Dans une communauté humaine, surviennent souvent des évènements qui engendrent une perception confuse, de la compréhension versatile à travers une opinion publique et une fausse appréciation des phénomènes. Le système judiciaire est souvent mal perçu et la loi ignorée dans son essence. Il est important de savoir que la vocation d’un juge n’est ni de condamner ni de libérer une personne. Sa vocation est de protéger les droits et libertés des personnes conformément aux lois en vigueur. Il n’est le bras de personne. Le juge dit strictement ce qu’est le droit par sa décision. Celle-ci est dotée de l’autorité de la chose jugée. Le juge peut même être poursuivi comme coupable de déni de justice.

Au Sénégal, les juges ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi dans l’exercice de leurs fonctions. Le juge n’est pas au-dessus de la loi, il est jugé en cas de faute disciplinaire par le Conseil supérieur de la magistrature. Le pouvoir judiciaire est gardien des droits et libertés. Notre organisation judiciaire, par son hiérarchisation, garantit les droits des personnes ; les décisions sont susceptibles d’appel. C’est la loi qui condamne, c’est la loi qui libère. En approfondissant la réflexion philosophique du droit, je peux me permettre de dire qu’aucun détenu n’a été jeté en prison par un juge ; aucun détenu n’a été libéré par un juge.

La République garantit à tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales, les droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs. C’est ainsi que le président de la République, conformément à la Constitution est responsable de la défense nationale et de la sureté. Un bon juge doit éviter d’écouter l’opinion publique qui est tantôt intuitive, tantôt mécanique et erronée capable de mettre en péril l’Etat de droit par son discours. Il doit être cultivé, intelligent, capable de traiter des complexités avec courage et impartialité. Il doit être indifférent des pressions médiatiques ou religieuses, dire le droit en toute sérénité sans trahir sa mission.

La justice garantit l’équilibre de la société. C’est elle qui fonde les institutions et garantit toutes les libertés. Dans un régime démocratique avancé, les citoyens sont tenus de se soumettre aux décisions de justice. Il faut presque un siècle pour rétablir les équilibres lorsque les institutions s’effondrent. Il n’y a pas de République sans institutions. C’est pour cela que le système judiciaire doit impérativement être doté de moyens modernes pour que les missions soient bien remplies par les magistrats. Ce juge, doté d’une conscience démocratique, est obligé de dire le droit avec responsabilité au nom du Peuple. Bertrand Louves, dans «les cahiers de la justice 2016», disait : «Dans le quotidien de votre action, il vous faudra demeurer à l’écoute des réalités pour offrir à tous la garantie d’un accueil équilibré, à égale distance des intérêts en présence, en chassant toute forme de préjugé construit ou spontané de votre esprit, en ayant à cœur de diriger les débats avec une fermeté toujours proportionnée et respectueuse des personnes, et avec le souci constant de la primauté du droit.»
Alpha YOUM
Spécialiste de Gestion publique et Droit social