Sur les 122,2 milliards de francs Cfa générés par les industries extractives pour l’année 2018, les entreprises évoluant dans la région de Matam contribuent pour un montant d’1 milliard 26 millions 768 mille 702 francs Cfa. C’est ce qui ressort du rapport Itie 2018 partagé avant-hier, lors d’un Comité régional de développement (Crd) tenu à la gouvernance de Matam.

Les paiements déclarés et perçus par l’Etat de la part des entreprises minières et exploitantes de carrières dans la région de Matam sont évalués, en 2018, à 1 milliard 26 millions 768 mille 702 francs Cfa, dont 964 millions 735 mille 646 francs Cfa perçus de la Société minière de la vallée du fleuve (Somiva) exploitant les phosphates de Nden­dory, a indiqué avant-hier, la Secrétaire permanente du Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Cn-Itie), Marième Diawara Thiaw. La Somiva, rappelle Mme Thiaw, a démarré ses activités au cours du 2ème semestre de l’année 2014. La société est entrée en pleine production avec des volumes de 416 366 tonnes de phosphates enregistrées en 2015. Mais d’1 million 111 mille 236 tonnes en 2017, sa production a chuté à 570 mille 997 tonnes en 2018, dont 455 mille 033 tonnes ont été exportées pour une valeur de 15 milliards de francs Cfa.
La Somiva emploie 361 personnes. La majorité des effectifs (258 hommes et 99 femmes), soit 99% sont des nationaux. La masse salariale tourne autour d’1 milliard 148 millions 265 mille 145 de francs Cfa.
Le cumul des paiements aux fournisseurs (137) en 2018 est évalué à 16 milliards 631 millions 468 mille 235, dont 15 milliards 793 millions 688 mille 968 francs Cfa aux entreprises de droit sénégalais, d’après le documenté présenté par Mme Thiaw, lors d’un Comité régional de développement (Crd) tenu à la gouvernance de Matam.

Potentiel minier non négligeable
La région de Matam regorge d’un potentiel minier non négligeable. En effet, il a été fait état d’un important gisement de phosphates, avec des réserves prouvées à Ndendory et Ouali Diala, de l’ordre de 40 millions de tonnes, et un potentiel de plus de 100 millions de tonnes de phosphates de chaux de très grande qualité. Des lentilles de dolomite pulvérulente d’une réserve de 10 millions de tonnes sont également annoncées dans le département de Kanel.
Il s’y ajoute que des gisements marginaux d’argiles céramiques existent dans la région ainsi que des matériaux de construction (sables, latérites) qui sont en train d’être extraits.
L’équipe du Cn-Itie note par ailleurs, des permis de recherche attribués à des sociétés comme Amaafrique dans la zone de Thilogne, Mapathé Ndiouck à Orkadiéré et Aouré, à Kanel Resources dans la partie Sud de Kanel et à Nabadji minerals dans la zone de Nabadji, etc.

Partage d’informations sur la chaîne de valeurs
Cette année, le Cn-Itie a fait l’option d’organiser des tournées dénommées «Semaines Itie» dans les régions impactées par l’exploitation des ressources minières, pétrolières et gazières, pour échanger directement avec les communautés sur l’état de la gouvernance du secteur extractif. Car, explique le chef de délégation Mamadou Mbaye, par ailleurs Conseiller spécial du président de la République auprès du Secrétaire général du gouvernement, «le partage des informations sur toute la chaîne de valeurs de l’industrie extractive favorise le dialogue et la confiance des parties prenantes autour de l’exploitation des ressources extractives».
Le gouverneur qui présidait le Crd relève à ce propos, que très souvent, les rapports sont heurtés entre les communautés riveraines des mines et les entreprises extractives. Ce qui est le cas dans la zone de Ndendory, Hamady Ounaré et Orkadieré, les trois collectivités territoriales qui polarisent la mine de phos­phates qu’exploite la Somi­va.
Certes, précise Mamadou Watt, le chef de l’Exécutif régional, «les rapports peuvent être heurtés, mais il ne faudrait pas croire que ces ressources qui font l’objet d’exploitation se trouvent dans ces collectivités territoriales et que la jouissance exclusive leur revient. Nous sommes un Etat unitaire. Toutes les ressources qui sont exploitées appartiennent au Peuple. Le Peuple sénégalais est un. Et les revenus générés par le phosphate sont versés dans une caisse».
Pour faire face au déficit d’information, le Cn-Itie a prévu, après ce Crd, de rencontrer les maires des communes de Ndendory, Hamady Ounaré et Orkadieré, de tenir un forum communautaire à Kanel, de visiter la Somiva, avant d’organiser un diner-débat le jeudi prochain.
Toutes ces activités devraient contribuer à l’accès à l’information au profit des communautés sur les réelles retombées des projets miniers.
Le gouverneur considère ainsi que quelques fois, l’information doit aller vers les acteurs, mais il est toujours bon, devant un certain déficit, d’aller vers l’information. Car lorsqu’il y a déficit d’information, c’est véritablement le début de la rumeur.
Pour rappel, en 2018, le secteur extractif a généré globalement, 122,2 milliards de francs Cfa, dont 110,1 milliards sont allés directement dans budget de l’Etat.