Pour l’heure, il n’est pas encore établi que des Sénégalais sont parmi les victimes du bombardement du centre de détention de Tadjourah dans la banlieue Est de Tripoli. Sory Kaba, directeur des Sénégalais de l’extérieur, informe que ses services sont en train de procéder au recoupement nécessaire pour y voir plus clair. L’organisation internationale des migrants, Horizon sans frontière, parle d’une centaine de morts parmi lesquelles des Sénégalais, Guinéens, Gambiens, Erythréens,…

C’est une bavure, qui a ému la Communauté internationale, qui a du mal à admettre le bombardement d’un centre de rétention de migrants à Tripoli. Et des Sénégalais auraient péri dans ce raid meurtrier. La révélation est de l’Ong Horizon sans frontière qui demande l’ouverture d’une enquête internationale indépendante pour tirer cette affaire au clair. Mais le directeur des Sénégalais de l’extérieur, Sory Kaba, qui a été joint hier par téléphone, n’a ni confirmé ni infirmé cette information. Il dit : «On n’en est pas encore sûrs. Nous sommes en train de réunir nos éléments d’information. On ne peut pas aujourd’hui confirmer quoi que ce soit sur ce dossier-là.» Selon Horizon sans frontière, le bilan provisoire serait d’une centaine de migrants tués et de 200 autres blessés lors du raid aérien sur le camp de migrants à Tadjourah dans la banlieue Est de Tripoli. Parmi les victimes, il y aurait des Sénégalais, des Guinéens, des Gambiens, des Erythréens, etc. Et selon son président Boubacar Sèye, la moitié des personnes déclarées comme étant des Erythréens sont des Sénégalais, parce que, dit-il, ils veulent bénéficier du droit d’asile. Ainsi après cette attaque d’une «extrême gravité», Hsf a condamné avec «la plus grande fermeté, cette barbarie humaine». En effet, l’organisation déclare avoir alerté depuis longtemps sur la situation sans être entendue. «Ce qui s’est passé hier (mardi) ne surprend pas. Parce que ce n’est pas une première. Il y a plus de 6 000 personnes en situation de détresse. La Libye est une terre de trafic mais personne n’en parle. Aujourd’hui on en est là. L’horreur est absolue. Elle a atteint son paroxysme avec ce qui s’est passé. Les Nations unies, les Etats condamnent mais il faut agir maintenant. Il faut agir parce qu’il y a urgence absolue», a dénoncé Boubacar Séye d’Hori­zon sans frontière.
D’ailleurs il soutient que le bilan va s’alourdir. A l’attention des dirigeants des pays d’origine de ces migrants, il prévient que les corps des victimes peuvent faire l’objet de trafic d’organes. C’est pourquoi en lieu et place des condamnations habituelles, il appelle à la responsabilité et au sens de l’honneur et de la dignité humaine. Il estime que l’Europe aussi doit se remettre en cause. A la Communauté internationale, il lui conseille de revoir la gestion des flux migratoires dans un monde mondialisé. Quant aux Etats africains d’où proviennent les migrants aujourd’hui en Libye, Boubacar Sèye les exhorte à prendre des dispositions en ce qui concerne le chômage des jeunes qui quittent leur pays d’origine faute de travail. Rappelons que depuis des mois, les troupes du général Khalifa Haftar mènent une offensive sur Tripoli où siège le gouvernement d’Union nationale reconnu par l’Organisation des Nations unies (Onu). Pris entre deux feux, les migrants sont des otages sans soutiens.

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