Boun Dionne à la levée de corps de Mansour Cama : «Personne ne peut écrire l’histoire économique de ce pays sans lui»
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Décédé dimanche à Dakar, le Président de la Cnes, Mansour Cama
a été inhumé, hier, au cimetière musulman de Yoff. A la levée du corps, a été saluée la mémoire d’un homme multidimensionnel.
Capitaine d’industrie, Mansour Cama a reçu hier lundi, les derniers hommages de la Nation à la morgue de l’hôpital Principal de Dakar. Quasiment toute la République était présente. En tête, le secrétaire général du gouvernement, l’ex Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne venu représenter le Président Macky Sall. L’espace s’est avéré trop petit pour contenir les amis, collaborateurs, et anonymes. Arrivé en retard, le Khalife général de la confrérie Tidiane, Serigne Babacar Sy Mansour a créé un mini-évènement. Dans son grand boubou vert, avec masque et lunettes, assorti d’un bonnet, il a été stoppé par un gendarme qui lui signalait qu’il n’y avait plus de place sous la tente. L’ayant reconnu, le gendarme préposé à la sécurité lui a demandé de passer seul sans ses accompagnants, ce que Serigne Babacar Sy Mansour a refusé. L’intervention de Boun Dionne, du communicateur traditionnel, El Hadji Mansour Mbaye, et d’autres n’a rien changé. Il a tenu à rester debout durant toute la cérémonie. «Nous sommes tous égaux devant Dieu», indiqua gentiment le guide spirituel.
Boun Dionne, «Mansour était un homme de convergence»
Pendant ce temps, la chaleur tape sous un ciel menaçant. En première ligne, d’un côté les membres de la famille étreinte par l’émotion, de l’autre les membres du gouvernement et plusieurs autres autorités. Le silence funèbre a cédé la place aux discours. «Mansour était un homme de convergence, de rassemblement, il était un homme de paix, sans histoire, même s’il est un homme de l’histoire. Il appartient à l’histoire du Sénégal. Personne ne peut écrire l’histoire économique de ce pays sans Mansour Cama», a témoigné Mahammed Boun Abdallah Dionne. Un témoignage appuyé par le secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas), Mademba Sock. Il dit : «Dans la fraternité, nous avions géré nos différents, parce que nous avions des itinéraires qui incitaient à des malentendus, il était des employeurs, moi j’étais des travailleurs. Ce qui m’a le plus marqué chez l’homme, c’est son sens de l’amitié, de la relation, de la fraternité. C’était un homme franc, honnête, sincère.» Pour le Général Mansour Seck, qui l’a connu lors des Assises nationales, Mansour Cama avait le courage de ses opinions, ainsi que le sens du leadership. En ce qui concerne le patriotisme économique, c’était un modèle, dira-t-il. Une anecdote : «Je l’avais classé comme quelqu’un d’indiscipliné, parce qu’il osait dire des choses différentes de mon opinion au départ, mais on finit toujours par avoir un accord. Je lui disais que si c’était dans l’armée, je l’aurais affecté à la cuisine» se rappelle le militaire à la retraite, sourire aux lèvres.
«Mansour Cama et moi avions mangé ensemble avec les chefs rebelles»
Une autre facette du président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) a été révélée par le Gouverneur de Ziguinchor de 1991 à 1993, Mbagnick Ndiaye. Ce dernier apprendra que Mansour Cama a œuvré dans la recherche de la paix en Casamance. «Mansour Cama, le général Doudou Diop, ancien chef d’état-major particulier du Président Abdou Diouf, Marcel Bassène, El Hadji Hamath Sy, le général Mamadou Niang, ancien ministre de l’intérieur venaient me trouver à Ziguinchor pour dialoguer avec les rebelles directement. Et c’est à partir de ce moment qu’un contact a commencé entre le gouvernement et le Mfdc. Mansour Cama était présent, il n’a épargné ni ses moyens, ni sa santé pour être présent à toutes les réunions mensuelles que je convoquais», a raconté l’administrateur civil à la retraite. Ce qui l’a marqué, «c’est le jour où nous avions mangé avec les chefs rebelles autour d’un même bol à la maison de la paix près de la gouvernance de Ziguinchor. Ce jour-là, j’ai été profondément marqué par le sens du rapprochement de tous ceux qui ont participé au Comité de gestion de la paix, Mansour Cama fut des nôtres». Après les témoignages unanimes sur un homme multidimensionnel, le cortège a pris la direction du cimetière musulman de Yoff où il repose désormais.