C’est un événement historique pour l’art contemporain de Madagascar. Pour la première fois de l’histoire, la Grande Île va participer à la Biennale de Venise, la plus importante manifestation d’Art contemporain au monde.

Comme 120 autres pays, Madagascar aura donc, pour cette 58e édition, un pavillon à elle au cœur de la Cité des Doges. Après l’exposition des arts malgaches au Quai Branly jusqu’au 1er janvier 2019, cette nouvelle aventure est le signe du dynamisme de l’Île à s’inscrire dans les grands courants artistiques mondiaux. Jeudi, le ministère de la Culture et le commissaire de l’exposition ont présenté l’artiste en charge de représenter Madagascar du 11 mai au 24 novembre prochain.
Il se définit comme un «fabricant de formes». Comme un «conquérant des émotions universelles». A 41 ans, Joël Andrianomearisoa jouit d’une renommée internationale. Plas­ticien à la base, l’artiste pluridisciplinaire expose et propose des performances de Washington à Paris, de Madrid à Berlin. Pour la Biennale de Venise, l’artiste disposera d’un espace de 250m² et 8m de hauteur sous plafond dans le célèbre arsenal vénitien.
L’œuvre est en cours de conception, mais Joël Andriano­mearisoa nous dévoile quelques pistes de réflexion : «Moi je vais essayer à 2000 % d’y apporter une âme malgache. Donc il y aura un foisonnement de matériaux. Il y aura des suspensions. Il y aura du son. C’est quelque chose sur lequel j’aimerais beaucoup, beaucoup travailler. La littérature sera présente. Elle sera écrite. Mais elle sera sonore, à un moment, aussi. Moi je suis toujours un peu contre cette idée de comprendre l’art. Je pense qu’il faut juste s’émouvoir de temps en temps. Et c’est ce que je recherche quand je parle de la matérialité de l’émotion. C’est ce que je recherche aussi quand je parle d’âme. Ce que je vais tenter de faire pour la Biennale et pour la première participation de Madagascar, c’est de placer cette idée de l’âme malgache dans le monde contemporain d’aujourd’hui.» Après l’exposition du Quai Branly à Paris, le projet de Venise est un autre engagement fort pour que Madagascar rayonne culturellement, selon Eléo­nore Johasy, ministre de la Culture : «Tout laisse croire que maintenant, l’art malgache commence à être reconnu. Nos artistes ont fait un travail extraordinaire depuis de nombreuses années en toute discrétion d’abord. Maintenant, ils commencent à être sur les différentes places où les meilleurs des arts contemporains et anciens s’expriment.»
Tous les deux ans, la Biennale de Venise draine quelque 1,5 million de visiteurs. Une formidable occasion de démontrer à l’international toute la modernité artistique de Madagascar. Parallèlement à la conception de l’œuvre, commence désormais le long travail de recherche de financements privés.
Rfi