Pour une mise en œuvre efficace des mesures préventives de Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Lbc/Ft) au sein de ses Etats membres, le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) a réuni du 10 au 12 juin, à Dakar, plus d’une centaine d’acteurs de la lutte contre la criminalité financière, afin de renforcer leurs capacités sur les questions actuelles de Lbc/Ft et les risques émergents, tels que les monnaies virtuelles, les finances et régulations à l’aide des technologies (FinTech et RegTech).

Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest aborde les points essentiels des questions émergentes qui mobilisent toute l’attention des acteurs de lutte contre la criminalité financière. Dans le cadre d’une rencontre tenue du 10 au 12 juin à Dakar, le Giaba a réuni des acteurs chargés de la régulation, des cadres des Cellules de renseignement financier (Crf) chargés de la conformité et les responsables de conformité des institutions financières…, afin de renforcer leurs capacités sur les questions émergentes, telles que les monnaies virtuelles, les finances et régulations à l’aide des technologies (FinTech et RegTech). Cette rencontre devrait aussi servir de forum aux participants pour un échange d’expériences et favoriser la coopération et la collaboration en vue d’une mise en œuvre efficace des mesures préventives de Lbc/Ft au sein des Etats membres du Giaba.
«Il a été constaté, après plusieurs décennies de lutte, que l’activité des criminels financiers n’a pour limite que les failles de nos dispositifs. Autant dire que nous devons rester mobilisés en permanence. Dès lors, approcher les menaces émergentes permet d’aborder le présent tout comme le futur en étant mieux outillés et mieux préparés pour une lutte efficace. L’initiative de réunir un échantillon représentatif des acteurs régionaux de la Lbc/Ft pour débattre des questions émergentes pendant trois jours est donc à saluer. Cette réunion qui se fixe comme objectifs de renforcer les capacités, de sensibiliser, de servir de forum et de promouvoir la coopération et la coordination entre les différents acteurs, autorités compétentes comme opérateurs privés, trouve ainsi tout son sens», assure Daouda Sembène, directeur général du secteur financier au ministère des Finances et du budget, qui prenait part à cette réunion régionale.

Des faiblesses dans le dispositif réglementaire de Lbc/Ft,
Les résultats du premier cycle des évaluations mutuelles du Giaba, d’après le secrétariat de l’organisation régionale, indiquent en effet «une performance générale faible du secteur financier en raison de plusieurs facteurs, en l’occurrence un engagement insuffisant de la part de la direction des institutions financières dans la mise en œuvre des normes de Lbc/Ft, des faiblesses dans le dispositif réglementaire de Lbc/Ft, une faible capacité et une absence de collaboration et de coopération effectives entre les régulateurs et les opérateurs dudit secteur. Pour les pays à faible capacité, à l’instar des Etats membres du Giaba, les nouveaux développements technologiques et d’autres questions émergentes viennent s’ajouter aux défis actuels et ont des implications profondes pour les autorités de régulation et les opérateurs du secteur privé (entités déclarantes), particulièrement dans le cadre de la mise en œuvre de la Lbc/Ft».
Ainsi, estime la présidente de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), «le renforcement de capacités de l’ensemble des acteurs de la lutte, la sensibilisation et le partage d’expériences et de meilleures pratiques sur les risques émergents sont devenus des moyens indispensables à la formulation de réponses appropriées à la criminalité financière». Ramatoulaye Gadio Agne argumente : «Les progrès technologiques, présentement bien intégrés dans l’offre de produits et services financiers, ont vite été investis par les criminels financiers à des fins de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Certains pensent même que l’appréhension des risques inhérents au recours croissant à la nouvelle technologie et à la monnaie virtuelle est prématurée, tant ces questions semblent, à première vue ‘’lointaines’’ à la fois par rapport au temps et à la position géographique de notre région.» Mais dès qu’on raisonne en termes d’interconnexion et de globalisation de la menace, considère Mme Agne, «l’on se rend compte que la notion de frontière pourrait être approchée autrement surtout quand on traite de flux financiers, de transactions financières et de recours à des plateformes en ligne».
Pour relever tous ces défis, des experts régionaux et internationaux et des cadres compétents du secrétariat du Giaba ont, à travers des présentations, des travaux en sous-groupes, des partages d’expériences et d’études de cas, examiné durant ces trois derniers jours certaines de ces questions actuelles et émergentes en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme qui ont une incidence sur la mise en œuvre de la Lbc/Ft dans la région.
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