ENTRETIEN AVEC… Paco Briz, rappeur : «Je suis une référence qui représente la culture lébou»

Paco Briz, jeune artiste de Yoff et du label Diégui rails records, fait partie de la génération de rappeurs avec qui le rap est en train de connaître son âge d’or. Talentueux et stylé, le prince lébou, qui a vu son premier projet nommé «Dr 1.0» couronné, organise un concert le 12 octobre prochain au Grand Théâtre. Dans cet entretien, il revient sur les préparatifs de cet évènement, annonce un grand projet pour 2020 et se prononce sur le featuring entre Dip et Bass Thioung.
Bientôt aura lieu au Grand Théâtre votre concert. Comment préparez-vous cet évènement ?
Je le prépare avec conviction comme j’ai l’habitude de le faire. Je compte souligner que j’ai réservé plein de surprises aux spectateurs tels des invités de marque, des décorations etc.
Peut-on avoir un nom d’artiste invité ?
Comme je vous l’ai dit, ce sont des surprises. Je peux vous assurer que je prépare des spectacles de fou. Qui connaît Paco Briz dit décoration, spectacle et culture. Donc, je me focalise sur tous ces paramètres en même temps et me donne à fond pour la réussite de ce concert.
En 2018, lors du lancement de votre Ep, vous aviez réussi à remplir le théâtre Sorano. Et cette année, vous allez au Grand Théâtre pour un concert. Qu’est-ce qui vous donne le courage de vous attaquer aux 1 800 places de ce lieu emblématique ?
Avant d’organiser l’évènement, j’ai d’abord étudié le terrain et évalué mon public à la sortie de Sorano. Je veux faire les choses en grand. Etant un jeune ambitieux, j’essaie de relever autant de défis que possible. Chaque année, je tente d’en faire un peu plus. L’année dernière c’était Sorano. Cette année c’est le Grand Théâtre. Et en 2020, je ferai quelque chose de bien plus grand, s’il plaît au bon Dieu.
Ce qui m’a motivé, c’est Yoff qui en est à la base. J’ai plusieurs personnes qui sont derrière et qui me soutiennent. Donc, je n’ai pas droit à l’erreur encore moins d’avoir peur et de prendre des risques.
J’ai mon public. Et ils sont nombreux, les gens qui aiment ce que je fais. Donc, j’ai des retombées positives et négatives. L’essentiel, c’est de donner le meilleur de moi-même et de ne pas oublier ces milliers de personnes, adultes comme jeunes, qui me supportent. Ils sont essentiellement à Ngor, Yoff, Ouakam. Je suis donc une référence qui représente quelque chose de lourd, c’est la culture lébou. La représentativité, ça fait partie du rap. Et qui dit hip-hop dit culture urbaine. Et qui dit culture dit lébou.
Et les fan-clubs, surtout les Yoffois, comment s’organisent-ils pour la réussite de cet évènement ?
Ils sont actuellement dans les préparatifs. Ce n’est pas seulement à Yoff. On a des bases partout. Des cellules sont créées à Rufisque, Bargny, Parcelles Assainies, Cambérène… même dans les régions. Ce qui fait qu’au niveau national, on a des points de vente un peu partout. En effet, l’année passée, on avait eu l’occasion de faire une tournée nationale. Et à chaque fois qu’on était dans les régions, on asseyait de former des cellules qui nous y représentent. Ce sont elles qui se regroupent et font les préventes. Et pour faciliter le transport le jour du concert, on a prévu de mettre des bus à la disposition du public, aux points de départ.
A la sortie de votre premier opus, Dr 1.0 (Dannu rap), vous aviez été nommé meilleur artiste masculin et votre produit sélectionné comme meilleur Ep. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Cela représente quelque chose d’extraordinaire pour un artiste qui sort son projet. Pour mon premier opus, je reçois une nomination et un premier trophée. Je ne peux que m’en réjouir pleinement. Et cela m’a motivé à entreprendre beaucoup de choses comme le fait de m’attaquer au Grand Théâtre. Avec ce projet-là, je suis en train de fermer une page pour en ouvrir d’autres. Autrement dit, je vais clôturer Dr 1.0 en toute beauté et préparer un autre projet pour l’année 2020.
Pour rappel, le concert que j’avais fait l’année dernière, le jour de la sortie du projet, c’était comme un listenning party, une séance d’écoute. Les gens n’avaient pas encore écouté les nouveaux sons et j’étais juste venu les jouer. L’album se trouvait dans un bracelet-clé Usb que l’on remettait aux spectateurs en guise de ticket d’entrée. En ce moment-là, les gens ont maîtrisé les sons. C’est donc le moment de donner un spectacle digne du projet avant d’entamer le Dr 2.0 qui sera le prochain.
Comptez-vous faire un featuring avec un mbalaxman ?
Bien sûr. Il n’y a pas de barrière entre moi et les autres qui font d’autres styles musicaux. On a des normes dans le hip-hop. Donc si j’invite Youssou Ndour par exemple, c’est à lui de s’adapter, de me rejoindre dans mon monde. Il va chanter comme il le sent, mais le style rap devra être respecté.
Que pensez-vous du featuring entre Dip et Bass Thioung ?
Cela a créé de la polémique, mais j’ai énormément apprécié ce que Dip a fait. Musicalement, je trouve que c’est positif. Il a essayé de ressembler le grand public. En effet, il y a des gens qui n’écoutent pas le rap, et lui il invite Bass Thioug qui est bien connu. Donc, c’était une occasion d’avoir de l’ouverture.
En plus, il a produit un bon son. Il y a les normes hip-hop, c’est juste qu’il y a des percussions. Mais ces instruments-là sont des éléments incontournables de nos traditions. On devrait en profiter. Actuellement, les Américains sont en train de se les approprier… C’est le moment pour nous de nous en servir davantage pour montrer qu’on a des styles musicaux différents.