Au Sénégal, les femmes sont confrontées à une insécurité foncière persistante, aggravée cette dernière décennie par le phénomène d’acquisition des terres à grande échelle. Selon une étude de l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar), sur «l’Accès sécurisé des femmes à la terre et participation à la gouvernance foncière à Darou Khoudoss et à Toubacouta», les femmes représentent 70% de la population active rurale et détiennent moins de 13% des terres et moins de 1% pour les terres agricoles. «Les femmes ne constituent que 2,6% à avoir un titre individuel», informe Oumoul Khairy Coulibaly. La coordonnatrice du projet de Recherche-action de l’Ipar présentait hier aux députés et élus territoriaux, les enjeux et défis de la sécurisation des droits fonciers des femmes, lors d’un atelier de renforcement de capacités des parlementaires et des élus territoriaux. Le thème de cette rencontre est «Promo­tion d’une gouvernance foncière inclusive par une amélioration des droits fonciers des femmes au Sénégal».
Pourtant, la loi sur le domaine national de 1964 ne fait aucune discrimination entre les différentes catégories de sexes pour l’accès et le contrôle sur les terres. La Constitution de 2001 elle, consacre le principe d’égalité entre les citoyens en matière d’accès à la propriété. Bien que la loi de mai 2010 consacre la parité absolue homme-femme dans les instances électives et semi-électives, les femmes restent faiblement représentées dans les instances de gouvernance foncière. «Parité parfaite dans les conseils municipaux mais quasi exclusion des femmes de la gouvernance foncière», regrette Oumoul Khairy Coulibaly.
Le blocage se situe au niveau de nos coutumes et autres réalités socio-culturelles d’où l’importance d’impliquer des parlementaires et élus qui ont en charge la gestion du foncier dans leurs terroirs. «A côté des actions de recherche, on développe toutes les initiatives de communication et conscientisation pour convaincre les décideurs surtout dans les régions où la question est préoccupante», a suggéré Demba Keïta qui a parlé au nom des parlementaires.
C’est dans cette dynamique que l’Ipar et ses partenaires cherchent à établir une alliance avec les parlementaires pour le portage du plaidoyer en vue de l’intégration de mesures spéciales facilitant l’accès, le contrôle des femmes sur les terres. Les initiateurs ont déjà mis en œuvre un projet Recherche-action dans les zones agro-écologiques du Bassin arachidier, les Niayes et la Vallée du fleuve Sénégal.
«La présente recherche-action se veut une contribution scientifique et citoyenne à plus d’équité sociale dans le développement économique et politique durable», a indiqué Cheikhou Oumar Ba, directeur exécutif de l’Ipar.