Le grand baobab est tombé ce lundi 3 octobre à Thiaroye.

A peine quatre jours après la Saint-Michel, nous quittait à bas bruits notre emblématique camarade, Serigne Momar Ka. Fierté irrésistible et porte-étendard du Bataillon des Parachutistes durant plusieurs décennies, le Major Momar Ka, alias Peulh bou rafèt, a écrit les plus belles pages de l’histoire des Paras. A l’image de son saint Patron l’Archange Michel (ou Mikaahil), chef des forces du ciel qui descendait des airs à la tête de ses milices célestes, il avait l’habitude de nous indiquer la dérive, drapeau au vent, dans une élégance inégalée. Il fut celui qui dirigea nos combats et les luttes de notre vie d’homme.
Il était de la trempe des Marigo, Matar Niang, Joe Manga, qui furent ses maîtres à penser et qui lui ont inoculé ce virus de l’amour de la Patrie, de la fraternité d’armes poussée à l’extrême, et l’esprit de sacrifice. Soldat d’élite poussant souvent le courage jusqu’à la témérité, Peulh s’est battu sur tous les théâtres d’opérations à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. Du Sinaï à Boundialoum manjack en passant par le Shaba, le Liban et j’en passe, il a vaillamment vaincu ses ennemis et protégé ses frères d’armes.

Hélas !, ce brillant soldat, symbole de courage et d’engagement patriotique est tombé sans combattre. Ce qu’aucun combattant ennemi n’a su réussir en trente-cinq ans d’affrontements sans répit, l’Avc y est parvenu. Par surprise, sournoisement, tel un lâche, il a frappé avec cruauté et n’a laissé aucune chance à notre frère d’armes.

Il nous a ravi le meilleur d’entre nous.
Il nous a arraché celui qui giflait les oiseaux dans les airs et parlait à l’Archange Saint Michel là-haut dans les cieux.

Il a fait taire à jamais la belle et grande gueule des paras…
Non ! Je ne te pleurerai pas Momar ; j’en laisserai le soin à ta veuve dévastée, à Assane et à Cheikh qui perpétueront ton nom à jamais ; à la hiérarchie militaire qui sait ce qu’elle te doit et aux populations de Thiaroye éplorées.

Non !, je ne psalmodierai ni versets ni psaumes pour toi Momar ; j’en laisserai le soin à plus habilité.

Oui !, je joindrai ma voix à celle de tous les paras du monde, et à la tienne d’outre-tombe pour prier Saint-Michel comme nous l’avons toujours fait :
«Ô Saint Michel, Ange des guerriers,
Arme nos cœurs de sainte audace ;
Arrache-nous des camps peureux ;
Laisse-nous résolus et fiers ;
Sangle nos chairs dans les cuirasses.»
Par Saint-Michel, vivent les Paras

Colonel Serigne NDAO
Docteur en droit
Ancien de la 1ère et de la 2ème Cie Paras