Le chef de l’Etat sur l’extrémisme violent : «Nous n’accepterons jamais une colonisation spirituelle»

Le chef de l’Etat, Macky Sall, s’est plus que jamais montré engagé dans la lutte contre «l’extrémisme violent». Il l’a réaffirmé hier au cours de sa traditionnelle visite d’avant-Maouloud à Tivaouane. En écho, le Khalife général des Tidianes Serigne Babacar Sy Mansour a demandé à tous les sénégalais d’être des «indicateurs» pour freiner cette «nouvelle forme d’islamisation».
A la tête d’une forte délégation, le Président Macky Sall a été accueilli hier dans la ville sainte de Tivaouane pour les besoins de la célébration de la naissance du Prophète (Psl) prévue dans la nuit du 9 au 10 novembre 2019. Une occasion pour le chef de l’Etat de louer l’œuvre de Seydi El Hadji Malick Sy, initiateur du Gamou au Sénégal. Citant son exemple pour son combat pour le rayonnement de l’islam au Sénégal, le président de la République se devait d’insister sur la nécessité de préserver et de perpétuer son œuvre. Surtout que, fera-t-il savoir, «le monde est aujourd’hui confronté à l’extrémisme violent». Il note : «Des gens ne veulent plus que certains pratiquent leur religion.» Et il faut, selon lui, que «les religieux protègent notre islam». Et s’agissant du Sénégal il dit : «On n’a pas besoin d’une nouvelle forme d’enseignement de notre religion parce que nous la pratiquons depuis plus de 1000 ans. Si on se lève un jour pour nous enseigner une nouvelle forme de religion c’est une colonisation spirituelle et personne ne doit l’accepter.» Le Président Macky Sall d’ajouter pour illustrer : «Tous les pays qui ont accepté de nouvelles philosophies sont tous confrontés à des problèmes.» Il cite notamment les pays «qui nous entourent comme (ceux du) Sahel», pour dire qu’il «faudrait que nous prenions nos dispositions. C’est à nos portes, c’est en notre sein. Donc nous devons préserver notre pays mais aussi préserver la population. Et c’est de faire en sorte que, quelle que soit la forme de l’extrémisme violent, il ne puisse pas élire domicile au Sénégal». Et Macky Sall de demander que «les enseignements qui sont donnés dans les daaras, dahiras, écoles mais également que les prêches des chefs religieux soient poursuivis» afin de permettre, d’après lui, «aux populations qui peuvent être vulnérables de tirer leur source d’inspiration et surtout de se prémunir». Il a aussi demandé aux jeunes de «défendre notre religion de paix». Ce d’autant, dit-il, «le Prophète de l’islam a vécu avec des valeurs de tolérance et de pardon. Et si nous tirons de ses enseignements cela va nous réconforter dans nos pratiques de tous les jours en tant que musulmans et en tant que croyants». Pour dire, à l’en croire, «personne ne doit venir en Afrique imposer une nouvelle manière de faire de l’islam au point de détruire ce que nous avons le plus cher, notre foi. Nous ne voulons pas de cet islam et nous allons le combattre avec tous les moyens nécessaires».
Dans son speech, le premier des Sénégalais a invité les chefs religieux «à prendre leur part dans ce combat». Parce que, dit-il, «c’est un combat idéologique». Et pour lui, «au-delà de la religion, c’est une question de respect de la dignité des Africains parce que quelles que soient les idéologies et les religions, nous sommes des êtres humains dotés de nos valeurs intrinsèques. Donc on ne peut pas, sur la base d’une pensée et d’une philosophie, imposer un mode de vie et vouloir violenter les gens, tuer des innocents au nom d’un prétendu islam. Donc cela on doit le combattre de façon très ferme».
Outre son appel, il a remercié le Khalife général des Tidianes et la famille Sy «qui ont été à (ses) côtés au moment où (il) en (avait) le plus besoin». Il ajoute : «Vous m’avez toujours défendu avant même que je ne sois président de la République.» Et de promettre : «Nous allons continuer à vous appuyer dans le cadre de la modernisation de la ville de Tivaouane.»