TNT – Sidi Diagne, sur le combat Modou – Eumeu : «Ce n’est pas Excaf qui impose que la lutte soit payante»

Le combat Modou Lô-Eumeu Sène n’a pas été suivi par une grande majorité des amateurs. La cause, le système de diffusion utilisé qui s’appuie sur la Tnt. Au lendemain du combat, le Pdg d’Excaf, Sidi Diagne, explique que ce type d’arrangement est plutôt imposé par les promoteurs et le nouvel écosystème de la lutte.
Où en est aujourd’hui le groupe Excaf dans la mise en œuvre de la Tnt ?
C’est un processus qui suit son cours. Et nous sommes heureux de voir avec l’Etat le dispositif pour un basculement d’ici le 31 décembre. Il est prévu de commencer par Thiès, Diourbel et Dakar et nous nous attelons à prendre toutes les dispositions pour que cela puisse se faire dans les meilleures conditions. On a aujourd’hui 463 mille décodeurs installés au Sénégal pour un objectif à terme qui va avoisiner les 865 mille qui sont contractuels. Mais il n’y aura aucun souci par rapport à l’approvisionnement des décodeurs quand le basculement sera effectif entre octobre et décembre pour les régions de Thiès, Diourbel et Dakar. Et progressivement, toutes les régions seront entamées à partir de janvier 2020 pour finir au mois de juin 2020.
Est-ce que toutes les dispositions sont prises pour réussir ce basculement ?
Les dispositions sont à plusieurs niveaux. Aujourd’hui, il y a une mission de surveillance qui a été entamée par l’Etat au niveau des régions pour vérifier la qualité du signal, si les populations auront une qualité de réception optimale, et il y a également l’aspect des décodeurs qu’on est en train de finaliser. Avoir une quantité suffisante pour qu’à partir de septembre-octobre, ceux qui doivent s’approvisionner puissent le faire dans des conditions optimales. Il y a une campagne de communication qui est en train d’être élaborée pour sensibiliser toutes les couches de la population. Et je pense qu’au mois d’octobre, toutes les populations dans les zones précitées auront les informations pour avoir un basculement normal.
Dernièrement, Excaf a subi le pressing des banques. Ce qui a donné l’image d’une société qui n’avait pas les reins assez solides pour conduire ce processus…
Il faut comprendre que c’est un projet qui demande un investissement énorme. Au départ, c’est vrai que les conditions n’étaient peut-être pas réunies pour bâtir l’infrastructure sur l’ensemble des zones et continuer à approvisionner le marché en décodeurs. Ça a été un passage très difficile pour Excaf. Dieu merci, nous sommes aujourd’hui dans une dynamique nettement plus positive et orientée vers la finalisation du projet. Et toutes les conditions, techniques comme financières, sont réunies pour que ce projet puisse aboutir de la meilleure des façons. Aussi bien pour Excaf que pour les populations. C’est un projet qui est estimé à 39 milliards. On ne va pas dire qu’on a investi ce montant, mais nous nous en approchons. Ce qu’il est important de savoir, c’est qu’aujourd’hui tous les soucis financiers sont maîtrisés. Et je vous informe également que pour la majeure partie des banques qu’on a citées, l’ensemble de nos biens sont récupérés. Il est important de rassurer les populations qu’Excaf est résolument tourné vers la finalisation de ce projet et dans le respect de ses engagements envers l’Etat.
Vous avez participé à la diffusion du combat Modou Lô-Eumeu Sène avec une stratégie innovante. Mais n’est-elle pas justement trop exclusive, surtout vis-à-vis des populations les plus démunies ?
Ce n’est pas un choix d’Excaf. C’est l’écosystème même de la lutte qui nous pousse à utiliser ce type de moyen, qu’est le «Pay per view», pour que les promoteurs qui se sont engagés à organiser ce type de spectacle puissent trouver un équilibre financier. Ce n’est pas Excaf qui impose que la lutte soit payante. Ce sont les promoteurs et l’écosystème. Ce que nous essayons de faire, c’est de bâtir des supports pour que l’ensemble des gens puissent se retrouver. Ce que nous voulons, c’est que ceux qui offrent ces combats de lutte proposent, même en dehors de la lutte, des spectacles, des innovations pour que les personnes qui sont appelées à payer puissent en avoir pour leur argent. Et cela n’était pas possible avec l’analogique. Le décodeur va permettre aujourd’hui de proposer d’autres sources de revenus aux promoteurs, qu’il s’agisse de lutte, de musique ou d’autres évènements. La Tnt vient avec beaucoup de qualité pour les éditeurs, mais aussi beaucoup d’avantages pour les usagers. Il s’agit juste pour Excaf et pour l’Etat d’avoir une bonne synergie. L’aspect de la gratuité doit aujourd’hui être totalement banni de notre concept et de nos manières de réfléchir ce type de spectacles. Pour nous Excaf, c’est de mettre à disposition toute la logistique et le réceptacle pour que ces usagers puissent regarder ces combats. Ça peut aussi être un concert ou toute autre chose. Aussi bien en termes de qualité d’image et de son.
La bataille des contenus est un enjeu lié à la Tnt. Mais ce sont les chaînes de télévision qui doivent relever le défi ?
La Tnt, c’est le support de communication, c’est l’autoroute. Et les voitures, ce sont les contenus. Aujourd’hui, si on a balisé le terrain pour l’ensemble des éditeurs en ce qui concerne la couverture nationale, les éditeurs doivent se battre pour avoir la meilleure qualité de contenus. Mais ce sont les Sénégalais qui vont choisir le support qui va leur donner la meilleure qualité en termes de contenus d’information, de contenus de séries ou même d’émissions. Les gens vont regarder la télé en fonction de leurs sensibilités et leurs goûts et c’est pour cela que tous les éditeurs sont interpellés. Les éditeurs vont prendre conscience que les Sénégalais vont regarder les chaînes par rapport à ce qui les intéresse et cela va créer pas mal de chaînes thématiques pour assembler et réunir l’ensemble des sensibilités et des besoins de nos concitoyens.