ESPAGNE – Après de longs mois de batailles judiciaires : Le transfert du corps de Franco validé

Plus rien, ou presque, ne s’oppose à l’exhumation de Franco. Après de longs mois de batailles judiciaires, la Cour suprême a rejeté hier tous les recours présentés par la famille du dictateur qui a gouverné l’Espagne de 1939 à 1975. C’est une double victoire pour le gouvernement espagnol, qui voulait en faire une mesure symbolique. A l’unanimité, les six magistrats qui composaient la Cour suprême ont autorisé l’exhumation de la dépouille momifiée du dictateur et refusé son transfert dans les cryptes de la cathédrale de l’Almudena, en plein cœur de Madrid, comme l’envisageait la famille, qui y possède un caveau. Le gouvernement a proposé que le corps du dictateur soit enterré dans le cimetière du Pardo, où repose la femme de Franco, mais sa famille pourrait choisir une autre option.
Quarante-quatre ans après sa mort, son corps devra quitter la tombe du mausolée monumental du Valle de los Caidos (la vallée de ceux qui sont tombés), construit entre 1941 et 1959 à une cinquantaine de kilomètres de Madrid, en partie par des prisonniers républicains. Surmontée d’une immense croix de cent trente mètres de hauteur, soutenue par quatre gigantesques et menaçants apôtres, cette basilique renferme dans ses cryptes les ossements de près de 33 000 morts de la guerre civile, nationalistes mais aussi républicains, déterrés des fosses communes sans l’accord de leurs familles. Pour les associations mémorielles, ce monument est une insulte à la démocratie, le symbole d’une plaie encore ouverte.
«Nous vivons une grande victoire de la démocratie espagnole. La détermination pour réparer la souffrance des victimes du franquisme a toujours guidé l’action du gouvernement», a commenté sur Twitter le chef du gouvernement socialiste, Pedro Sanchez. «L’exhumation constitue un pas très important dans la réparation d’une honte que nous avons portée durant quarante ans de démocratie», a salué pour sa part le Secrétaire général du parti de la gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias.
liberation.fr et lemonde.fr