LITIGE – Cité dans «un scandale foncier» de 221 ha à Notto Gouy Diama : Revoilà Filfili !

Après un conflit foncier de 680 ha l’opposant aux villages de Ndoyène 1 et 2, Souloffe, Birdiam commune de Keur Moussa et une partie de Sébikotane, la famille Filfili, propriétaire de l’entreprise Safina, est à nouveau citée dans «un scandale foncier» à Darou Alpha, commune de Notto Gouy Diama. Les populations de ce dit village, qui sont sorties hier en masse pour déverser leur bile et hurler leur désespoir, accusent l’édile de la localité d’avoir attribué quelque 221 ha à ce promoteur privé, pour les besoins d’un projet agro-business.
Chassée de Keur Moussa et Sébikotane, où elle réclamait un titre foncier de 680 ha, la famille Filfili, propriétaire de la société Safina, a trouvé refuge au village de Darou Alpha, commune de Notto Gouy Diama, où «221 ha lui ont été cédés par le maire Magueye Ndiaye». Le coordonnateur du Collectif pour la défense des intérêts fonciers de Darou Alpha, Mamadou Faye, au cours d’une journée de mobilisation organisée hier, s’en offusque : «La communauté sérère Ndout de Darou Alpha et de Mont-Rolland est prise en otage, parce que victime d’un complot foncier orchestré par le maire de Notto Gouy Diama, qui a osé délibérer en faveur de la société Safina, 221 ha de nos terres, sans pour autant consulter qui de droit, à savoir les vrais propriétaires des terres en question.» A ce titre, Mamadou Faye et ses camarades interpellent le chef de l’Etat avant que l’irréparable ne se produise. «Nous comptons user toutes les voies de recours, surtout saisir la Cour Suprême pour casser cette dite délibération et retrouver nos terres.» Parce que à les en croire, «le fait d’attribuer ces terres à un promoteur privé tue l’agriculture qui fait vivre plusieurs milliers de paysans dans la zone».
Revenant sur le conflit foncier, il explique : «Un jour M. Filfili est venu proposer aux populations de Darou Alpha un projet agro-business, mais comme nous sommes des paysans et ne comptons que sur le travail de la terre pour notre survie, nous avons catégoriquement refusé. Parce qu’il avait clairement signalé qu’il ne voulait pas d’un projet dans un cadre de partenariat mais plutôt un projet avec des populations qui acceptent de lui céder leurs terres.»
C’est à la suite du refus des populations, poursuit M. Faye, qu’il s’est alors rabattu sur le maire de Notto-Gouye-Diama, Maguèye Ndiaye. Lequel élu, confie-t-il, «lui a assuré qu’il allait convaincre les populations pour vendre leurs terres. Ils ont alors posé leur deal, ont fait un ‘’plan drone’’ pour identifier le site, avant d’effectuer une descente sur le terrain pour identifier un certain nombre de propriétaires de champs».
«La délibération a été faite dans la légalité»
Pis, enchaîne-t-il, «le maire a convoqué chaque paysan ciblé pour lui signifier que son champs a été mesuré, et son indemnisation était disponible. Et le paysan, une fois arrivé sur les lieux, on lui fait comprendre que l’hectare lui est revenu à 1, 5 million de francs Cfa, soit la somme de 150 francs Cfa le mètre carré. Sous l’emprise de la panique, le gars finit par céder, du simple fait qu’on lui fait savoir que : «L’acquéreur n’est personne d’autre que Filfili, un super puissant, donc vendez les terres sinon vous allez perdre.»». Et face à cette menace, «une partie a cédé ses terres mais la majeure partie des habitants de la zone ont refusé de les suivre dans ce deal».
Interpellé, l’édile de Notto Gouy Diama, Maguèye Ndiaye, affirme que «la délibération a été faite dans la légalité». Mieux, «certains paysans ont signé un protocole pour vendre leurs terres à Filfili qui vient juste de démarrer son projet. Et j’ai la liste de ces personnes qui ont vendu et encaissé leur dû», se défend le maire. Il demande : «Les personnes qui m’accusent maintenant d’avoir vendu leurs terres à un prix dérisoire, qu’ils me traduisent en justice.»