Du 25 au 27 juillet se tient à l’Ena un colloque international sur le thème «La réforme de l’Administration publique face aux défis de l’émergence» à l’initiative de l’Association sénégalaise des anciens élèves et auditeurs de l’Ecole nationale d’administration (Ena) de France (Asena).

En 2016, Dakar avait organisé un forum sur l’Administration. Des années après, elle a toujours du mal à gommer certaines tares, qui plombent son efficacité et efficience. Car au quotidien, les citoyens se plaignent de la qualité de cette Administration à tous les niveaux de l’échelle. Ainsi l’Association sénégalaise des anciens élèves et auditeurs de l’Ecole nationale d’administration (Ena) de France tient depuis hier, un colloque international sur le thème : «La réforme de l’Administration publique face aux défis de l’émergence.» «Il faut qu’on casse les murs entre l’Administration, l’Ena et le secteur privé», préconise M. Amadou Hott, ministre de l’Economie, du plan et de la coopération au nom du président de la République. Un changement de paradigme est, dit-il, une nécessité dans la marche vers l’émergence économique. Au vu du contexte actuel mondial et pour l’atteinte des objectifs du Plan Sénégal émergent (Pse) horizon 2035, pour lui, il nous faut «un Etat stratège, prospectiviste, investisseur, gestionnaire et social au-delà de son rôle traditionnel d’Etat régulateur et régalien».
Concernant l’Etat stratège, le ministre estime qu’il est nécessaire de mieux préparer, construire l’avenir avec une vision claire, de bonnes politiques de planification, des stratégies pertinentes de développement des différents secteurs, développer des partenariats publics-privés. A ses yeux, sous ce rapport, l’Etat sera capable de définir les besoins en infrastructures sociales de base telles que les écoles, centres de santé, forages, routes, etc. pour les 3 décennies à venir. Il reconnait par ailleurs que tout ceci n’est réalisable qu’avec une mobilisation efficiente des ressources. D’ailleurs, selon lui, c’est le cas avec le Pse. Alors pour le cas de l’Etat investisseur, M. Amadou Hott est d’avis qu’il faut une vision à long terme pour soutenir les efforts privés mais aussi booster ses investissements. Pour l’Etat gestionnaire, le ministre pense que «l’Etat doit pouvoir optimiser son portefeuille d’articles, développer des filets sociaux forts pour venir en aide aux plus démunis en attendant de créer massivement plus d’emplois» tout en citant des programmes du gouvernement notamment le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), la Cou­verture maladie universelle (Cmu), la bourse de sécurité familiale. Toujours pour un bon fonctionnement de l’Adminis­tration, le ministre pense que le contexte de la digitalisation doit être mis à profit en donnant l’exemple de la digitalisation du dossier médical d’un patient, de l’Etat civil. L’Etat doit également faire en sorte que les rapports entre les administrations fiscales et les entreprises soient empreintes de confiance mutuelle, dit-il. Il propose d’ailleurs un séjour de 6 à 9 mois des étudiants de l’Ena dans les entreprises pour renforcer le partenariat public-privé. «Dans la deuxième phase du Pse, le secteur privé sera le driver de la croissance économique, de la création d’emploi et les partenariats publics-privés seront multipliés», assure le ministre.
Pour le président de l’Asena, Yoro Dia, «si l’Etat du Sénégal lance un Pse, s’il emprunte des milliards et des milliards pour financer l’émergence, si l’Etat ne s’adapte pas, le pays ne va pas émerger». Et d’ajouter : «Nous voulons qu’il y ait plus de symbiose entre l’Administration et le secteur privé. Parce qu’on peut dire pour l’émergence ce sont les deux frères jumeaux. Il n’y a pas d’investissement sans le secteur privé. Et il n’y a pas d’investissement sans Etat stratège qui définit le plan, le cadre maintenant c’est le secteur privé qui crée de la richesse. Donc à la limite, il doit y avoir une osmose naturelle. Mais cette osmose, nous ne le constatons pas.» La rencontre a été rehaussée de la présence de Christophe Bigot, ambassadeur de France, qui plaide le renforcement de la coopération entre les Ena des deux pays. Mais aussi d’autres Enarques venus d’ail­leurs.
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