MOUVEMENT D’HUMEUR – Boycott du second tour du Baccalauréat des élèves non-voyants : Des enseignants handicapent les épreuves

Le Syndicat unique des travailleurs enseignants pour les personnes handicapés (Suteph) a perturbé hier le déroulement des épreuves du second tour au lycée El Hadji Malick Sy de Thiès. Il a boycotté l’exercice de décodage et de transcription des sujets en braille pour s’insurger contre leurs mauvaises conditions de travail.
«On en a marre.» C’est le hurlement de détresse du Syndicat unique des travailleurs enseignants pour les personnes handicapés (Suteph), qui s’insurge contre leurs mauvaises conditions de travail. Les enseignants spécialisés, membres de ce syndicat, ont perturbé hier la transcription des épreuves en braille du second tour des élèves non-voyants, avant l’intervention de l’inspecteur d’Académie de Thiès, qui a promis de faire part de leurs revendications aux autorités. Selon Michel Tine, chargé de la communication du Suteph, «la commission du Baccalauréat des élèves handicapés visuels a été délocalisée depuis 4 ans, de l’Office du Bac à Dakar au Lycée Malick Sy de Thiès pour mettre dans de très bonnes conditions les élèves». Mais, regrette-t-il, «c’est un déplacement sans mesure d’accompagnement. Puisque quand nous étions à Dakar, après dix jours de travail, nous recevions nos indemnités. Mais depuis que nous sommes à Malick Sy on a qu’une portion congrue des indemnités, alors que nous abattons un travail de titan». Le syndicaliste explique : «Nos élèves commencent les épreuves une heure après les autres. Parce que le chef de centre nous donne le sujet dans une clé dès le début des épreuves. Nous la mettons ensuite dans nos machines pour la transcrire en braille. Ça nous prend une heure de temps avant de remettre l’épreuve aux élèves pour qu’ils commencent a planché. Si l’épreuve fait trois heures de temps les voyants finissent à 11h là où les non-voyants le terminent en 5h de temps parce qu’ils ont le tiers du temps qu’on leur accorde. Donc ils nous rendent les copies vers 13h soit 6h de temps après. Si dans la journée, on a trois épreuves, on en a pour 18h de temps ce qui fait qu’on ne quitte pas le centre d’examen avant 24h. Parfois même la sécurité oublie que le jury des personnes handicapées visuelles est dans le lycée.» Michel Tine de poursuivre pour relever : «Les dernières copies nous parviennent à 20h et la transcription d’une feuille d’un élève prend à peu près 3h. Et ceci sans compter l’anonymat. Parce qu’après avoir transcrit du braille au noir nous prenons les feuilles d’examen ordinaires pour faire l’anonymat afin que l’on ne sache pas que l’élève est un déficient visuel (Dv). Et ce travail nous le faisons sans parti pris ni complaisance.» Pour dire, selon lui, que «c’est un travail très sérieux qui nécessite une attention soutenue». Par conséquent, il s’offusque que «pour ce volume de temps et de travail nous obtenons que des miettes, et pour moins que ça, des agents de l’Etat, qui n’ont aucun mérite, reçoivent des perdiums de 100 mille F Cfa à Saly». Il reste catégorique sur leur détermination d’aller au bout de la revendication : «Parce que des professeurs sont déplacés et rémunérés par rapport à leur copie. Et nous, nous demandons que 50 mille F Cfa par rapport au travail que nous faisons par jour et par transcripteur. Nous demandons juste aux autorités d’être indemnisés conformément au volume de travail que nous faisons. Nous sommes des agents consciencieux et responsables, nous ne voulons aucun mal à l’éducation nationale ni à nos élèves mais nous comptons nous faire respecter.» Et de cracher : «Nous ne lâcherons pas l’affaire tant que les autorités de l’Inspection d’académie, de la préfecture et de la gouvernance ne trouvent une solution à notre problème.» Sinon, menace-t-il, «nous allons boycotter la semaine prochaine l’examen du Bfem».