Partout, dans le monde, on observe, de plus en plus, la prolifération de forces politiques, qui ne vivent et ne s’épanouissent que dans la discorde nationale, les tensions régionales (et internationales), la promotion d’antivaleurs et la diffusion d’infox ou fake-news.

L’Essor de la «criminalité politique»
Un de leurs représentants attitrés est le bouffon de la Maison Blanche, malheureusement réélu en novembre 2024, connu pour son caractère fantasque, une calamité pire qu’un éléphant avec sa trompe, dans un magasin de porcelaine.
L’autre fléau planétaire, caractéristique de cette nouvelle race de politiciens, se trouve actuellement être le Premier ministre israélien, corrompu notoire, porteur d’une idéologie génocidaire, criminel politique en cavale et massacreur d’enfants devant l’Eternel, qui vient de fouler aux pieds les règles élémentaires du Droit international, en agressant la République d’Iran.
Ces forces maléfiques sont aussi à l’œuvre sur notre continent et dans notre sous-région, où elles sponsorisent des mercenaires terroristes, dans le but évident d’empêcher l’émancipation économique, sociale et politique de nos Nations et ce d’autant que leur fameux modèle démocratique, qu’ils cherchent à nous imposer, se confond plus que jamais avec haine, exclusion, agression et …génocide.

Nécessité d’édifier l’armée politique de la transformation
L’avènement du pouvoir pastéfien intervient donc, dans un contexte international des plus sinistres, où la vieille Europe et ses mentors d’outre-Atlantique semblent vouloir réhabiliter des idéologies aux relents ségrégationnistes voire fascistes, contre les migrants et les minorités ou dans des conflits en Ukraine, au Sahel ou à Gaza.
C’est pourtant sur cette lugubre vague que semblent vouloir surfer certains opposants sénégalais, inféodés aux puissances occidentales, héritiers des tueurs d’enfants, des délinquants à col blanc, qui s’exercent à faire preuve de malfaisance contre les aspirations populaires, en sabordant toutes les entreprises de redressement entreprises par les nouvelles autorités. Face à ses contradicteurs dont le jeu favori consiste à prendre systématiquement le contrepied de toutes leurs initiatives, le nouveau régime pastéfien semble compter -non sur la mobilisation populaire ou la force organisée des masses-, mais sur les mêmes béquilles dont ont usé les précédents pouvoirs. Il s’agit notamment de l’hyper-présidentialisme tronqué par le déplacement du centre de gravité de l’Exécutif vers la Primature, de la vassalisation du Parlement, par le maintien du même mode de scrutin inique et de la judiciarisation du débat politique, au lieu de s’atteler à l’édification de l’armée politique de la transformation systémique.

Limites de la démarche technocratique
Il est tout à fait paradoxal que le nouveau régime, qui a accédé au pouvoir, en faisant preuve de défiance vis-à-vis de l’ordre néocolonial établi, en vigueur dans nos pays depuis plus de six décennies, cherche à se maintenir au pouvoir, sans fondamentalement remettre en cause la même armature institutionnelle, héritée des précédents régimes. En effet, la Constitution wadienne de 2001, d’essence monarchique, truffée de dispositions liberticides, reste toujours en vigueur, malgré quelques retouches cosmétiques, lors du référendum du 20 mars 2016 organisé par Macky Sall.
En lieu et place d’une nouvelle Constitution de rupture, censée acter la fin de l’ancien système politique hérité de la colonisation, nous n’avons, pour le moment, eu droit, lors du récent dialogue politique, qu’à des réaménagements du système électoral, laissant de côté les questions institutionnelles et celles portant sur les droits et libertés.
La gestion gouvernementale continue de miser sur l’approche technocratique avec une perpétuation du modèle des unités de mise en œuvre (delivery units), déjà utilisé par le pouvoir de Macky Sall et dont l’inventeur n’est autre que Tony Blair.
Sans jeter le bébé avec l’eau du bain, dans la mesure où tout n’est pas mauvais dans ce concept des delivery units, force est de constater que son soubassement est électoraliste, car conçu, au départ, pour matérialiser des engagements électoraux.
Il s’agit d’une approche technocratique, mettant le focus sur l’expertise et l’efficience dans la mise en œuvre des politiques.
Le point faible de ces mécanismes et outils managériaux, est leur déficit de légitimité, leur caractère élitiste et le fait qu’ils ne prennent pas suffisamment en compte nos réalités socio-économiques et culturelles. Il ne s’agit, au fond, que de gadgets électoraux dans le cadre d’une démocratie représentative, qui a fini de montrer ses limites, en permettant l’accession au pouvoir des forces les plus obscures et rétrogrades de la planète.

Nécessité d’un contrôle populaire permanent
Il est vrai que la démocratie représentative sert surtout à perpétuer le pouvoir des classes possédantes, en permettant aux masses populaires de participer, un tant soit peu, à la vie publique, sans remettre en cause le système d’exploitation capitaliste.
Néanmoins, elle peut servir de levier pour une transformation sociale progressiste au profit du pPeuple tout entier.
Mais tout le monde constate la désaffection dont souffre le modèle démocratique de type occidental avec une hausse vertigineuse des taux d’abstention, les possibilités de manipulation électorale par la désinformation et une utilisation malveillante des réseaux sociaux. On ne peut occulter la part belle faite aux forces d’argent avec leurs lobbies et groupes de pression au détriment des couches populaires désarmées et invisibilisées.
Tout cela aboutit à un divorce flagrant entre électeurs et élus, entre élites et masses populaires, induisant un problème de représentativité, d’essor du populisme, voire de confrontations violentes entre groupes sociaux (exemple de l’assaut du Capitole).
Dans la plupart des pays africains, l’appareil d’Etat est, jusque-là, pris en otage par des fondés de pouvoir du Capital international. La seule manière d’inverser la tendance est de miser sur l’implication accrue des citoyens dans les processus décisionnels, par le biais de la démocratie participative.
Il s’agit de promouvoir des dynamiques participatives dont la finalité sera d’aboutir à une co-construction des politiques et à une reddition des comptes pouvant induire des sanctions (destitution, poursuites pénales) et même la révocation d’élus, y compris un impeachment présidentiel.

Transformation systémique et démocratie participative
En réalité, un régime désireux de se mettre au service des masses populaires n’a pas d’autre alternative que de promouvoir la démocratie participative qui, en même temps qu’elle facilite la redevabilité, atténue les effets pervers de l’approche élitiste/technocratique.
Les récentes bisbilles observées au Parlement, entre membres du Pastef, qui en constituent pourtant l’écrasante majorité, sont là pour illustrer les insuffisances de la démocratie parlementaire qui conduit très souvent à une déconnexion entre élus et électeurs, et à la primauté accordée aux intérêts égoïstes sur ceux collectifs. Les premiers mois de mise en œuvre du processus de transformation montrent, à suffisance, la complexité des problèmes, auxquels nos Etats sont confrontés et la nécessité, au-delà des cadres institutionnels traditionnels, d’en arriver à un diagnostic partagé des défis devant déboucher sur une prise de conscience collective.
C’est pour cette raison que les Assises nationales du Sénégal (Ans) préconisaient la consolidation/institutionnalisation de la démocratie participative dont elles constituaient un exemple emblématique, du fait de leur caractère ouvert et inclusif. Elles pointaient également du doigt la nécessité de rendre effective la participation citoyenne dans la gestion des affaires publiques.
Elles recommandaient le renforcement du contrôle citoyen et de la redevabilité par la systématisation des budgets participatifs au niveau des collectivités locales et le suivi-évaluation des politiques publiques par les citoyens. L’objectif est de passer d’une démocratie purement représentative à une forme où le citoyen est au cœur du processus de gestion des politiques publiques.
Elles prônaient également la planification participative, la transparence ainsi que la garantie du droit d’accès à l’information, la promotion d’une nouvelle citoyenneté et d’une éthique du bien commun.

Pas de progrès social sans respect des droits et libertés !
La nouvelle République de l’antisystème, appelée à se substituer à celle de l’Etat néocolonial prédateur et autoritaire, ne saurait prospérer sans le respect scrupuleux des droits et libertés de chaque citoyen, comme indiqué dans la Charte de gouvernance démocratique des Assises nationales. Les droits dont il est question englobent non seulement les droits civils et politiques, mais aussi ceux économiques, sociaux et culturels. Il faut saluer les avancées concernant l’institution d’un Juge des Libertés ainsi que la transformation du Conseil en Cour constitutionnelle.
Néanmoins, il faut aller plus loin, en éradiquant aussi bien les dispositions liberticides, c’est-à-dire les lois ou pratiques administratives entravant l’exercice des libertés (articles 80, 254, arrêté Ousmane Ngom…), que les séquelles de l’idéologie «carcérale» au sein de larges pans de la Magistrature et des Forces de défense et de sécurité.
Le contentieux persistant entre le nouveau régime Pastef et le quatrième pouvoir fait tâche, au vu des ambitions de libération humaine que porte le camp patriotique, qui se doit de réguler la liberté de la presse dans le respect d’une pluralité médiatique. Le pouvoir Pastef doit intensifier ses efforts pour le respect des droits économiques et sociaux, comme les droits à l’éducation, à la santé et à la protection sociale, y compris pour les couches vulnérables (enfants, femmes, handicapés, etc.).
Enfin, une refondation institutionnelle est incontournable pour mettre fin à l’hyper-présidentialisme et en arriver à un équilibre ainsi qu’à une véritable séparation des pouvoirs.
Malgré les actes forts posés par le duo Diomaye-Sonko dans le sens de la transformation systémique, une cacophonie règne dans l’arène politique sénégalaise. Des opposants dont certains ont écrit, en complicité avec le Président Macky Sall, les plus sombres pages de l’histoire politique de notre pays, veulent se métamorphoser en moralistes pour donner des leçons de démocratie et de bonne gouvernance.
Face à cette contre-offensive des forces rétrogrades, adeptes de la régression sociale, le camp patriotique se laisse souvent divertir par des épiphénomènes, au lieu de se concentrer sur l’essentiel, à savoir la refondation institutionnelle, condition sine qua non de la réussite de la transformation systémique, dans le cadre d’une nouvelle République à inventer !
Nioxor TINE
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