BREXIT – Au début d’une nouvelle semaine cruciale : Le Pm britannique Boris Johnson perd sa majorité

Tandis que le Premier ministre s’adressait à la Chambre, le député Phillip Lee a quitté les rangs du Parti conservateur pour rejoindre ceux du LibDem.
Le Premier ministre, Boris Johnson, ce mardi au 10, Downing Street à Londres.
A Westminster hier, Boris Johnson a tenté de convaincre pendant près de deux heures de discussions les députés conservateurs «rebelles» de ne pas soutenir l’opposition contre un Brexit sans accord. «Nous avons promis au Peuple que nous mettrions en œuvre le Brexit. Nous avons promis de respecter le résultat du Référendum et nous devons le faire maintenant. Ça suffit», s’est agacé Boris Johnson lors de sa prise de parole pour l’ouverture d’une rentrée parlementaire houleuse.
«Tout le monde dans ce gouvernement veut un accord, mais c’est vraiment cette Chambre des communes qui a rejeté trois fois l’accord de sortie (conclu entre l’ex-chef du gouvernement Theresa May et Bruxelles) et il ne peut tout simplement pas être ressuscité», a-t-il ajouté.
Alors qu’il était en train de s’exprimer devant un Parlement en ébullition, l’élu conservateur Phillip Lee a fait défection, rejoignant les bancs de l’opposition libérale-démocrate et coûtant ainsi à M. Johnson sa majorité absolue. Un lourd symbole pour le Premier ministre qui disposait jusqu’alors d’une majorité d’une seule voix en comptant les dix députés unionistes irlandais du Dup, alliés aux conservateurs.
«Le gouvernement conservateur poursuit de manière agressive un Brexit (aux conséquences) dommageables. Il met en danger des vies (…) et menace de manière injustifiée l’intégrité du Royaume-Uni», s’est expliqué Phillip Lee dans un communiqué.
Un premier vote hier soir
La perte de cette majorité absolue est un lourd symbole, mais elle ne change sans doute pas grand-chose au résultat final du vote attendu ce soir : une vingtaine d’élus conservateurs «rebelles» risquent de soutenir l’opposition pour permettre aux députés de prendre le contrôle de l’ordre du jour du Parlement et d’engager le débat sur un texte visant à obliger Boris Johnson à reporter le Brexit au-delà du 31 octobre si aucun accord n’est trouvé d’ici là avec l’Ue.
Mais le Premier ministre a prévenu la veille qu’iln’accepterait «sous aucun prétexte» de demander à Bruxelles un nouveau report. En cas de vote défavorable au gouvernement ce soir (Ndlr : hier), le chef du gouvernement convoquera des élections anticipées le 14 octobre, a prévenu lundi soir un responsable gouvernemental. Cette motion sera soumise au vote des députés mercredi et devra recueillir les deux tiers des voix.
«Il est tout simplement faux de dire que nous ne faisons aucun progrès» dans les discussions avec l’Ue, a décrété Boris Johnson. «Il y a beaucoup à faire dans les prochains jours, mais les choses sont en train de bouger», a-t-il assuré.
Il a notamment annoncé qu’il se rendrait lundi en Irlande, haussant la voix pour couvrir le brouhaha issu des rangs de l’opposition. L’un des points de tensions majeurs des modalités du Brexit réside, en effet, dans le rétablissement d’une frontière physique en Irlande en cas de sortie sans accord, car il est impossible de protéger le marché unique de l’Ue sans rétablir une frontière entre les deux Irlande. Ce fameux «backstop» fait craindre un regain des violences entre l’Irlande du Nord qui quittera l’Ue avec le Royaume Uni dont elle fait partie, et la République d’Irlande.
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