Jacques Césaire, figure de la culture martiniquaise, ancien directeur du Service artistique de la télévision publique, est décédé mercredi soir à Fort-de-France. Jacques, qui était l’un des 6 enfants de Aimé Césaire, est mort à presque 82 ans.
Jacques Césaire, fils du chantre de la Négritude Aime Césaire, était l’aîné d’une famille de six enfants. Arrivé au Sénégal bien avant le Festival mondial des arts nègres, le fils Césaire entretenait des rapports étroits avec le Président Léopold Sedar Senghor, son parrain. Dès son arrivée au Sénégal, Jacques Césaire rentre à la télévision et à la radio comme producteur animateur. Alioune Diop de Radio Sénégal international a eu à le côtoyer. Il garde surtout en mémoire l’émission «Kaléidoscope» que Jacques Césaire animait dans les années 70, en alternance avec le doyen Maguette Wade. «Quand Maguette Wade faisait du mbalax, lui était dans le folk et d’autres musiques moins populaires. Il allait jusque dans les régions pour faire ses émissions», se rappelle-t-il. Si Jacques Césaire a marqué le public sénégalais, c’est aussi parce que, se souvient Alioune Diop, il avait assuré l’animation du journal du Festival de jazz organisé par Senghor au Sénégal sur une période de 9 mois. Beaucoup de grands noms ont participé à ce festival et tous les jours à 12h 30, sur l’antenne de la radio, Jacques Césaire faisait revivre les grands moments de cet évènement. D’autres parlent «d’un homme multidimensionnel par sa vision de la culture, son sens de la créativité».
Plus tard, sa vision de la culture, son sens de la créativité, sa maîtrise de la technique lui donnent ensuite accès aux responsabilités, en tant que directeur du Service artistique de Rfo Martinique (aujourd’hui Martinique la 1ère), puis du Réseau Outre-Mer. Jacques Césaire a aussi à son actif le Festival de jazz de Pointe-à-Pitre, véritable lieu de découverte de talents, la série Chromatik et de multiples réalisations pour promouvoir les artistes à la télévision dans les années 80 à 90.
Une carrière musicale et artistique
Cette sensibilité pour les arts est née au sein du cocon familial. Le jeune Jacques est passionné par la batterie. Sous le pseudonyme de Jack Gill, avec Francisco, Milo Baudin, Georges Julien Pita, tous réalisent des concerts très populaires sur la Savane à Fort-de-France. L’opération prend le nom de «plouf ploum tralala». Le succès est indéniable.
Un aîné respectueux des valeurs
Sous l’influence d’un père défenseur des opprimés et des sans-voix, en accord avec ses frères et sœurs, il inaugure une école en 2010, à Mérignac (Gironde), pour mettre en valeur la culture martiniquaise et l’humanisme de son père. Le 7 avril 2011, il figure aux côtés de sa nièce Emmanuelle Césaire, lors de l’hommage solennel de la Nation rendu par le Président Nicolas Sarkozy à Aimé Césaire. Jacques Césaire est décédé hier soir (mercredi 15 avril 2020), vers 22 heures à l’hôpital Pierre Zobda Quitman à Fort-de-France…dans la même chambre où s’est éteint son père Aimé Césaire le 17 avril 2008. Il aurait eu 82 ans le mois prochain.