A l’Ugb, plusieurs meurtres, zéro punition : quand la Justice est muette, l’injustice crie

Une année s’est déjà écoulée depuis les tragiques disparitions de nos camarades étudiants Alpha Yoro Tounkara et Prospère Clédor Senghor, abattus avec froideur et lâcheté par des Forces de défense et de sécurité impitoyables, faisant couler beaucoup d’encre parmi leurs proches. Ces matamores hideux et répugnants n’ont jamais hésité une seule seconde à ôter la vie à ces braves gens, qui se battaient avec ardeur et conviction pour ce qu’ils croyaient être leurs droits. Cela signifie que face à l’usage répressif de certains arsenaux de guerre, le gouvernement précédent n’a jamais prohibé l’utilisation abusive et irrégulière de certains armements, démontrant par la même occasion son rôle laxiste. Pire encore, ce bateau sans gouvernail est malheureusement la source de toutes nos peines.
Tels des assassins sanguinaires, tirant sans remords et à bout portant sur tous ceux qui gesticulaient, des Forces de défense et de sécurité incoercibles nous ont enlevé des êtres chers, laissant ainsi la communauté estudiantine dans la désolation. Aujourd’hui, plus que jamais, les étudiants réclament justice face à de telles atrocités commises par des Forces de l’ordre qui sont souvent les premières commanditaires du désordre. A cet endroit, on a longtemps demandé l’implication de la Justice pour élucider de tels agissements, ce qui est justifié dans la mesure où l’inviolable a été violé. L’horreur et l’injustice de tels actes rappellent l’impérieuse nécessité pour la Justice de prendre des mesures idoines.
Cependant, nous sommes témoins du regard amorphe d’un système judiciaire resté sur le carreau, marqué par la prévarication endémique et l’incapacité, par sa posture velléitaire, à faire la lumière, depuis près de sept longues années, sur l’affaire Mouhamadou Fallou Sène, nous racontant le plus souvent des carabistouilles. «Quand la Justice est muette, l’injustice crie», nous rappelle Joseph Joubert. Ce retard récurrent est plus que dommageable et en dit long. En effet, il prouve la capacité des décideurs publics à contourner le Droit avec une grande facilité. C’est dire que cet organisme n’arrive pas à bannir la main de l’Exécutif dans ses rangs. Il est affirmé que cette procrastination de la justice extirpe les plus vulnérables de leurs droits les plus absolus, engendrant ainsi une démarche arbitraire.
Les familles des victimes, perdues dans la solitude et laissées pour compte, savent que les meurtriers se sont évaporés dans la nature, sous le regard dantesque des projecteurs braqués sur le vide. Ce n’est pas une simple hypothèse, mais une réalité vérifiable que ces fugitifs, dépourvus de réflexion, orchestrent tranquillement leurs activités comme si rien d’inhabituel ne se passait. On nous parlera, comme alibi, des aides empoisonnées faites aux foyers des victimes, comme si cela pouvait remplacer la perte d’un fils. C’est un véritable maquillage pour cacher ce sentiment de culpabilité. Ce projet semble bâclé et manque cruellement de préparation et de stratégie à long terme. «Cette corruption déguisée» ou encore cette attitude de panglossisme, bornée de sens, n’honore en rien la disparition de vies aussi précieuses.
La fallacieuse et erronée loi d’amnistie reste, mine de rien, l’arbre qui cache la forêt. Cette entreprise funeste et incongrue menée par l’ancien régime entrave la possibilité d’éclaircir davantage ces séries de meurtres. Cet acte hideux fomenté pour échapper à la Justice est corollaire à une tentative d’enterrer des scènes cyniques. Cette approche semble totalement déconnectée de la réalité. Cela témoigne de la volonté flagrante de camoufler une situation alambiquée qui mériterait d’être prise en charge. Il ne fait aucun doute que pour des intellectuels capables de faire la distinction entre le bien et le mal, le juste et l’injuste, ce choix n’est pas anodin, mais démontre l’idée hypocrite et manifeste de mettre une croix sur un passé qui hante toute une communauté. Ce pandémonium n’avait pour but que dissimuler la face cachée de ces énergumènes incoercibles et de prendre en otage la vérité, qui devient de plus en plus inintelligible. Ce qui est loin d’être apodictique.
Il est grand temps d’abroger cette loi préjudiciable, au regard de la demande sociale et du nombre important de victimes durant cette sombre période. L’enjeu ici est crucial, car cela viserait à permettre à nos regrettés camarades de reposer en paix et à ce que leurs parents puissent faire leur deuil convenablement. Il est nécessaire de dénoncer à la communauté, sans subterfuges et sans faux-fuyants, la responsabilité du mal qui demeure profonde. Cependant, les autorités s’entêtent indubitablement à prendre le contre-pied de la vérité. A cela s’ajoutent le nombre incalculable de blessés et les ravages engendrés par ces drames parmi les Sénégalais. Ces derniers, comme si de rien n’était, vivent avec les séquelles de leur opposition avec les Forces de l’ordre, sans aucune prise en charge médicale. Loin d’être vindicatifs, ces regrettables événements continuent de traumatiser les plus faibles d’entre nous. Même si l’on note une réelle volonté des autorités actuelles à poser des actes allant dans le sens de diligenter la question, c’est une initiative louable qui mérite d’être soulignée.
Par ailleurs, aucune raison, aucun motif ne saurait justifier de tels crimes qui portent atteinte à l’essence même de la vie humaine. Notre vie en société est arrivée à un stade où ces fondements doivent être réévalués. L’Etat a la lourde responsabilité d’éclairer ces lanternes.
Alioune GUEYE – Etudiant Master Science
politique UGB