Pour avoir suivi attentivement l’émission de la 2Stv du dimanche 25 février 2018 «Cartes sur table», puis avoir réécouter à plusieurs reprises la déclaration de Aly Ngouille Ndiaye, j’ai été très surpris par les réactions de l’opposition qui a voué aux gémonies le locataire de la place Washington en exigeant sa démission, en le traitant de tous les noms d’oiseaux. Les attaques dont ce dernier fait l’objet, sont injustes et injustifiées. Au juste, qu’est-ce que Aly Ngouille Ndiaye a dit et qui mérite qu’il soit cloué au pilori ?: «Moi, en tant que responsable politique de l’Apr, je vais faire inscrire, c’est-à-dire demander à mes militants et sympathisants d’aller s’inscrire sur les listes électorales à temps, puis retirer leur carte d’électeur, pour pouvoir voter le jour du scrutin.» Une telle déclaration qui a duré à peine 40 secondes, pour une émission de plus d’une heure et demie d’horloge, mérite-t-elle tant d’agitation fébrile et politicienne? Assurément non !
Au contraire, Aly Ngouille Ndiaye devait être chaleureusement félicité pour son honnêteté intellectuelle. Quel est l’homme politique, ministre ou pas, qui n’incite pas ses militants et sympathisants à aller s’inscrire sur les listes électorales, lorsque la période de révision des listes est ouverte ; qui ne les encourage pas à aller retirer leur carte d’électeur pour pouvoir voter le jour du scrutin ? Quel est l’homme politique, ministre ou pas, qui n’est pas devant sa calculette ou son ordinateur, en compagnie de son état-major électoral, pour faire le décompte des voix, pour n’importe quel scrutin, à plus forte raison pour une élection présidentielle dont les enjeux n’échappent à personne ?
Tous les acteurs politiques devraient se réjouir de la substance de la déclaration de Aly Ngouille Ndiaye qui est éminemment républicaine et riche en informations. Après avoir annoncé les différentes phases du processus électoral, le Mint a donné des assurances que toutes les cartes d’électeurs seront éditées à temps, qu’elles seront disponibles dans les différentes commissions administratives, au niveau national comme dans la diaspora. En conséquence, il a invité les Sénégalais à ne pas attendre le dernier moment pour aller retirer leur carte, ce qui crée des encombrements dans les centres de distribution. Au contraire, il a convié ses compatriotes à aller retirer leur carte le plus tôt possible, afin que le scrutin puisse se dérouler dans le calme et la trans­parence.
Aly Ngouille Ndiaye a fait preuve de très grande hauteur de vue sur les questions électorales dans sa déclaration. Pour quelqu’un qui vient juste d’arriver dans un département ministériel comme celui de l’Intérieur, la parfaite maîtrise des dossiers dont il a fait preuve durant cette émission interactive, mérite d’être saluée et encouragée. L’opposition est dans son droit de le récuser. Lui-même l’a réaffirmé au cours de l’émission. Mieux, lorsque la majorité a eu à suspendre un moment sa participation à la concertation, parce qu’elle n’était pas d’accord sur le fait que le ministre de l’Intérieur soit récusé, c’est lui-même qui a appelé le plénipotentiaire Benoît Sambou, en de­mandant à la majorité de revenir à la table de concertation, en lui faisant observer que l’opposition et les non-alignés avaient parfaitement le droit de le récuser. Il faut simplement consigner dans le procès- verbal les positions des uns et des autres sur cette question et avancer.
Le boycott de la concertation sur le processus électoral par l’opposition regroupée dans l’Initiative pour des élections démocratiques (Ied) est absolument indéfendable parce qu’elle est antirépublicaine. Tous les acteurs politiques qui avaient pris part aux élections législatives du 30 juillet 2017, devaient se retrouver autour de la table de concertation pour procéder à une évaluation collective du scrutin, pour pouvoir corriger et rectifier tout ce qui pouvait et devait l’être avant la Présidentielle 2019. C’est pourquoi, le premier acte qui a été posé dans le cadre du Ccpe (Cadre de concertation sur le processus électoral) tenu du 12 décembre 2017 au 2 février 2018, c’était de demander aux différents pôles (majorité, opposition et non-alignés) de consigner dans un document écrit, tous les manquements, irrégularités et griefs qui ont émaillé le processus, à toutes les étapes de la chaîne des opérations électorales. C’est la synthèse remarquable de toutes les évaluations qui ont été faites, qui a été condensée dans les Tdr (Termes de références) en 8 grands points : thème 1 : évaluation du processus de refonte partielle des listes électorales ; thème 2 : audit du fichier électoral ; thème 3 : conditions de participation à l’élection présidentielle (caution, bulletin unique et parrainage); thème 4 : proposition de précision sur certaines dispositions légales ou constitutionnelles (le mandat présidentiel, certains articles du code électoral, par exemple) ; thème 5 : personnalité / autorité ou organe consensuel devant conduire le processus électoral ; thème 6 : place de la cena et du cnra dans le processus électoral ; thème 7 : organisation des élections locales, notamment les modes d’élections thème 8 : rationalisation des partis politiques et des candidatures / financement des partis politiques, et statut de l’opposition ainsi que du chef de l’opposition.
Comme on peut le constater, tous les griefs de l’Ied contre les Législatives du 30 juillet 2017 sont contenus dans ces Tdr. Son cheval de bataille que constitue la personnalité ou l’organe chargé d’organiser les élections est bel et bien posé dans le 5ème thème. C’est dire que l’opposition n’a absolument rien à dire, car elle est très mal placée pour donner des leçons de démocratie au pouvoir en place.
Au lieu de tourner le dos aux concertations, elle aurait gagné à venir à la table de discussions pour échanger avec ses homologues des autres partis, pour trouver des solutions consensuelles aux problèmes qui interpellent tous les acteurs du jeu électoral, qui ont la même dignité politique. L’Ied est certes composée de partis majeurs de la scène politique, mais cela ne lui donne pas le droit de déserter le dialogue avec les autres acteurs politiques, en surestimant ses forces, en se bombant le torse et en engageant un bras de fer contre le régime en place, en foulant aux pieds les lois et règlements qui régissent le fonctionnement des institutions de la République. C’est s’illusionner que de penser qu’on peut prendre au collet le pouvoir, lui tordre la main et lui imposer un ministre de l’Intérieur dit «neutre» ou «apolitique». L’opposition doit absolument se convaincre du fait que l’acte de nomination aux fonctions ministérielles est du ressort exclusif du chef de l’Etat, à qui la Charte fondamentale de notre pays donne cette prérogative.
La riche expérience électorale de notre pays le prouve amplement. De 1960 qui a vu le premier ministre de l’Intérieur en la personne de Me Valdiodio Ndiaye à aujourd’hui avec Aly Ngouille Ndiaye en 2018, soit 58 ans, notre pays a connu 27 ministres de l’Intérieur dont 3 Généraux d’Armée : Général lamine Cissé (1997-2000, sous le magistère du Président Abdou Diouf) ; Général Mamadou Niang (2000-2002, sous le magistère du Président Abdoulaye Wade) et Général Pathé Seck (2012- 2013, sous le magistère du Président Macky Sall). Monsieur Cheikh Guèye, Inspecteur d’Etat, ancien Directeur général des élections (Dge), a assumé les fonctions de ministre en charge des élections de 2011 à 2012, (sous le magistère du Président Wade), mais c’est Me Ousmane Ngom qui assurait la fonction de ministre de l’Intérieur.
Il convient de féliciter l’ensemble des acteurs politiques qui ont pris part au Ccpe, pour leur engagement patriotique au service de la Nation, pour permettre à notre démocratie d’aller de l’avant. Dans l’ensemble, les travaux se sont bien déroulés, dans un formidable élan de dépassement et de recherche sincère des solutions aux problèmes qui interpellent les acteurs politiques. Il ressort du Rapport général des travaux du Ccpe (Décembre 2017-Février 2018), que sur les points et sous points discutés, le bilan se présente ainsi : 3 (trois) points d’accord ; 5 (cinq) points de convergence ; 2 (deux) points de divergence ; 5 (cinq) points de désaccord et 7(sept) recommandations.
En plus des acteurs politiques, il y a lieu de féliciter les acteurs institutionnels, le Mint en général, en commençant par le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye et l’ensemble de ses collaborateurs. La Dge en particulier, et son directeur M. Thiendella Fall et toute son équipe, ont déployé des efforts considérables et ont fait preuve d’une grande disponibilité qui a permis au Ccpe de travailler dans de bonnes conditions. C’est ici le lieu de déplorer les accusations injustes et non fondées, proférées par certains leaders de l’opposition regroupée dans Ied, à l’encontre du directeur de la Dge, monsieur Fall. Ce dernier, comme du reste les autres techniciens du Mint, doivent être tenus à l’écart du débat entre les hommes politiques. Ce sont des fonctionnaires qui ont un sens élevé de l’esprit républicain et dont l’expertise avérée est sollicitée dans de nombreux pays d’Afrique. Ils ont été la cheville ouvrière dans l’organisation des deux scrutins qui ont conduit à deux alternances politiques, pacifiques et démocratiques (2000 et 2012).
Une mention spéciale doit être décernée à son excellence l’ambassadeur Seydou Nourou Bâ, président du Ccpe, pour la grande compétence et l’efficacité dont il a fait preuve tout le long des travaux. Malgré les passions qui ont émaillé parfois les discussions, il a toujours trouvé les mots justes pour faire baisser la tension, grâce à son talent de fin diplomate rompu à la négociation.
S’agissant de l’audit du fichier électoral, le bilan est très positif, comme le révèle le Rapport de la mission d’audit du fichier électoral Sénégal 2018. (Dakar, 26 février 2018). Il ressort de ce rapport que notre fichier électoral est fiable à 98%, et ne comporte qu’un taux d’erreur compris entre 1,241% et 1,989%. En conséquence dit le rapport : «Nous pouvons déclarer que le fichier, quoique perfectible, est cohérent, de bonne qualité et constitue une base solide pour l’organisation de prochaines élections.» (P. 84)
En définitive, on peut affirmer sans risque de se tromper que les travaux du Ccpe tout comme l’audit du fichier par les experts internationaux, ont été couronnés de succès. Par-delà les aspects statistiques, le plus important c’était que les acteurs politiques puissent dialoguer, se parler, échanger leurs expériences dans la convivialité et le respect mutuel. Il ne fait l’ombre d’aucun doute, que cet objectif a été largement atteint, et c’est à l’honneur de tous les participants au Ccpe et du Peuple sénégalais qui avait placé beaucoup d’espoir dans ce dialogue entre les acteurs du jeu politique.
En tout état de cause, des pas très importants viennent d’être franchis avec la publication de ces deux rapports qui attestent que notre processus électoral est absolument fiable, malgré les gesticulations d’une certaine opposition qui refuse de voir la réalité en face et qui fait une fuite en avant en se cachant derrière son petit doigt. C’est parce qu’elle est persuadée qu’elle a perdu d’avance la prochaine élection présidentielle 2019 et qu’elle sera battue à plate couture par la coalition Bby, grâce au bilan positif du Président Macky Sall dans tous les domaines de la vie économique, politique, sociale et culturelle, que cette opposition qui rumine encore sa défaite à la dernière Présidentielle 2012 et qui rêve de revenir rapidement au pouvoir, fait feu de tout bois et cherche coûte que coûte à créer une situation insurrectionnelle dans notre pays avant la Présidentielle 2019. C’est peine perdue puisque le Peuple sénégalais lui a définitivement tourné le dos.
Ousmane BADIANE
Chargé des Elections de la LD
Plénipotentiaire de la Majorité au Ccpe