Dernier volet de la trilogie qu’il a consacrée aux conséquences de la migration dans son village du Fouta, «Rencontrer mon père» est en lice pour la 45e cérémonie des César 2020 du cinéma français dans les catégories meilleur film documentaire et meilleur scénario original.

Le film documentaire du cinéaste Alassane Diago, intitulé Rencontrer mon père, est en compétition dans les catégories «meilleur film documentaire» et «meilleur scénario original» de la 45e cérémonie des César du cinéma français, prévue le 28 février prochain à Paris, a-t-on appris du réalisateur sénégalais. Rencontrer mon père, projeté en avant-première aux Journées cinématographiques de Carthage (Jcc) 2018, marque les retrouvailles père-fils, entre Alassane Diago et son père émigré depuis plusieurs années au Gabon. Dans ce film, le père et le fils tentent tant bien que mal de renouer des liens que l’exil du premier ont quelque peu tendus. «La sécheresse des années 1970 et 1980 a donné naissance à de fortes migrations dans la région du Fouta, nord-est du Sénégal. Dans l’espoir de trouver une vie meilleure, les hommes sont presque tous partis. Parmi eux, mon père. Aujourd’hui, presque 30 ans que papa a émigré. Depuis, il n’est pas rentré. En 2013, je suis entré en contact avec lui. Il est bel et bien en vie. Il se trouve au Gabon, un pays d’Afrique Centrale, plus précisément dans une province qu’on appelle Lambaréné. Il y a refait sa vie. J’y ai des frères et des sœurs. Aujourd’hui que je suis devenu un homme comme lui, je vais à sa rencontre pour savoir pourquoi et comment il a passé toutes ces années. Après le départ de mon père, j’ai grandi avec une seule image», explique le résumé du film. Le réalisateur qui est allé à la rencontre de son père pour connaître les raisons de son long exil loin des siens redécouvre également la famille que son père s’est constitué sur sa terre d’exil.
S’appuyant sur sa propre expérience, Alassane Diago livre un témoignage pudique sur ces émigrations qui détruisent les liens familiaux. Diago filme son vécu et celui de sa famille depuis son premier film long métrage documentaire Les larmes de l’émigration (2010), lequel raconte l’histoire de sa mère qui attend son mari, parti il y a plus de vingt ans. Entre ces deux films, il a aussi sorti La vie n’est pas immobile en 2012, un portrait de femmes travailleuses dont certaines attendent leur mari émigré.
Deux acteurs sénégalais sont aussi en lice dans la catégorie «Révélation des César 2020», à savoir Maman Sané alias Ada, une des actrices du film Atlantique, et Amadou Mbow, qui joue le rôle du commissaire Issa dans le même long métrage (2019) de la réalisatrice Mati Diop. Atlantique, film primé plusieurs fois depuis sa sortie, est par ailleurs dans la short-list des Oscars du cinéma américain.
Avec Aps