La polémique sur «le détournement des kits de dialyse» continue d’enfler. Après la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna), l’Association pour la santé universelle (Assur) est entrée dans la danse en contestant les révélations du président de l’Association des insuffisants rénaux. «Il ne faut pas, juste parce que vous avez des problèmes personnels, utiliser des voies et moyens pas du tout moraux pour le décrier. Il faut affronter la personne avec des moyens légaux et d’ordre éthique. Je pense qu’il ne faut pas toujours jeter le discrédit sur nos institutions», a cogné Djibril Bèye hier, lors d’un point de presse. M. Bèye infirme les propos de M. Hamidou Diallo, qui a révélé que le kit de dialyse «est acheté par un homme d’affaires sénégalais à 8 000 F Cfa au maximum et revendu à l’Etat à 40 mille F Cfa». Il dit : «S’il prétend qu’il y a un pays qui vend les kits à 8 000 F, ce n’est pas possible. On l’achète sur le marché international et le coût réel du kit hors douane c’est 40 mille et compte 11 éléments. L’Etat a voulu englober l’ensemble des besoins du patient dans un même kit.» Il cite l’exemple de la Côte d’Ivoire où le kit est vendu à 45 mille F Cfa. «Donc, notre système même est envié sur le plan international», salue le porte-parole de l’Assur qui rappelle que des efforts ont été faits dans la prise en charge des insuffisants rénaux. «En 2007 et 2008, il y avait moins de 8 appareils de dialyse au Sénégal. Aujourd’hui, il y a des centres presque dans toutes les régions. Depuis 2011, l’Etat a pris l’option de faire un appel à la concurrence. Il a libéralisé les centres de dialyse parce qu’une machine de dialyse peut coûter plus de 80 millions. L’Etat du Sénégal n’a pas ces moyens pour le faire pour autant de patients», a-t-il soutenu.
Par ailleurs, la gestion des urgences qui constitue le talon d’Achille du système sanitaire sénégalais intéresse ce regroupement qui applaudit la décision de contrôler davantage le Sau. «Nous avons toujours décrié les dysfonctionnements qui existent dans les urgences au niveau des établissements publics de santé. Donc aujourd’hui, si une telle note est sortie pour réorganiser tout cela et amener les hôpitaux à se conformer à la loi portant réforme hospitalière et aux règlements qui sont les décrets et les arrêtés, on ne peut que s’en féliciter», a dit M. Bèye.
En tout cas, Assur compte faire un suivi au niveau des hôpitaux pour s’assurer que la mesure est appliquée. «Nous avons constaté que dans certains hôpitaux, des Sénégalais arrivent et ne sont pas pris en charge parce qu’ils n’ont pas 40 ou 80 mille F Cfa pour payer le scanner. Ce qui est très grave parce qu’on parle de vie humaine. C’est pourquoi nous exhortons le ministre à poursuivre les réformes nécessaires», a dit Djibril Bèye. Lequel annonce qu’ils vont demander à l’Etat de faire aussi des efforts pour assurer un bon fonctionnement des hôpitaux. «Puisque que les urgences sont des cas qui sont extrêmement difficiles à recouvrer, il faut que quelque part quelqu’un puisse payer, sinon les hôpitaux n’auront pas de moyens de payer les médicaments pour assurer la prise en charge. Ça va être un cercle vicieux. Donc on voudrait que l’Etat transforme ça en un cercle vertueux», invite le porte-parole du jour. «Cela est juste lié à un problème d’organisation et aussi un problème de courage politique pour apporter les réformes nécessaires pour notre système de santé», persiste M. Bèye.