cette œuvre hautement humaine. L’on ne doit reculer devant aucun écueil et toute victoire sera celle de tous les Sénégalais qui auront réussi alors, un exploit qui, jusqu’à cette date, semblait inaccessible.
Encore une fois, Monsieur le Président, merci de donner à nous autres anciens et du 3e âge, l’espoir de voir notre pays enfin propre et bien accueillant comme il le fut jadis.
Fodé GUISSE
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